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Vrai ou Faux ? Les chiffres Covid-19 expliqués à mon chat (qui comprend tout)

Jean Castex annonce le couvre-feu dans 38 départements de France © Arnaud Le Vu / MiP

Article mis à jour le 26 octobre 2020 à 16:59

IIl existe deux sources pour estimer le nombre de décès liés à la Covid-19 :

  • Les données publiées par Santé Publique France (SPF). Ces données proviennent des centres hospitaliers participant à SI-VIC3 ; et des signalements liés à la Covid-19 dans les établissements sociaux et médico-sociaux – soit essentiellement les EHPAD.
  • Les données publiées par l’INSEE. Elles se fondent sur les décès enregistrés par les mairies dans l’État civil.

Complémentaires l’une de l’autre, ces deux sources présentent chacune des avantages et des inconvénients. Comment s’y retrouver et mieux comprendre ces données sanitaires ? Réponse sous la forme d’un petit Vrai-Faux.

♦ Les chiffres Santé Publique France sont les plus fiables car plus élevés que ceux de l’INSEE ! FAUX

Ces données ne proposent qu’une estimation incomplète de la surmortalité liée à la Covid-19. Les données de Santé Publique France (SPF) – largement relayées par les médias – présentent l’avantage d’être publiées quotidiennement et de suivre l’évolution de l’épidémie presque en temps réel (décès enregistrés la veille).

  • Le nombre de décès publié chaque jour par SPF ne prend sans doute pas en compte tous les décès de patients infectés par le coronavirus ; seuls les décès survenus à l’hôpital et une partie des décès en EHPAD4, mais pas les décès à domicile. Il est possible également que certaines personnes décèdent sans avoir été testées.
  • Le décès de tout patient diagnostiqué porteur du virus a été affecté à la Covid-19 ; y compris lorsque le patient était affecté par une comorbidité suffisamment grave pour provoquer à elle seule son décès. Une partie de la mortalité liée habituellement à ces comorbidités a ainsi pu être attribuée au coronavirus.
  • Ce décompte n’évalue que la mortalité liée directement à la Covid-19 ; et non l’impact indirect de la situation sanitaire exceptionnelle (notamment au printemps) sur d’autres pathologies ou causes de décès.

♦ Les données INSEE rendent moins comptent de la situation en temps réelle ! VRAI

Les chiffres de l’INSEE présentent l’inconvénient d’être disponibles avec un peu de retard. La remontée des données en provenance des mairies à l’INSEE quasi définitives, complètes à 99 %, est en effet disponible environ 6 semaines après les décès enregistrés à l’État civil. 

  • Les données permettent d’estimer globalement la surmortalité liée à la situation sanitaire. Elles calculent la différence entre le nombre de décès en 2020 et celui du même jour en 2019 ; quelle que soit leur cause. Ces données permettent donc de prendre en compte l’ensemble des effets directs et indirects de la crise sanitaire sur la mortalité.
  • Les dernières données publiées par l’INSEE, qui datent de fin septembre, permettent de mesurer sans biais la surmortalité liée à la situation sanitaire entre le 1er mars et le 31 juillet 2020. Cette période correspond justement à la première vague épidémique.

La surmortalité calculée à partir des données INSEE prend en compte non seulement les décès liés à la pathologie Covid, mais aussi des effets indirects négatifs ou positifs de la crise sanitaire.

♦ Les chiffres de SPF et de l’INSEE se contredisent ! FAUX

La courbe du nombre quotidien de décès liés à la Covid-19 de SPF présente une forme analogue à celle de la surmortalité l’INSEE ; avec un pic d’environ 1 000 décès par jour début avril, suivie d’une diminution rapide jusque début mai. La courbe de SPF est décalée de quelques jours par rapport à celle de l’INSEE. Ce phénomène s’explique par :

  • La transmission des décès à SPF avec quelques jours de retard,
  • Le sous signalement des décès Covid en début d’épidémie,
  • L’attribution à la Covid-19 de décès qui seraient survenus sans Covid en avril-mai.

Au total, entre le 1er mars et le 31 juillet, Santé Publique France a ainsi comptabilisé 30.224 décès attribués à la Covid-19, dont 19 750 décès à l’hôpital et 10 474 en EHPAD alors que la surmortalité globale entre le 1er mars et le 31 juillet dépasse à peine 25.000 décès d’après les données INSEE.

♦ Il y a eu une sous-mortalité pendant le confinement ! VRAI mais incomplet

Les données de surmortalité INSEE montrent ainsi que la crise sanitaire a engendré de la sous-mortalité. Ce phénomène ne vient qu’en partie compenser la surmortalité directement liée aux décès de personnes infectées par le virus. Cette sous-mortalité concerne principalement les hommes de moins de 50 ans ; et pourrait provenir de :

  • La diminution des activités économiques ou de loisirs, notamment pendant le confinement ; diminution qui aurait pu induire une diminution du nombre de morts accidentelles.
  • Des gestes barrière qui réduisent les infections liées à d’autres agents pathogènes que le coronavirus.
  • Dans certains cas, la Covid-19 n’aurait fait qu’accélérer la fin de vie de certains patients atteints de graves morbidités ; d’où une surmortalité en mars-avril suivie d’une sous-mortalité de mai à juillet.

♦ Le virus de la grippe ou la canicule ont été plus mortels que la Covid-19 ! FAUX

Les épidémies récentes, notamment celle de 2014-2015, ont contribué au ralentissement de la progression de l’espérance de vie entre 2014 et 2019. Mais elles n’ont pas conduit à un choc d’ampleur comparable à la crise de la Covid-19. La surmortalité liée aux grippes saisonnières est seulement de l’ordre de 10 000 décès. 

Un événement plus marquant des vingt dernières années a été la canicule d’août 2003. Cette dernière a conduit à un pic intense mais bref vers le 10 août, de sorte que la canicule n’a occasionné qu’environ 15 000 décès supplémentaires, soit moins que la crise de la Covid-19.

Plus loin dans le temps, l’épidémie de grippe de Hong Kong avait provoqué en décembre 1969 – et dans une moindre mesure en janvier 1970 – une surmortalité d’ampleur comparable à la crise de la Covid-19. Il est cependant difficile de rapprocher le nombre de décès à 50 ans d’intervalle, car depuis la population française a augmenté et a vieilli. Par ailleurs, comme il n’y avait eu à l’époque ni gestes barrière ni mesures de confinement, il est difficile d’effectuer sur ces bases une comparaison de la virulence du coronavirus relativement au virus de la grippe. 

♦ Origine des données :

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Arnaud Le Vu