Article mis à jour le 19 mai 2020 à 18:55
Il plane comme un parfum de rentrée de septembre en ce 18 mai ; et pourtant, les festivals musicaux n’ont pas empli l’été de leur ambiance électrique…. Le Coronavirus a balayé ces moments de joie collective de quasiment tous les festivals. Exit les éditions 2020 de Voix de Femmes, Ida y Vuelta, Fest In Pia, ou l’Electrobeach… Dans ce contexte, la Présidente de la région Occitanie a réaffirmé son soutien aux festivals et événements culturels avec le maintien des subventions.
Interview de David Garcia fondateur des Déferlantes et de Live au Campo. Pour l’été 2020, la mort dans l’âme, il a dû renoncer au Parc de Valmy et au Campo Santo.
♦ Entretien avec David Garcia, fondateur des Déferlantes et de Live au Campo
⊕ L’absence de position rapide du gouvernement et le déconfinement par étapes vous ont-ils pénalisé dans la prise de décisions ? Vous avez dû continuer de travailler « comme si de rien n’était » ?
Oui, à moins de 90 jours, c’est la période où nous sommes le plus sur le site pour préparer l’implantation, le dossier de sécurité, les rendez-vous avec les prestataires – qui ne peuvent se programmer en confinement – etc. Plus on avançait dans le temps, plus on se disait qu’il était impossible de tout organiser, de tout rattraper.
Les artistes internationaux commençaient déjà à annoncer qu’ils ne pourraient venir ; les ventes de billet étaient à l’arrêt… Plus les jours passaient et plus les dépenses augmentaient. Il fallait que le gouvernement prenne ses responsabilités pour stopper l’hémorragie. De plus, il y a eu un “gel des dépenses” durant cette période.
⊕ Comment se sont déroulées les relations avec vos prestataires, partenaires assureurs, festivaliers, artistes ?
Plutôt bonnes, nous sommes tous dans le même bateau, et cette crise sanitaire n’est pas de notre fait. Beaucoup de compréhension et de compassion à notre égard. Cela nous a touchés, surtout la solidarité dont ont fait preuve les producteurs d’artistes. Dans la majorité des cas, la pandémie est exclue des assurances annulation…
Quant aux réactions des festivaliers, nous avons reçu beaucoup de messages de soutien ; cela nous a beaucoup touchés ! Il est vrai que nous avons proposé le remboursement ; cela nous paraissait normal, mais tous les festivals ne l’ont pas fait… Le report est également possible pour les festivaliers qui le souhaitent 🙂
Sur le volet artistique ? Là aussi, nous avons reçu de marques de solidarité et des facilités de report pour 2021.
⊕ Quelles sont les implications de cette crise ? Cela peut-il impacter le cachet des artistes pour l’année prochaine (à la hausse comme à la baisse ?) Peut-on envisager un « embouteillage » d’artistes pour 2021 ?
Cela dépendra surtout de leurs actualités, mais des artistes ont déjà confirmé pour 2021 en faisant des efforts.
Un embouteillage d’actualités musicales est possible, oui… Là encore, il faudra jouer la solidarité pour ceux que nous avons programmés et qui ont fait des efforts ; tout en se gardant quelques possibilités pour les nouveaux artistes.
⊕ Quel est l’impact économique de l’annulation de l’édition 2020 : des Déferlantes et de Live au Campo ?
Plusieurs centaines de milliers d’euros, nous ne pouvons encore être plus précis car nous travaillons sur le sujet ; mais nous commençons à y voir plus clair… Nos équipes ont été mises au chômage partiel également…
⊕ L’annulation de la première de Pel-Licula est-elle synonyme de festival « mort-né »?
Certainement pas, il arrivera à terme et il sera encore meilleur en 2021 ! Le projet est exceptionnel et nous aurons besoin d’événements de cette ampleur dans les années qui viennent ; avec un parrain qui est juste extraordinaire : Francois-Xavier Demaison !
Ce sera, j’en suis sûr, un très grand Festival du Cinéma Live. On a un vrai concept.
⊕ Vous êtes impliqué depuis des années au sein d’instances nationales. De par votre expérience, craignez-vous que le Covid-19 ne signe l’arrêt d’un certain nombre de festivals déjà mis à mal par les contraintes de sécurité liées au terrorisme ?
Je ne sais absolument pas ce que le Covid peut faire dans le temps tant qu’il n’y a pas de vaccin… Mais le secteur des festivals a subi ces 12 dernières années de nombreuses augmentations :
- celle de la TVA sur les billets de 3,4%,
- les droits d’auteur (la France est le pays où les organisations paient le plus de droits d’auteur dans le monde !), les cachets d’artistes ont été multipliés par 2 voire 3,
- le surcoût lié à la sécurité multiplié par 2 également à la suite des attentats.
Il faut savoir aussi qu’il y a des lois qui empêchent les institutions, même si elles le souhaitent, de dépenser davantage pour nous aider… Notre festival s’autofinance à 93%. Pour “amortir” toutes les dépenses liées au festival, il nous faut 95% de remplissage !
En résumé, nous sommes en survie depuis un moment et cette pandémie rajoute un facteur supplémentaire de risques.
⊕ Quels sont aujourd’hui vos besoins ? Et quel est, selon vous, le rôle des pouvoirs publics ?
Le maintien des subventions promises, cela serait la moindre des choses. Certaines institutions nous ont montré des signaux positifs ; c’est très rassurant et on les remercie. Néanmoins, nous étions presque à 80 jours de nos événements. Une perte trop grande nous empêcherait de nous relancer, il ne faut pas laisser le réservoir vide. Nous allons manquer de trésorerie pour les avances des cachets d’artistes.
Nos festivals ont mis des années à mettre en place une certaine qualité dans notre programmation qui fait le succès du festival et des retombées économique estimées à plus de 6 millions d’euros. En 2021, nous espérons ne pas perdre trop de partenaires et mécènes. Il faudra trouver d’autres équilibres ; et on espère que les pouvoirs publics pourront nous accompagner dans cette démarche.
⊕ Concert ou festival sont basés sur la convivialité et la nonchalance estivale, sur le plaisir se retrouver pour écouter un artiste autour d’un verre. Comment voyez-vous les festivals édition 2021 ? Avec un masque et une paille ?
Nous espérons que tout revienne dans l’ordre car ce serait une catastrophe sociale. Un festival est un espace de liberté, difficile de l’imaginer avec des distanciations physiques ; c’est tout le contraire qu’on vient chercher dans un festival !
♦ La Région Occitanie maintient les subventions aux festivals et événements culturels annulés
La Présidente de la Région Carole Delga déclarait à propos des festivals : « Je souhaite que la Région reste un partenaire attentif et efficace de tous les acteurs culturels avec, notamment, le versement des 30M€ de subventions directement aux associations et un fonds exceptionnel de 5M€ pour les soutenir davantage« .
David Garcia le rappelle, les retombées économiques du festival les Déferlantes sont estimées à 6 millions d’euros pour chaque édition.
La Région Occitanie rappelle : « Selon les études, les retombées économiques et touristiques des festivals sont importantes : 1 € d’aide investi dans la culture, ce sont 7 € dépensés en nuitées, repas et achats par les festivaliers ».
La Région se classe en 2e position en termes d’emplois culturels (70.000) et d’établissements liés au spectacle vivant (32.500).
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