Article mis à jour le 3 novembre 2024 à 20:20
Alors que l’an passé la ville balnéaire avait été le théâtre d’une installation d’ampleur de la part de la communauté des gens du voyage, Saint-Cyprien voit à nouveau, ce 3 juin 2024, plusieurs caravanes s’installer sur un terrain municipal de la commune. Face à ce campement illégal, la mairie a lancé un formulaire pour mobiliser sa population.
Article mis à jour suite à la dépublication du formulaire après l’appel de la préfecture. Selon le maire de Saint-Cyprien, le préfet lui aurait indiqué « que tout serait mis en œuvre pour solutionner la situation de Saint-Cyprien relative aux gens du voyage. »
Réunion publique et appel à la mobilisation citoyenne
Dès l’arrivée des gens du voyage sur le terrain municipal, Thierry Del Poso, maire Les Républicains de Saint-Cyprien a organisé une réunion publique. Objectif ? Entendre la colère des habitants et tenter de mettre en place un plan d’action pour déloger la communauté. Si aucune information n’a filtré sur cette réunion, dans la foulée, le maire a partagé un formulaire explicite :
« Citoyens de Saint-Cyprien, face à l’inaction de l’État et du législateur et parce que la gendarmerie ne dispose ni des moyens ni des instructions pour agir, êtes-vous prêts à vous mobiliser aux côtés du maire, sur place, à chaque invasion des gens du voyage, quel que soit le quartier, pour les déloger ? Merci de répondre par oui ou non. »
Contactés, les services de communication de la ville ne souhaitent pas en dire davantage, mais constatent qu’à l’heure où nous écrivons, les gens du voyage sont toujours sur place. Quant à l’appel à demi-mots à se faire justice soit-même, voire à la constitution de « milices », là encore, ni le maire, ni les services de communication ne répondent sur le sujet.
Si pour l’heure, le retour du sondage est toujours en cours, les commentaires fusent sous la publication de la Ville, sur les réseaux sociaux. « Y en a marre d’être pris en otage, je n’ai rien contre les gens du voyage, c’est la vie qu’ils ont choisie. Ils ont des endroits où ils peuvent stationner avec tout le confort : eau , électricité … Mais cela ne les intéresse pas. Donc pourquoi ce serait à nous à nous adapter ? Tout mon soutien à M. le Maire et à son équipe. »
Formulaire retiré après un appel du préfet des Pyrénées-Orientales
Après seulement quelques heures en ligne, le formulaire a été retiré. Le maire publiait à 20h00, une story en mode « breaking news » indiquant :
« Suite à votre très forte mobilisation, le préfet des Pyrénées-Orientales m’a appelé personnellement pour m’assurer que tout serait mis en œuvre pour solutionner la situation de Saint-Cyprien relative aux gens du voyage. » Le maire de conclure, « nous comptons sur lui pour entendre l’angoisse de celles et ceux qui subissent cette situation. »
Quelle est la situation actuelle des gens du voyage sur le littoral catalan ?
En 2023, plus de 200 caravanes et 500 véhicules avaient envahi le parc de la Prade. Après une forte mobilisation locale, le convoi avait quitté les lieux pour s’installer quelques kilomètres plus loin, sur un terrain privé mais non habilité pour ce type de rassemblements.
Sur les réseaux sociaux et en conférence de presse, Thierry Del Poso déclarait : « J’ai mal à mon village. Nous subissons une invasion des gens du voyage sur plusieurs sites de notre commune. Nous regardons nos espaces publics être dégradés, salis, abîmés.» Avant de se lancer dans une tirade contre l’État. Le maire Les Républicains dénonce « la faillite d’un État fort avec les faibles, et faible avec les forts. » Thierry Del Poso se dit déterminé « à mener le combat ». Les maires se retrouvent en première ligne face à ces occupations illégales qui se reproduisent chaque année en période estivale.
Un accueil conforme au schéma départemental et sous-dimensionné pour les migrations estivales
Selon le schéma départemental d’accueil des gens du voyage, valable jusqu’en 2026, Sud Roussillon doit mettre à disposition et entretenir une aire de grand passage de 200 places. Notre contact en 2023 nous confirmait que cette aire était bien opérationnelle. «Nous sommes la seule communauté de communes des Pyrénées-Orientales à répondre en termes d’accueil de grand passage avec une aire entièrement conforme en termes d’eau, d’électricité, de vidange, de sanitaires.»
Que dit le schéma départemental d’accueil des gens du voyage ?
Comme le constate le schéma départemental, les Pyrénées-Orientales sont concernée chaque année par 40 à 50 passages auxquels viennent s’ajouter les stationnements préexistants (5 groupes, au nord de Perpignan, s’inscrivent dans une logique d’ancrage durable et comptent pour 10 à 20 déplacements).
Deux types de groupes circulent : les missions pastorales (groupe de 100 caravanes ou plus) qui représentent 22% des groupes de passage (…) et 56% du total des caravanes. Et des groupes plus petits, moins de 50 caravanes ; mais deux à trois fois plus nombreux à circuler que les premiers. Ils représentent 78% des groupes de passage (mais 44% du total des caravanes).
Or, le schéma s’avère sous-dimensionné pour répondre à cette demande. En 2026, les Pyrénées-Orientales doivent offrir 500 places de grand passage, dont 200 sur le territoire de Sud Roussillon et 300 sur la communauté urbaine de Perpignan Méditerranée.
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