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Torreilles Ânes et Compagnie : Un havre de paix pour les animaux sauvés

Près de Perpignan, ce refuge offre une nouvelle vie aux animaux maltraités

Article mis à jour le 24 juin 2024 à 19:16

À la tête de l’association Torreilles Ânes et compagnie, Françoise et Jean-Noël s’occupent de près de 400 poules, chevaux, chèvres, ânes et autres bêtes sauvées de la maltraitance ou de l’élevage intensif. Entièrement dévoué à cette cause, le couple recherche bénévoles et donateurs pour continuer à accueillir les animaux en détresse. 

Aujourd’hui, Jean-Noël et Françoise portent à bout de bras leur structure, qui, chaque mois, accueille de nouveaux pensionnaires. « Des fondations ou associations telles que la Fondation Brigitte Bardot, la SPA ou 30 millions d’amis apportent un soutien financier. mais les dépenses sont devenues exponentielles », regrette Jean-Noël. 

« Nous préférons les voir heureux près de nous plutôt que leur offrir un avenir hasardeux »

D’autant plus que tous les animaux recueillis finiront leurs jours au refuge. Une décision assumée par le président de l’association qui n’imagine pas se séparer de ses bêtes. « Il nous est fait le reproche de ne pas placer nos protégés comme le font d’autres associations, qui grâce à cela, s’équilibrent financièrement. Pour connaître la vie de certains des animaux du refuge, nous préférons les voir heureux près de nous plutôt que leur offrir un avenir hasardeux », confirme Jean-Noël.

Dans ce sanctuaire de plus de dix hectares, les canards dorment aux pieds des chèvres et les ânes partagent l’ombre d’un pin avec les lamas. « Nous essayons de créer une harmonie entre tous les animaux », assure Jean-Noël. L’âne Popeye, le taureau Valentin et l’oie Piou-piou ont tous une histoire. Les gendarmes d’Ille-sur-Têt ont retrouvé Valentin dans un champ, sans nourriture. Nourri par Jean-Noël avec un arrosoir improvisé en biberon, le jeune taureau montre aujourd’hui une affection débordante pour son sauveur. « J’ai vu certains animaux arriver dans une situation critique, aujourd’hui, ils vont beaucoup mieux », sourit Marjorie, bénévole depuis huit ans au sein du refuge. 

Des animaux sauvés de l’abattoir ou de la maltraitance

L’aventure de Françoise et Jean-Noël commence il y a dix ans, lorsqu’ils rachètent 50 euros trois petits ânons destinés à l’abattoir. « Nous avons construit un abri pour ces animaux. Puis la nouvelle s’est répandue dans le coin et ça a été la cascade. On nous a appelés pour des chiens, des chats… Puis notre sauvetage s’est étendu à tous les animaux ! », raconte Jean-Noël interrompu par un appel pour sauver des canards. « On nous contacte régulièrement pour prendre en charge des animaux « en divagation » ou pour des saisies. Nous avons beaucoup d’animaux sous réquisition judiciaire. »

« Nous avons fait du sauvetage de poules, j’ai découvert ce qu’était l’élevage intensif… Ils donnent de la nourriture et des médicaments aux poules pour qu’elles produisent le plus d’oeufs possible. Et au bout d’un an et demi, quand elles pondent un peu moins, ils les liquident », dénonce Jean-Noël. Certains équidés du refuge sont d’anciens chevaux de compétition à la retraite. « Leurs propriétaires les laissent mourir de faim. » Jean-Noël désigne une jument au genou complètement atrophié. « Nous avons récupéré des chevaux en très mauvais état. »

Un refuge dans les Pyrénées-Orientales

Aujourd’hui, Jean-Noël ne ménage pas ses efforts pour faire vivre ce refuge dans les Pyrénées-Orientales. Hospitalisé en urgence pour une fracture du col du fémur, c’est en béquilles que le septuagénaire continue de s’occuper de ses bêtes au quotidien. Un travail titanesque pour lui et son épouse.

« Au départ, je n’avais aucune connaissance sur les animaux », confie Jean-Noël. Cet ancien policier de la BRB (brigade de répression du banditisme) n’a pas vraiment d’atome crochu avec le monde agricole. Et pourtant, au vu du nombre d’animaux, il est désormais considéré comme éleveur par la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations). « La conséquence, c’est qu’il y a eu beaucoup plus de contraintes administratives. Il fallait que j’ai tant d’abris, pour tant d’animaux. J’ai dû faire identifier toutes mes bêtes », explique-t-il.

Si la charge de travail est considérable, les dépenses sanitaires et alimentaires le sont tout autant. Pour soigner ses 400 pensionnaires, Jean-Noël débourse un budget colossal de 90 000 euros par an. « Les factures de nourriture tournent autour de 800 euros pour 15 jours. »

Malgré son statut associatif, le refuge ne touche aucune aide pour ses frais vétérinaires. « Un 24 décembre nous avons dû appeler un vétérinaire en urgence pour l’une de nos ânesses qui ne se relevait plus. Pour une piqûre de vitamines et une prise de sang, nous avons déboursé 500 euros. Les frais de déplacement des vétérinaires sont très élevés », affirme Françoise.

Une association placée sous le régime du mécénat

Au refuge Torreilles Ânes et compagnie, il n’y a pas un gramme de béton dans les sols. « Les abris des animaux sont fabriqués à partir de panneaux isolants. Les bêtes sont protégées du froid en hiver et de la chaleur en été. Nous avons aussi fertilisé nos sols », affirme Jean-Noël, qui dédie toutes ses économies au bien-être de ses animaux. 

Pour ce qui est des aides financières dont bénéficie l’association, le refuge a été lauréat du Plan France Relance de l’État. « Nous avons reçu une enveloppe de 50 000 euros. Grâce à cette somme, nous avons agrandi les abris et installé un système de caméras. Nous avons aussi l’habilitation mécénat. Lorsque vous faites un don à l’association, il est déductible des impôts du donateur. Cela fait trois années consécutives que nous percevons 6 000 euros de la Fondation Bardot. Et l’association 30 millions d’amis nous a accordé 3 000 euros en 2023. »

En attendant de trouver de nouveaux bénévoles, Jean-Noël souhaite organiser des visites libres du refuge, afin de sensibiliser le public au sort de ces animaux.

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Célia Lespinasse