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Restos du Coeur – Romain Colucci alerte sur les difficultés à venir dans les Pyrénées-Orientales

Article mis à jour le 1 mai 2020 à 12:44

Le nombre de chômeurs a bondi de 7,1% en France au mois de mars ; avec pour conséquence de nouveaux précaires venant grossir les rangs de ceux qui font appel à la générosité des Restos du Cœur ou du Secours Populaire. Comme d’autres nouveaux et jeunes bénévoles, les Dragons Catalans sont venus prêter main-forte à l’entrepôt perpignanais de l’association créée en 1985 par Coluche. Dans une Interview accordée ce mardi, le fils de l’artiste, Romain Colucci, nous confiait : « Les restos ne sont pas en première ligne face au Coronavirus ; mais nous sommes en première ligne face à la précarité« .

♦ Les Dragons prêtent main-forte et leur image aux Restos du Cœur

Pour Philippe Pidemunt, responsable développement et du fonds de dotation de l’équipe de Rugby, apporter son aide à l’association était une évidence. « Pour les joueurs en confinement, l’objectif est de sensibiliser aux problématiques actuelles des Restos du Cœur ».

Même si le staff médical a dans un premier temps émis quelques réticences, le président du club, Bernard Guash, a immédiatement accepté que les joueurs volontaires puissent prêter main-forte. Ce moment de solidarité a également permis à Fouad Yaha, Antoni Maria, Michael McIlorum de se retrouver après plusieurs semaines loin des vestiaires ; une envie partagée avec les membres du staff Alex Chan (en Une), Rob Parkinson, Christian Cozza également venus en renfort.

♦ Des petits commerçants et des artisans franchissent désormais les portes des Restos du Cœur

Pour Odile Bregand, responsable départementale des Restos du Cœur, le profil des bénéficiaires a changé avec la crise du Coronavirus. On voit désormais des travailleurs précaires qui, jusque-là, survivaient grâce à des petits boulots ; mais aussi des petits commerçants, des artisans… En moyenne, Odile Bregand estime la hausse du nombre de bénéficiaires à 25%. Conjugué à la chute du nombre de bénévoles, ce phénomène a compliqué la logistique durant les premiers jours du confinement .

« Il a fallu s’organiser pour pallier l’absence des bénévoles ; nombreux sont les retraités particulièrement sensibles au Coronavirus qui n’ont pas pu venir aider. Heureusement, l’appel relayé par la préfecture a été entendu ; et de nombreuses bonnes volontés sont venues nous soutenir. »

Il va désormais falloir tenir sur la durée s’inquiète Odile Bregand. Les Restos du Cœur dans les Pyrénées-Orientales, ce ne sont pas moins de 21 centres qui distribuent des produits secs ; sans oublier le frais, le centre dédié aux bébés, les maraudes mobiles et le dévouement de 600 bénévoles.

♦ Au niveau national, la hausse du nombre de bénéficiaires fait écho à la crise de 2008 

En France, il y aurait environ 20% de nouveaux bénéficiaires selon les Restos. Romain Colucci rappelle la hausse intervenue suite à la crise de 2008. « Entre 2007 et 2009, il y a eu +23% de fréquentation aux Restos ». Et la fréquentation n’est jamais revenue au niveau antérieur à cette crise.

« Le jour où on trouvera le vaccin contre le Coronavirus, la pandémie économique sera toujours là » déplore Romain Colucci. « Aujourd’hui, on tient parce qu’on a une infrastructure, et un élan de solidarité, à Perpignan comme ailleurs. Mais après, il va falloir tenir sur la durée ; et nous aurons toujours besoin de masques, de bras et de sous pour pouvoir répondre à une demande plus importante ! ».

Romain Colucci salue l’initiative du Sénat dans le cadre du deuxième projet de budget rectifié pour 2020. Le Sénat a voté un amendement défendu par le chef de file du groupe Les Républicains Bruno Retailleau. Un amendement portant de 537 € à 1.000 € le montant du dispositif «Coluche» ; une mesure qui permet de déduire des impôts 75% des sommes versées à des associations. « Quand on donne 1000 €, on en récupère 750. Cela revient à donner 20 € par mois ; je pense que beaucoup de gens peuvent donner 20 euros par mois » confie le fils de Coluche.

♦ Le monde d’après vu par Romain Colucci ?

Ceux qui ont intégré le logiciel de reconnaissance sociale, ils ont compris quelque chose. Parce qu’on va avoir de plus en plus besoin de solidarité et d’entraide dans les années à venir. Moi je le dis depuis longtemps, plus la situation est mauvaise, plus on a besoin des Restos, plus on a besoin des associations. Le monde associatif est une force industrielle en France ; participer à aider le monde associatif de manière générale, c’est nous aider tous.

Cette crise montre une rupture entre deux mondes. L’ancien monde, ce sont ceux qui gueulent après leur syndic parce qu’il y a une infirmière dans leur immeuble, ou ceux qui se plaignent de voir les pauvres faire la queue sous leurs fenêtres ; eux n’ont vraiment pas intégré le logiciel de reconnaissance sociale. De l’autre côté, il y a les nouveaux bénévoles, ceux qui sont sortis de chez eux malgré le confinement pour prêter main-forte, parce qu’ils ont conscience qu’il y a des gens qui sont plus dans la misère qu’eux. C’est tous ceux qui nous prêtent main-forte, parce qu’ils ont compris l’intérêt. Parce qu’au fond, la pire épidémie qu’il puisse y avoir en France est celle de manquer de nourriture au pays de la bouffe ! On ne peut pas demander à des gens de rester confinés s’ils n’ont pas à manger chez eux. 

Ceux qui n’ont pas compris ce que faisaient les soignants ou les associations doivent enclencher le logiciel de reconnaissance sociale ; et cela doit arriver jusqu’au sommet de l’État. C’est pour cela que nous espérons que l’initiative des sénateurs ira jusqu’au bout. Plus ça va aller plus on aura besoin de l’aide de tous.

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Maïté Torres