Article mis à jour le 21 septembre 2024 à 11:54
[Exclusivité Made In Perpignan]. L’hôpital pourrait bientôt acquérir un statut unique en France. Chaque été, les urgences débordent, et si le problème est multifactoriel, le manque de personnel médical en est l’une des composantes. Le surclassement du premier centre public de santé des Pyrénées-Orientales en CHU (Centre hospitalier universitaire) pourrait être l’une des réponses.
Mais ce n’est pas si simple, et il faut souvent un long parcours pour franchir les étapes qui permettent à un hôpital de rajouter un U à sa terminologie. Le dernier en date, Orléans est devenu centre hospitalo-universitaire après plusieurs décennies d’attente. Les Catalans attendront-ils leur CHU aussi longtemps que la ligne à grande vitesse qui relie Paris à Perpignan ?
L’activité de l’hôpital de Perpignan justifie son évolution
Toutes les voix vont dans le sens d’une nécessaire évolution de l’établissement de Perpignan. Chaque année, l’hôpital comptabilise 86 000 entrées de patients, 77 000 passages aux urgences et plus de 2 000 naissances. « Ce type d’indicateur est très positif », selon le sénateur Jean Sol. Jusqu’en 2017, Jean Sol était cadre de santé à l’hôpital de Perpignan, il connaît donc les rouages de la machine. « Il y a 20 ou 30 ans, les directions de l’hôpital nous parlaient déjà du passage en CHU ! ». Faudra-t-il attendre 20 ou 30 ans de plus pour que les moyens alloués à un établissement devenu CHU arrivent à Perpignan ?
Compte tenu des budgets de l’État plus que contraints, l’ensemble des acteurs de ce dossier semblent avoir fait le deuil d’un passage franc de l’hôpital de Perpignan vers un CHU. Mais des alternatives existent. Et à défaut, Barthélémy Mayol, directeur depuis fin 2020, travaille pour que son établissement devienne à moyen terme un « Centre hospitalier universitaire de territoire ».
L’hôpital de Perpignan forme déjà les étudiants en médecine à partir de la 4e année
Depuis son arrivée à Perpignan, Barthélémy Mayol travaille sur « l’universitarisation » de l’hôpital. L’objectif est de pouvoir accueillir les étudiants en médecine durant leur cursus de formation. Et depuis 2021, l’hôpital de Perpignan et la faculté de médecine ont signé une convention permettant à l’établissement de santé de recevoir chaque année des étudiants. Une vingtaine d’externes* en 4e, 5e ou 6e année, qui n’ont pas encore passé le concours d’internat, y sont formés.
Selon les calculs de Barthélémy Mayol, « sur une année, plusieurs centaines de futurs médecins vont passer par l’hôpital de Perpignan et vont connaître le territoire. Pour nous, cela participe à la fois à la qualité de la formation et à la reconnaissance du territoire. » Jusque-là, seuls les internes pouvaient pratiquer à Perpignan. En ce moment, une centaine d’internes pratiquent par exemple la médecine générale ou la cardiologie.
En France, l’hôpital de Perpignan serait le premier à inaugurer la catégorie « CHU de territoire »
L’objectif après cette convention d’accueil des externes est d’aller vers un classement en CHU de territoire. Après les Centres hospitaliers régionaux, les Centres hospitalo-universitaires, l’hôpital de Perpignan serait le premier à inaugurer cette catégorie en France. « Notre projet est de développer des relations d’universitarisation territorialisées et participer à la formation, à l’enseignement, et évidemment à la recherche. Car en collaboration avec la faculté de médecine, nous avons une entité de recherche qui travaille sur l’hôpital. »
Pour le directeur, l’intérêt de cette stratégie est multiple. « C’est un moyen pour que les jeunes médecins qui sont en cursus de formation connaissent notre territoire. Et qu’ils soient en contact avec les médecins d’ici. Cela va aussi contribuer à la qualité de leur formation, et cela peut aussi influer sur leur implantation future sur le territoire. »
Des enseignants en médecine co-financés par l’ARS et la Région attendus dès novembre 2024
Du côté du conseil régional, la nécessité d’universitarisation de l’hôpital n’est plus à démontrer. Sur l’ensemble de la région, une vingtaine de postes de chefs de clinique (le plus petit échelon de médecin universitaire) sont attendus, dès novembre 2024. Un effort budgétaire partagé entre la Région Occitanie et l’ARS, précise Vincent Bounes, Vice président en charge de la santé. « Je ne sais pas s’ils seront là dès novembre, mais il y en aura à Perpignan, c’est certain », confie celui qui est lui-même professeur des universités et praticien hospitalier. Vincent Bounes confirme accompagner la dynamique enclenchée par l’hôpital de Perpignan. Selon l’élu, cela permet d’attirer des praticiens sur le territoire et de répondre à un besoin d’offre de soins sur les Pyrénées-Orientales.
L’ouverture de l’hôpital de Perpignan comme terrain de formation pour les futurs médecins pourrait-il améliorer la qualité de leur formation ? Selon le directeur Barthélémy Mayol, la fin du numerus clausus en 2020 a permis d’ouvrir largement le nombre de places dans les facultés de médecine. Quatre ans plus tard, les étudiants sont plus nombreux à se presser dans les CHU pour valider leur stage.
En moyenne, la hausse du nombre d’étudiants est de 20% chaque année, d’où la nécessité de développer les terrains de stage pour éviter une trop grande concentration des étudiants dans les 32 CHU déjà labellisés.
L’université de Perpignan travaille aussi sur son offre de formation santé
Lors de sa conférence de presse de rentrée, le président Yvan Auguet rappelait que « la faculté de médecine était historiquement à Montpellier et qu’elle n’en bougerait pas. » Néanmoins, pour le président de l’université, « la question de la formation aux soins et à la santé était un sujet d’avenir pour le territoire. » Pour pallier le manque de personnels en lien avec les activités de santé au sens large, l’université de Perpignan a choisi de développer les Licences Accès Santé. Le Président de l’université de rappeler que 56 étudiants issus de l’ensemble des composantes de l’UPVD et passés par la licence accès santé (LAS) ont intégré, en 2023-2024, une formation médicale : médecine, pharmacie, odontologie, ou désormais kiné à l’hôpital de Perpignan.
En effet, la Région travaille également avec l’université pour ouvrir de nouvelles filières para-médicales. Depuis la rentrée 2024, l’Institut Méditerranéen de Formation aux Métiers de la Santé de l’hôpital a ouvert une filière pour former des masseurs-kinésithérapeutes. « Perpignan est un territoire très important pour la formation des jeunes. »
La sénatrice Lauriane Josende porte l’idée du CHU auprès de l’ensemble des acteurs
Parmi les sujets qui remontent régulièrement aux oreilles de la sénatrice, la difficulté pour les habitants des Pyrénées-Orientales à accéder à un médecin. Lauriane Josende a donc choisi de prendre ce sujet à bras-le-corps et de militer pour que les étudiants en médecine puissent suivre une partie de leur cursus à l’hôpital de Perpignan. Selon l’entourage de la sénatrice, s’ils font leur internat à Perpignan ou aux alentours à un âge où ils commencent à tisser des liens familiaux, il est possible qu’ils choisissent de s’implanter sur le territoire. Ce qui représente un vivier potentiel de médecins pour les Pyrénées-Orientales.
L’objectif de la sénatrice est de faire en sorte que l’ensemble des acteurs susceptibles d’aller dans le sens du CHU pour le territoire se rencontrent et échangent. Au-delà de provoquer des rencontres, Laurianne Josende a déjà parlé du projet au directeur régional de l’ARS qui serait prêt à soutenir l’universitarisation de l’hôpital.
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