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Pourquoi les bouchons de liège catalans échappent à la nouvelle taxe de Trump ?

Taxe Trump, la filière liège exonérée : Bonne nouvelle pour l’entreprise catalane Diam Bouchage

Soulagement pour la filière liège locale. Le préfet des Pyrénées-Orientales a confirmé que les bouchons en liège, produits emblématiques du territoire, sont exemptés des nouvelles taxes à l’importation instaurées par les États-Unis.

Une annonce qui réjouit notamment l’entreprise Diam Bouchage, acteur industriel majeur basé dans le département, dont environ 10% de la production est destinée au marché américain. Contacté par téléphone, Éric Feunteun, directeur général de Diam Bouchage, se dit rassuré mais reste prudent face aux effets indirects de ces mesures. Crédit photo © JC Milhet / Hans Lucas.

La taxe Trump de 15 à 0% pour la filière liège 

Dans les nouvelles dispositions publiées par l’Union européenne et la Maison Blanche, seules trois catégories de produits bénéficient d’une exemption : les pièces aéronautiques, les médicaments… et le liège. Une décision qui repose sur un constat géographique simple mais essentiel : le chêne-liège, arbre endémique de la Méditerranée occidentale, Portugal, Espagne, France… et ne pousse pas sur le sol américain. « Il n’existe pas d’alternative locale, c’est pourquoi taxer ce produit n’aurait profité à aucune industrie américaine », résume le directeur général de Diam Bouchage.

Grâce à cette dérogation, les bouchons en liège devraient être réintégrés dans le régime antérieur aux hausses tarifaires initiées sous l’administration Trump. Pour rappel, les exportateurs étaient passés d’une absence de taxe à un taux de 10 % depuis le discours de Donald Trump en avril 2025. Et la filière aurait dû être taxée à 15% dans le cadre du nouvel accord douanier.

Installée dans les Pyrénées-Orientales, Diam Bouchage vend chaque année deux milliards de bouchons, dont 80 % à l’export. Le marché américain représente à lui seul environ 10 % du volume total. « Jusqu’ici, nous avons répercuté entre 7 et 8 % de cette taxe sur le prix final, absorbée en partie par les vignerons américains. Cette suppression nous permet de retrouver de la compétitivité », explique Éric Feunteun.

Si l’exemption douanière sur le liège est un soulagement, le tableau n’est pas totalement rose. Les vignerons européens qui exportent leurs vins vers les États-Unis, eux, restent soumis à la hausse des taxes à hauteur de 15 %. Un impact indirect mais réel pour les fournisseurs de bouchons. « Moins d’exportations de vin signifie aussi moins de bouchons vendus », observe lucidement le dirigeant. Avec un chiffre d’affaires de 222 millions d’euros en 2024, Diam Bouchage reste cependant confiante dans sa capacité d’adaptation.

Un ancrage local fort, au cœur des enjeux environnementaux

Si la majorité du liège transformé par Diam provient d’Espagne et du Portugal, l’entreprise s’implique activement dans la préservation de la filière catalane. Les Pyrénées-Orientales ne représentent qu’1 % de la production mondiale, mais constituent un enjeu stratégique pour Diam Bouchage nous confie le dirigeant ; à la fois en termes de circuit court pour les producteurs locaux et de prévention des incendies.

« Une forêt de chênes-lièges bien entretenue limite le risque de propagation des feux, grâce à son écorce naturellement isolante », souligne Éric Feunteun.

La société, qui emploie entre 200 et 250 personnes dans le département et plus de 650 dans le monde, a misé sur une technologie brevetée – le procédé Diamant. Celui-ci consiste à traiter les grains de liège avec du CO2 à haute pression afin d’éliminer les molécules responsables du goût de bouchon. « Nous garantissons ainsi des bouchons sans altération aromatique et à perméabilité contrôlée, ce qui offre aux vignerons un choix précis sur la manière dont leurs vins vont vieillir », détaille le chef d’entreprise.

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