Article mis à jour le 10 mars 2023 à 14:08
Ces 17 et 18 février avait lieu la première édition du Festival de culture gitane à Perpignan. Au programme : concerts, débat, exposition et lecture.
Ce vendredi soir à la Casa musicale, les gitans des quartiers Saint-Jacques, Haut-Vernet et Nouveau-logis sont venus écouter la rumba avec les Payous, le surnom donné aux non-gitans. Devant la scène où se produisent Los Graciosos, jeunes filles et jeunes garçons gitans s’amoncèlent et piaffent d’impatience. Aux premières notes de la rumba de ces jeunes artistes originaires du Haut-Vernet et de Bompas, plusieurs jeunes filles esquissent quelques pas de Flamenco. Bras levés, cheveux tirés en une queue-de-cheval serrée, elles ont dansé.
Joseph Saadna, dit Mambo, s’occupe du comité d’animation Place du Puig et porte ce festival de culture gitane. Lui-même musicien de Rumba, Mambo n’était pas peu fier de voir ses petits-enfants sur scène. Les jeunes de Saint-Jacques se sont produits sur scène avant de laisser la place à leurs ainés Los Graciosos. «Estirpé de Chavos y Los Amaya», têtes d’affiche de la soirée, n’ont pas hésité à partager la scène avec ces jeunes.
Considérés par la profession «comme le futur de la rumba catalane, ils mêlent le flamenco à des inspirations allant du jazz aux musiques latines.» Le festival s’est conclu par la lecture du comédien et metteur en scène Benjamin Barou-Crossman. Au Palais des Rois de Majorque, Benjamin Barou-Crossman a déclamé «Romancero Gitano» ; œuvre phare du poète espagnol Federico Garcia-Lorca.
Les Gitans et le camp de Rivesaltes
Plus tôt dans la soirée, le débat était ouvert ; et l’historien, Nicolas Lebourg a rappelé l’enfermement des gitans au camp de Rivesaltes. Selon les archives, un peu plus de 6.000 tsiganes français ont été victimes de la répression du gouvernement de Vichy. Et environ 20% d’entre elles – soit 1.334 – ont été internées à Rivesaltes. Selon l’historien, ces hommes, femmes et enfants étaient Français à 92%. Sous Vichy, la France compte 27 camps où le régime interne ce que la terminologie appelle des «nomades». Quid des gitans de Perpignan ? Nicolas Lebourg répond, deux seulement sont nés à Perpignan ; la plupart des internés étaient originaires de l’Est.
Alors que la politique antisémite choque la population, la répression contre les gitans correspond à une demande sociale, rapporte Nicolas Lebourg. L’historien de citer un exemple local. «En août 1940, le Préfet reçoit une pétition qui lui demande de mettre les nomades des berges de la Têt en camp». Or les gitans de Perpignan ne sont pas nomades, ils vivent dans des maisons Place du Puig. La répression à l’égard des Tsiganes et autres Gitans se fait sur la base de leur nomadisme. «Ils sont soupçonnés du fait de leur nomadisme de transmettre des informations. Ils pourraient être des agents de l’ennemi».
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