Article mis à jour le 29 avril 2023 à 07:34
Corbère, petit village des Pyrénées-Orientales, fait partie des quatre communes du département sans eau potable publique depuis une semaine. Une conséquence directe de la sécheresse et du niveau très bas des nappes dans le département.
Samedi dernier avait lieu la deuxième journée de distribution de packs d’eau aux administrés. Avec Corbère, les villages de Corbère-les-Cabanes, Bouleternère, St-Michel-de-Llotes sont également impactés. Des créneaux pour venir récupérer un pack de six bouteilles d’un litre et demi par habitant ont été organisés par les mairies respectives et les divers syndicats de l’eau.
Les maires gèrent la situation dans les quatre communes sans eau potable
Samedi en fin de matinée des habitants de Corbère affluaient à la mairie où les attendait l’équipe municipale – dont le maire Joseph Silvestre surpris de l’intérêt porté à cette actualité : «Je ne comprends pas pourquoi les médias s’intéressent autant à cette situation que nous gérons. Les palettes de packs d’eau sont fournies par le syndicat local de l’eau.»
Il poursuit : «Je ne suis pas inquiet. Si ça continue comme ça, tout le département sera en manque d’eau potable. Les autorités nationales devront se débrouiller. À nous de gérer les problèmes locaux, mais ça, on sait déjà faire.»
Samedi vers 11 heures, et après une première distribution la veille, environ 80% de ses administrés avaient reçu leur quota d’eau en bouteille selon Joseph Silvestre. Et la mairie continue les distributions cette semaine, se rendant notamment chez ceux qui ont du mal à se déplacer. L’avenir ? Le maire l’envisage avec sérénité : «Nous avons un deuxième forage communal qui est prêt mais on attend les autorisations de l’Agence Régionale de Santé pour pouvoir l’utiliser. Et un troisième est en cours de construction pour qu’il soit prêt avant l’été. Pour la haute saison, nous tournerons avec nos trois forages. Et ça ira.»
Né en 1944, le maire Joseph Silvestre se fait le témoin de l’histoire locale. «Dans les années 30, une sécheresse a duré quatre ans. Il faisait tellement chaud que les vignes ont donné deux fois dans l’année. À l’inverse, dans les années 70, il a fait tellement froid dans l’année que les vignes n’ont pas donné.»
Du côté des habitants de Corbère, on s’adapte à la situation
Véronique, habitante de Corbère, est venue récupérer ses bouteilles. «C’est surtout pour mes filles qui travaillent la nuit. Elles n’étaient pas sûres, donc je suis aussi venue vérifier. Moi, si ça continue, je m’achèterai mes bouteilles d’eau. On doit être solidaires. Des gens ont davantage besoin de cette distribution gratuite.»
Cette agricultrice en maraîchage et en fruitiers se dit quant à elle «très angoissée par la sécheresse. C’est mon gagne-pain. Économiquement parlant, elle va beaucoup se répercuter, et je serai peut-être obligée de licencier».
Avant de revenir et de conclure quant au manque d’eau potable à Corbère : «Cela fait un mois environ qu’on ne boit plus l’eau du robinet à la maison.» Kévin, jeune trentenaire en short de rugby, range le pack d’eau dans le coffre de sa voiture. «Je suis surpris. On n’est même pas encore l’été. Et s’il fallait tout réduire ? Et si on ne pouvait plus du tout utiliser d’eau pour les douches et les autres besoins à la maison ? J’ai un fils en bas âge. Bien sûr que j’y pense beaucoup.» Et il conclut, le rire jaune : «On va peut-être retourner aux lingettes au rythme où ça va.»