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Service National Universel en Cerdagne pour 150 jeunes d’Île-de-France

À la rencontre des jeunes en stage de cohésion SNU dans les Pyrénées-Orientales

Article mis à jour le 10 novembre 2023 à 10:26

Ce 1er mars, 150 jeunes achèvent leur Service National Universel dans les montagnes catalanes. Durant douze jours, les Pyrénées-Orientales accueillaient ces jeunes volontaires venus de cinq départements d’Île de France. Dans le même temps, les jeunes engagés catalans réalisaient leur stage de cohésion dans Paris ou en Région Parisienne. Avant une probable généralisation du dispositif à toute une classe d’âge, nous avons passé la journée à Err et Mont-Louis avec ces jeunes en stage de cohésion SNU.

Ce mercredi froid de début mars, Louna, Sophie, Antoine ou Abhy étaient attendus par le Colonel Ponsot, du Centre National d’Entraînement Commando (CNEC) de Mont-Louis. Certains sont venus pour avoir un avant-goût de leur futur métier (armée, pompier, santé…), d’autres fortement encouragés par leurs proches. Mais au final, et à deux jours de la fin du stage de cohésion, aucun des jeunes que nous avons questionnés ne regrette le réveil aux aurores, la randonnée en raquettes, ou l’uniforme bleu marine.

Réveil à 6h30 et levée des couleurs !

Ici, ça rigole zéro ! Les jeunes ne passent pas leur journée sur la Playstation, devant Netflix ou le nez rivé sur leur portable. Non, à Latour-de-Carol, les 150 jeunes ont intégré une des quatre compagnies baptisées du nom des pics catalans, Canigou, Puigmal, Carlit, et Madres. Les cadres de compagnie, ou les tuteurs répètent à l’envi : «enlevez vos capuches ! Sortez vos mains des poches !»

Si certains ont un peu de mal avec le réveil matinal, étonnamment, l’autorité dans le discours ne semble guère poser de problème. Quand on les questionne sur ce point, ils rétorquent en chœur, «non, ça va. On est quand même dans un cadre militaire, c’est normal. D’ailleurs, ma compagnie est celle qui est le mieux rangée le matin.» Car oui, entre eux, Laura, Mathieu ou Sophie se challengent, jusqu’à savoir qui chantera La Marseillaise le plus fort.

De l’avant-goût d’un métier aux rencontres qui marquent

Sophie ou Laura ont une idée très précise du métier qu’elles veulent faire plus tard : la première veut devenir infirmière dans l’armée, la seconde entend devenir pilote de chasse. Un métier ouvert aux candidates depuis peu. Et c’est justement ce qui motive Laura 16 ans.

«Je trouve valorisant de faire un métier peu courant pour les femmes. Je veux faire partie de ces femmes qui s’inscrivent dans des choses typiquement masculines.»

Au contraire, Louna ou Abhy n’imaginent pas leur futur dans les rangs de l’armée. La première veut faire du droit, la seconde préfère voir son avenir en dessinatrice de mangas ou photographe. Et si Louna est venue en stage de cohésion parce que cela avait l’air drôle, Abhy est dans les Pyrénées-Orientales sur l’insistance de sa mère. «Elle m’a dit, vas-y ça va te faire du bien. J’avoue que je préfère me lever à midi plutôt qu’à 6 heures, mais bon, c’est vrai que j’ai fait de chouettes rencontres. Je me dis qu’elle a bien fait de m’inscrire.»

Quant aux activités, Antoine ou Mathieu ont tout aimé ! «On a rencontré des gens qu’on n’aurait pas connus autrement. J’ai visité des lieux que n’aurai jamais vu autrement.» Mathieu d’insister, «au lieu d’être chez moi devant la Playstation, c’est la première fois que je viens à la montagne en hiver et que je vois autant de neige. Du coup, c’est trop cool !»

De la fonction d’élu à la rusticité du militaire de carrière

 «Faire vivre les valeurs et les principes républicains» est l’un des objectifs du service national universel. C’était aussi le message transmis par Isidore Peyrato, maire d’Err. Élu maire depuis 2020, il a tenté de transmettre son goût pour la chose publique, et son engagement au service de ses concitoyens. «Pour moi, c’est important de parler de ma fonction d’élu.» Le maire, se remémore aussi son propre parcours. «Personnellement j’ai fait mon service militaire ici à Mont-Louis. Et je me souviens de cette épreuve qui a finalement été formatrice et positive pour moi. Après, c’est vrai que le service national actuel ne dure que 10 jours.»

Quant à Jackie, 78 ans, il pourrait profiter d’une retraite bien méritée ; pourtant il a choisi de jouer le rôle de chef de centre. Pourquoi ? «Je vais cela par défi idéologique. Je pense que l’encadrement de la jeunesse est la plus belle expression que j’ai trouvée dans ma vie. J’ai démarré ma carrière comme enseignant, et j’ai fini comme consul de France à l’étranger.» Et quel est son retour sur cette promotion dont la marraine n’est autre Delphine Boyrie, directrice de cabinet du Préfet des Pyrénées-Orientales ? «Quand les jeunes veulent savoir quelque chose, ils te demandent ouvertement. Ils sont extrêmement demandeurs d’information précise et concrète.» 

Avant de passer aux choses sérieuses au CNEC de Mont-Louis, le Colonel Ponsot présente l’armée de terre, les effectifs, les missions et décline son parcours ; la Yougoslavie, la Macédoine, l’Afghanistan. Après plus de 35 ans sous les drapeaux, le Colonel devrait bientôt raccrocher les rangers et réintégrer la vie civile ; en attendant, il n’élude aucune question. Le militaire qui ne boude pas son plaisir à l’idée de transmettre sa passion du terrain rappelle qu’au-delà des qualités physiques, un militaire doit savoir vivre dans des conditions de «rusticité» et avoir une certaine intelligence de situation. Le colonel d’éclaircir : «La rusticité, c’est vivre dans des conditions difficiles avec pas grand-chose, avoir soif, avoir froid et savoir comment s’en sortir. Tout ce que vous ne faites pas, parce que vous passez votre temps sur vos portables. Vous verrez tout à l’heure quand vous allez vous cailler les pieds avec vos chaussures de première communion.» 

Vers une généralisation à tous les Français de 15 à 17 ans ?

Jusque-là, le volontariat est dans l’ADN de ce dispositif. Or, la génération du service national universel serait actée au plus haut niveau. Questionnés sur ce point, jeunes comme encadrants s’interrogent. Pour les jeunes, «si ça devient obligatoire, ça ira à l’encontre des valeurs du SNU. Si on oblige les jeunes à le faire, ça pourrait être négatif pour eux, mais aussi pour le groupe, ils mettront une mauvaise ambiance.» Du côté de l’encadrement, on prévient qu’il va falloir revoir l’organisation. Pour Guillaume Stoecklin, chef du Service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (SDEJS) des Pyrénées-Orientales, il faudra prévoir des encadrants aguerris pour gérer des jeunes non volontaires.

Le magazine Politis révèle que les annonces de généralisation du SNU seraient imminentes. Même si l’exécutif semble hésitant, la Ministre en charge du dossier, Sarah El Haïry déclare aux journalistes de Politis que deux options sont à l’étude. Un SNU obligatoire sur le temps scolaire ou via des mesures incitatives. Selon le document de travail que le journal a pu consulter, la nouvelle mouture du service national universel pourrait voir le jour dès le mois de septembre 2023 dans six départements test avant d’être déployé sur l’ensemble du territoire. À terme, le service national universel dans sa forme actuelle concernerait 800.000 jeunes Français. Pour rappel, en 2022, 32.000 jeunes se sont engagés dans un service au niveau national, dont 400 pour les Pyrénées-Orientales.

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