Article mis à jour le 26 septembre 2018 à 18:54
Dans le cadre de la journée mondiale de la contraception, une étude commandée par Illico Med et réalisée par l’IFOP s’est interrogée sur l’évolution de la pilule dans le choix de la contraception des françaises. Depuis 2012, les plaintes contre les pilules de 3ème génération se sont multipliées. Certaines pilules étant même accusées de favoriser des pathologies veineuses artérielles.
Une professionnelle du médicament nous a confirmé cette désaffection pour la pilule, au détriment des autres moyens de contraception, y compris le retour aux méthodes naturelles du type température. Des méthodes peu fiables entrainant la hausse des ventes de pilules du lendemain à hauteur de 100% sur les 9 derniers mois. Un médicament pourtant loin d’être anodin puisqu’il peut selon les formules médicamenteuses correspondre à la prise d’une tablette de 25 pilules en une fois.
♦ La pilule : un moyen de contraception de moins en moins utilisé, au profit d’autres méthodes
La pilule demeure aujourd’hui un moyen de contraception massivement utilisé par les femmes. L’étude montre que huit femmes sur dix (80%) l’ont déjà prise au moins une fois au cours de leur vie. Pour preuve, parmi les femmes proches de la ménopause, ce chiffre monte même à 90%.
En 2018, en revanche, on observe que plus d’un tiers des femmes (37%) se déclarent sous contrôle hormonal, dont 5% couplent la pilule avec le préservatif, contre 25% pour le stérilet et 16% le préservatif exclusivement.
Si la pilule est le principal moyen de contraception déclaré par les femmes, cela ne doit pas masquer la progressive baisse de son utilisation. Ainsi, la popularité de la pilule a baissé de manière significative ces dernières années, passant de 45% en 2010 selon l’étude de Santé Publique France à 37% aujourd’hui. A la place, se sont développés par exemple le préservatif (+6 points en 8 ans) ou le stérilet (environ +6 points en 8 ans).
Actuellement, 90% des femmes déclarent être satisfaites de leur moyen de contraception. Ce chiffre comporte néanmoins une nuance à souligner car moins d’une sur deux (46%) s’en déclarent « tout à fait satisfaites ». La pilule n’a la satisfaction complète que de 44% de ses utilisatrices, ce qui la place derrière le stérilet (57%) et l’implant (70%).
♦ La pilule : un moyen de contraception aux effets secondaires dissuasifs
Plus globalement, cette relative insatisfaction de la pilule se couple avec de véritables critiques apportées à ce moyen de contraception : six femmes sur dix (60%) s’accordent à dire que la pilule est un moyen de contraception contraignant et près de huit sur dix (79%) reconnaissent qu’elle n’est pas sans danger et peut provoquer de graves problèmes de santé.
Entre les différentes raisons invoquées par les femmes déclarant avoir arrêté de prendre la pilule, on retrouve en premier l’aspect contraignant de la prise régulière de la pilule (23%) et ensuite les risques qu’elle représente sur la santé (20%) suivi de près par les effets secondaires sur la santé (19%). Au global, 38% des femmes ayant arrêté la pilule l’ont fait pour éviter les risques qu’elle peut avoir sur la santé. Ce sont principalement les femmes issues des catégories sociales supérieures qui avancent cet argument (54%, contre 22% parmi les femmes inactives). On notera également que les femmes se déclarant en surpoids sont 51% à avoir arrêté la pilule pour un motif de santé.
♦ Arrêt de la pilule ou méthodes alternatives
41% des femmes prenant actuellement la pilule déclarent que les débats actuellement en cours sur ses effets secondaires seraient de nature à les inciter à arrêter de la prendre, dont 11% le feraient « certainement ». Ces débats sont d’ailleurs largement relayés chez les femmes car plus de huit sur dix (83%) déclarent en avoir entendu parler. Plus précisément, près d’une femme de 20 à 29 ans sur deux (49%) et 45% des femmes âgées de 30 à 39 ans déclarent que ces débats pourraient leur faire abandonner la pilule – on retrouve ici des catégories de population peut-être mieux informées sur la pilule via les réseaux sociaux et l’information sur internet notamment.
Pour l’IFOP, cette étude confirme un progressif délaissement de la pilule qui s’inscrit dans le cadre d’un mouvement socio-politique plus large se retrouvant par exemple dans l’attitude face aux vaccins, de la nourriture industrielle ou même aux produits chimiques présents dans les cosmétiques. Et si cette défiance vis-à-vis des hormones n’empêche pas que la pilule reste un contraceptif à la fois très répandu et très satisfaisant, on mesure bien l’impact des débats en cours sur ses effets secondaires dans la disposition des femmes à se tourner vers des alternatives non hormonales comme le préservatif, le DIU au cuivre ou les méthodes traditionnelles.
IllicoMed est un site d’information tenu par des professionnels destiné à répondre aux questions sur les maladies, les traitements et la santé en général.
Méthodologie : Étude de l’Ifop pour IllicoMed réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 26 au 29 juin 2018 auprès d’un échantillon de 1 084 femmes représentatif de la population âgée de 15 à 49 ans et plus résidant en France métropolitaine. La représentativité de l’échantillon global a été assurée par la méthode des quotas (âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.