Un an après la lettre raciste reçue chez elle à Perpignan, Brigitte Vumbi revient sur les suites de cet acte. Entre procédure judiciaire sans aboutissement et engagement citoyen renforcé, la militante a transformé l’attaque en levier d’action.
Le 3 juillet 2024, dans un quartier paisible de Perpignan, Brigitte Vumbi découvrait dans sa boîte aux lettres un courrier anonyme à caractère raciste. Un courrier la sommant de « préparer [son] départ pour l’Afrique ». Militante associative bien connue à Perpignan, Brigitte dénonçait publiquement cet acte sur les réseaux sociaux avant de déposer plainte. Une publication qui déclencha une vague de solidarité et d’indignation face à cette injonction raciste. Un an après, elle témoigne : « Ça m’a piqué, ça m’a agacée. Je me suis dit que ce n’est pas normal que quelqu’un ose écrire ça et le mettre dans une enveloppe. » À quelques jours de la date anniversaire de cet événement et alors que l’enquête semble au point mort, Brigitte continue de tisser du lien… au sens propre comme au figuré.
Une réponse institutionnelle en demi-teinte
Brigitte Vumbi a immédiatement porté plainte, puis obtenu un rendez-vous avec le procureur de la République. Mais les investigations n’ont pu aboutir. « Il n’y avait pas de caméra, et la lettre avait trop été manipulée pour relever l’ADN. Le procureur m’a dit que c’était inadmissible, mais qu’il ne pouvait pas aller plus loin. » Aucun autre acte similaire n’a été recensé dans le quartier. Brigitte préfère ne pas chercher elle-même l’auteur. « J’ai laissé la police faire son travail. Ce n’était pas le plus important. »
De son côté, suite à l’émoi suscité par ces faits, le maire RN de Perpignan déclarait vouloir faire un signalement auprès du procureur. « J’assure cette dame de tout mon soutien et de toute mon affection et j’espère que les commanditaires seront rapidement trouvés et sévèrement punis »
« Je suis assez solide, mais d’autres auraient pu avoir peur »
Plus que la peur, c’est la détermination qui s’est imposée. « Je me suis dit, j’ai de la chance, je suis bien entourée. Mais quelqu’un de plus fragile aurait pu être terrifié. » Elle décide alors de s’engager davantage : « En septembre, j’ai adhéré à SOS Racisme, et aussi à Idem question de genre. Et je milite, des deux côtés. » Sa réponse ne s’arrête pas là. Sur le pas de sa porte, elle entretient une plate-bande fleurie. « C’est ma façon de dire non, je suis là et je reste là. Pas question que je parte de ma maison. »
Dans son quartier, aucune tension ne s’est manifestée après les faits. « Au contraire, les gens sont venus me parler. Ils se sont sentis concernés eux aussi. La lettre parlait d’eux, de soi-disant « voyages » qu’ils voudraient faire. Elle ne visait pas que moi. » Brigitte se dit d’autant plus choquée qu’elle ne connaît pas de conflit local. « Je dis bonjour, bonsoir, je n’ai eu de problème avec personne. Ça venait sûrement de quelqu’un de solitaire, de jaloux peut-être. »
Du crochet pour tisser du lien
Son dernier projet : un yarn bombing à Perpignan, ces installations de tricot coloré dans l’espace public. « Je veux montrer qu’on tisse du lien, qu’on existe. » Elle prévoit de créer une association pour porter cette initiative à grande échelle. Aujourd’hui, Brigitte Vumbi est plus engagée que jamais. « Ce courrier, il m’a encore plus ancrée dans la vie d’ici. Je ne me laisserai pas faire, je n’ai pas peur, et je continuerai à m’exprimer. »
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