Article mis à jour le 2 janvier 2024 à 15:26
Dans les Pyrénées-Orientales, les Restos du cœur s’alarmaient déjà à la fin de l’été du niveau bas de leurs stocks. Les bénévoles s’inquiétaient aussi du nombre d’étudiants contraints de faire appel à l’association.
Dans ce paysage solidaire, les institutions et notamment l’État ont mis en place de nouveaux dispositifs et notamment le repas à 1€. En décembre 2022, les étudiants défilaient devant les distributions d’aides alimentaires. Un an plus tard, la situation reste inchangée. Et avec l’inflation, le nombre de bénéficiaires ne cesse de croître.
Au Resto U’ de Perpignan, le Crous a servi 156.000 repas en 2023
Acteur majeur de la vie étudiante, avec un budget annuel de deux millions d’euros, le Crous* régional participe activement à l’alimentation des étudiants de Perpignan. Selon le service communication du Crous Montpellier, le nombre de repas servis en 2023 au RU de Perpignan est de 156.000, 280 000 pour l’ensemble des sites ; une progression de 13,4% par rapport à 2022. À Perpignan, plus d’un tiers des 9.500 étudiants sont boursiers, au niveau national, ils sont 700 000 à bénéficier de ce statut.
L’antenne perpignanaise du Crous, le Centre local d’œuvres universitaires et scolaires propose le repas à 1 € pour les étudiants boursiers et les étudiants en situation de précarité. Selon Lorine Chauchard, responsable de communication du Crous Montpellier, en complément du repas à 1€, «des distributions alimentaires sont proposées tous les mardis et jeudis par le Secours populaire au sein de la cité universitaire Moulin à vent.»
Océane, étudiante à l’Université via Domitia de Perpignan se réjouit de cette aide. « La viande ça coute très cher, avec un euro je peux en manger au moins une fois dans la semaine ». Pour Océane, comme pour d’autres, il n’y a pas de petites économies.
La « Cafet’Bu » sur le campus de Perpignan, une initiative presque parfaite
À l’Université Via Domitia de Perpignan, la « Cafet’Bu » propose un service de restauration en semaine de 18h à 21h. Tout étudiant peut venir chercher son dîner mais la règle est simple : premier arrivé, premier servi. Ce soir-là, devant la Cafet’Bu, nous croisons des étudiants boursiers, non-boursiers, et ceux identités par l’administration comme étant « en situation précaire ». Une quinzaine qui viendrait tous les soirs. Pour eux, les repas sont gratuits.
Selon nos informations, le nombre de repas servis tous les soirs est de 120. Une quantité insuffisante par rapport aux besoins réels des étudiants. Preuve en est, après avoir écoulé tous ses repas, la petite cafétéria près de la BU a déjà fermé ses portes à 20h. La bibliothèque universitaire fermant à la même heure, ce sont des étudiants surpris qui font face aux grilles de la Cafet’Bu. Entre étudiants, les propositions fusent. « Mcdo ? » peut-on entendre parmi un groupe. Une offre vite déclinée car encore trop cher pour certains.
Le Crous, une victime par ricochet ?
Manque de moyens alloués par le Crous pour faire face aux besoins des étudiants précaires ? Nous avons questionné le service communication du Crous qui nous répond :
« Il est dans l’ADN du CROUS d’accompagner les étudiants, (…). À ce jour les effectifs répondent à la demande de repas supplémentaires que l’offre à 1 euro génère, mais nous sommes à notre maximum de capacité de production compte tenu de nos installations et de l’équipe. Avec la livraison pour septembre prochain de la Cafétéria Mailly en centre-ville nous travaillons déjà sur l’organisation de la prise en charge de cette nouvelle structure et des besoins en production supplémentaires. ».
Malgré les dispositifs, les étudiants sont à la peine pour manger
En plus des dispositifs à 1€, et des distributions mises en place par le Secours populaire, Lorine Chauchard insiste sur la disponibilité des équipes du service social de Perpignan. «L’équipe du service social est également à la disposition des étudiants en cas difficulté tout au long de l’année. Elle peut dans certains cas accompagner les étudiants. Et selon la situation, débloquer des aides financières adaptées (don d’urgence, gratuité ponctuelle du repas, mobilisation des fonds du FSDIE et de l’ASAP…). Elle accompagne également l’étudiant au-delà de l’aspect financier et l’oriente vers nos partenaires en fonction des difficultés (SSE, Soutien psychologique, Secours Populaire, Resto du Cœur…)»
En plus d’un accompagnement social, l’établissement public apporte une aide concernant la gestion financière liée aux études. «Le Crous est l’opérateur d’état qui gère la gestion des bourses sur critères sociaux, dont les barèmes ont été revalorisés. Le cœur de métier du réseau des Crous est d’accompagner les étudiants, notamment ceux qui sont les plus en difficultés.» Selon des chiffres publiés en 2020, en France les Crous distribuent 69 millions de repas par an. Les actions en faveur des étudiants sont autofinancées. Les bénéfices de la branche logement étudiant viennent composer les déficits sur le volet restauration.
*Crous : Centre régional des œuvres universitaires et scolaires
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