Article mis à jour le 31 décembre 2022 à 13:15
Sorti en salles le 13 novembre 2019, Rendre la justice est un documentaire diffusé sur France 2 (disponible en DVD et jusqu’au 15 septembre seulement en replay). Réalisé par Robert Salis, il met en lumière les magistrats, ces hommes et femmes qui composent la justice française, à travers des témoignages passionnants.
Rendre la justice – Le Synopsis
Plongée au cœur de la justice française, au plus près de ceux qui la font : les magistrats. Le réalisateur est allé à la rencontre de juges qui parlent de leur métier, de leur approche. Bien conscients qu’il se joue le plus souvent dans les salles d’audience des drames humains, ils expliquent ainsi comment, malgré leur fatigue, la lourdeur des démarches, ils doivent parvenir à accepter leurs émotions afin de pouvoir les surmonter.
Qu’est-ce que la justice ?
Chacun des magistrats présents dans ce documentaire commence par donner sa propre définition de la justice.
Pour André Potocki, juge français à la Cour Européenne des Droits de l’Homme, « la justice fait peur » car c’est « une grosse machine devant laquelle on vient dans des circonstances toujours difficiles […] qui peut tout d’un coup briser une vie ». Il poursuit : « c’est un traitement complexe d’affaires complexes, la rencontre assez rugueuse entre des sensibilités qui accompagnent des sensibilités qui accompagnent des problèmes individuels, souvent douloureux, et une grosse machine qui est destinée à les traiter ».
Pour Fabienne Siredey-Garnier, Présidente de Chambre Correctionnelle au TGI de Paris, « la justice peut vous broyer ». Elle avoue également que « la justice a parfois du mal à faire le ménage au sein de ses rangs ». Elle ne trouve pas normal que certains jugent dépassent les limites sans être inquiétés.
Emmanuelle Perreux, Directrice des Etudes à l’Ecole Nationale de la Magistrature, « la Justice est une institution et une valeur ». Pour elle, « tout le monde doit être traité de la même façon ».
Fabienne Siredey-Garnier confie « la justice a vocation à être appliquée de la même manière sur l’ensemble du territoire, mais mon expérience personnelle me montre que ce n’est, à l’évidence, pas le cas. Je ne peux garantir à personne qu’il sera jugé de la même manière à Paris, à Perpignan, à Lyon… Théoriquement, la loi est la même pour tous […] mais la décision du juge n’est pas la même ».
François Molins, Procureur Général près de la Cour de Cassation, explique que « la vraie justice c’est celle qui arrive à prendre en compte et assurer un équilibre entre l’application de la règle de droits et la situation d’équité ». Et c’est là « toute la difficulté du travail de magistrat ».
Le statut du juge et le besoin de l’humaniser
Selon François Molins, le magistrat a un « devoir de loyauté » et il se doit d’avoir deux qualités principales : l’humilité et l’humanité.
Etienne Madranges, avocat général à la Cour de Paris affirme « le juge répond à une violence illicite par une violence légale et il doit statuer et donner toujours raison à l’un contre l’autre ».
Pour Alain Potocki, « la meilleure astuce pour le juge est de toujours avoir conscience de cette force sans brusquer ». Il déclare « il est difficile de juger des hommes et des femmes, je n’ai jamais jugé mes semblables mais des comportements ». Pour lui, un humain n’est pas en mesure de juger un autre humain.
Jean-Paul Besson, Premier-vice président au TGI de Paris met en avant l’avantage de la robe car elle permet de dépersonnaliser le magistrat. Il confie « sur la responsabilité du magistrat, la personnalisation n’est pas toujours une bonne chose ».
Fabienne Siredey-Garnier tient à préciser que « tout le monde peut être justiciable » et que, de ce fait, « nous devons juger comme nous aimerions être jugés ».
La peur de se tromper
Gwenola Joly-Coz déclare « nous voyons au quotidien du conflit, de la violence ». Un quotidien, fait d’émotions, souvent difficile à vivre mais qu’il est important de surmonter.
Anne Caron-Déglise, Présidente de la Chambre de la Protection des Personnes à la Cour d’Appel de Versailles soulève la question des libertés individuelles. Elle revient sur le paradoxe entre la demande de sécurité forte et la volonté pour tout un chacun de conserver ses libertés individuelles. Elle dit « nos concitoyens ont le sentiment qu’aller en justice, c’est de la loterie » et met l’accent sur l’écart entre l’espoir et la réalité.
Bruno Cotte, juge à la Cour pénale internationale ajoute « il est difficile de bien juger, nous ne sommes pas là pour avoir de la pitié ».
Au cours du documentaire, plusieurs magistrats reviennent sur des affaires qui ont pu les bouleverser et les difficultés à surmonter leurs émotions. Certains dévoilent même avoir vécu un sentiment de culpabilité ou être animé par la peur de s’être trompé. À ce propos, Olivier Leurent, Directeur de l’Ecole Nationale de la Magistrature déclare « le cauchemar d’un juge est de commettre une injustice » et qu’il doit « tout faire pour éviter de se tromper ».
François Molins confie : « on peut avoir des angoisses, des inquiétudes, c’est normal d’avoir des émotions, c’est normal d’être choqué, d’être sensible ».
Pourquoi la rédaction vous le conseille ?
« Il faudrait, autant que possible, éviter de passer devant la justice ». Cette phrase, prononcée par Alain Potocki dans ce documentaire, pourrait bien le résumer. Les magistrats, se confient face caméra et pointent du doigt les différents problèmes de la justice mais montrent aussi que ce sont des humains comme les autres.
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