Article mis à jour le 11 janvier 2024 à 16:45
Le niveau du lac de Villeneuve-de-la-Raho n’a jamais été aussi bas. La retenue, qui a un potentiel de 17 millions de mètres cubes tourne désormais autour de sept. Si les pluies de printemps ne sont pas au rendez-vous, les conséquences pourraient être catastrophiques pour la faune et la flore.
« Aujourd’hui, on ne peut plus rien faire pour la réserve écologique », lâche Rossano Pulpito, président de la ligue de protection des oiseaux (LPO66). Pour l’ornithologue, la disparition des zones humides s’étend à tout le département des Pyrénées-Orientales. Depuis quelques mois, le grand lac a atteint son niveau le plus bas.
« L’ensemble de la chaîne est fragilisée »
La réserve écologique de la Raho est une petite retenue annexe au lac principal. Cette zone humide, qui s’étend sur une quinzaine d’hectares environ, subsiste à peine grâce aux averses. Créée en 1978, elle constitue l’une des rares oasis de nature au sein de la plaine du Roussillon. Au fil des années, elle est devenue le lieu de rendez-vous de nombreux oiseaux hivernants et nicheurs. Un paradis pour les grands cormorans, les canards, les grèbes huppés et les hérons. « À cause du manque de pluie, l’ensemble de la chaîne est fragilisée », alerte Rossano Pulpito.« Il semblerait qu’il y ait beaucoup moins d’oiseaux et qu’ils se déplacent ailleurs », observe l’ornithologue.
Une nouvelle menace pourrait bientôt peser sur cet écrin de biodiversité, déjà très fragilisé. « Nous sommes en train d’étudier la possibilité de retirer les poissons du lac », annonce Nicolas Garcia, vice-président du conseil départemental en charge de l’eau. Ce sauvetage pourrait être motivé par la qualité de l’eau, qui ne cesse de décroître. « Il faut savoir que les eaux plus ou moins stagnantes manquent d’oxygène », précise Rossano Pulpito.
Les poissons concentrés dans la retenue sont directement menacés. Ce cercle vicieux emporte avec lui les oiseaux hivernants, qui ont besoin d’eau pour se nourrir. « Si l’on retire l’ensemble des poissons du lac, le milieu va fortement s’appauvrir. C’est un écosystème qui est déjà en train de mourir », se désole l’ami des oiseaux.
Des pêches de sauvetage organisées dans le pays catalan
En 2022, trois pêches de sauvetage ont été organisées dans la vallée de l’Agly, afin de déplacer 300 à 400 kilos de poissons, selon Olivier Baudier, directeur de la Fédération de pêche et de protection du milieu aquatique. En 2023, 25 pêches de sauvetage ont été nécessaires pour déplacer 2,5 tonnes d’animaux. Enfin, le 4 janvier dernier, 1 tonne de carpes, truites et autres silures a été transférée au barrage de Caramany.
Le lac de Villeneuve ne possède pas de bassin versant, la pluie de ces derniers jours n’a donc aucun impact sur sa capacité. L’eau provient surtout du barrage de Vinça, elle est acheminée via la Têt, puis le canal de Perpignan. « Nous avons un accord avec la préfecture, la Ville de Perpignan et la Chambre de l’agriculture pour que le mercredi et le jeudi, le lac soit alimenté », explique Nicolas Garcia.
« Si l’on retire les poissons, cela poserait des problèmes en cascades ! »
Depuis la mise en place de cet arrêté préfectoral, signé au mois de novembre 2023, un peu plus d’1 million de mètres cubes d’eau sont rentrés dans le lac. « Le niveau est quand même bas, puisqu’à cette époque, on devrait être à une dizaine de millions. Cela nous sécurise un petit peu pour cet été. Pour l’agriculture, il nous faut autour de 4 millions de mètres cubes l’été. » Dans ces conditions, et malgré cette petite marge, le lac se retrouverait à sec.
Pour l’heure, le vice-président du conseil départemental espère qu’au mois de mai, le lac atteindra douze ou treize millions de mètres cubes. « Si l’on retire les poissons, cela poserait des problèmes en cascades ! », alerte Nicolas Garcia. « Sans eau, il est impossible d’échapper à la catastrophe écologique. »