Article mis à jour le 17 décembre 2023 à 11:40
L’Institut National de la Statique et des Etudes Economiques (INSEE) a réalisé une étude sur la perte d’autonomie des seniors qui vivent à leur domicile. À horizon 2030, une projection prévoit le doublement de la population des plus de 85 ans dans notre département, soit 13 400 personnes. Une population qui à 67% fait face à des difficultés motrices.
Tandis que les plus de 60 ans représentent aujourd’hui plus du tiers de la population des Pyrénées-Orientales. Dans la grande région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée, 7,1% des seniors à domicile sont en perte d’autonomie selon l’étude Vie Quotienne et Santé*. Un score qui prend en compte, les difficultés physiques, cognitives mais aussi l’état de santé général des seniors. En France métropolitaine, la part de seniors à domicile en perte d’autonomie est particulièrement élevée dans les Hauts-de-France (7,5 %), en Corse (7,4 %), en Occitanie (7,1 %) et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (6,8 %)
En 2014, un quart des personnes vivant en Occitanie a plus de 60 ans
Notre région est ainsi la 5ème région de France avec la plus forte population de seniors, 1,6 million de personnes. Seulement 5% d’entre eux vivent en institution (maison de refaire, établissement de soins de longue durée…). Entre 75 ans et 84 ans, ils sont 96% à vivre à domicile, quant à 85 ans, 20% d’entre eux intègrent une institution spécialisée. Le sentiment d’être en mauvaise santé croit fortement au delà de 85 ans, avoisinant les 35%.
L’étude révèle que : « Parmi les seniors se déclarant en mauvaise santé, certains doivent faire face à des limitations fonctionnelles. Il peut s’agir de limitations motrices comme des difficultés pour marcher, pour monter un escalier, pour ramasser un objet…, de limitations sensorielles (voir, entendre…) ou cognitives (mémoriser…). En Occitanie, un quart des seniors déclarent rencontrer au moins l’une de ces limitations (406 000 personnes) ». Après 85 ans, les femmes évoquent bien plus souvent des limitations fonctionnelles que les hommes, notamment des difficultés motrices.
Les conséquences de la perte d’autonomie à domicile
Selon l’étude publiée ce jour par l’INSEE, 7 à 9 % des seniors en perte d’autonomie ne bénéficient d’aucune aide à domicile. La grande majorité bénéficiant de l’aide combinée de leur entourage et d’un professionnel. Dans les Pyrénées-Orientales, 11 240 personnes bénéficient de l’Aide Personnalisé à l’Autonomie soit 14% des personnes âgées, pour un montant total de 50,9 M€.
Ce sont les limitations physiques qui sont les plus citées dans cette enquête. Les limitations liées à la mobilité (marcher et monter un escalier, se pencher et ramasser un objet) concernent davantage de personnes que les limitations touchant à la manipulation ou la souplesse (se servir de ses doigts et lever le bras). Ces limitations affectent 20% des 60, 75% ans, après 75 ans, ils sont 35% à souffrir de ces troubles.
Les limitations sensorielles après correction (c’est-à-dire avec lunettes, lentilles, appareils auditifs, etc.) sont un peu plus présentes chez les hommes que chez les femmes : 12 % chez les hommes de 60 ans ou plus contre 11 % chez les femmes de 60 ans ou plus. Par ailleurs, les difficultés pour entendre sont plus fréquentes que les difficultés pour voir, surtout chez les 75 ans ou plus.
Les limitations cognitives sont moins fréquentes que les limitations physiques et sensorielles : 8 % chez les 60 ans ou plus. Les difficultés pour se souvenir des choses importantes et pour résoudre les problèmes de la vie quotidienne sont les limitations cognitives les plus répandues : 2 % chez les 60-74 ans et 10 % chez les 75 ans ou plus.
Les difficultés sociales, facteur aggravant de la perte d’autonomie
Les régions Pays de la Loire et Bretagne, ayant les plus faibles proportions de seniors en perte d’autonomie à domicile, sont également moins touchées par les difficultés sociales. Les taux de pauvreté par tranches d’âge y sont inférieurs à 8 %, chez les seniors de 60 ans ou plus, alors qu’ils atteignent 17 % en Corse.
Ainsi, les seniors en perte d’autonomie des régions Pays de la Loire et Bretagne ont plus facilement accès à l’institution, du fait du nombre de places disponibles, mais aussi de leurs capacités financières. Ces deux régions sont également celles où les seniors se déclarent le plus fréquemment en bon état de santé général. En revanche, dans les Hauts-de-France, en Occitanie et en Corse, régions les plus concernées par la perte d’autonomie à domicile, les taux de pauvreté des 60 ans ou plus sont plus élevés et l’état de santé des seniors est moins bon que la moyenne nationale.
Quand la perte d’autonomie devient incompatible avec le maintien à domicile
Alors que les conditions d’accueil des résidents et les conditions de travail dans les EHPAD (Etablissement d’Herbement de Personnes Agées Dépendantes) se sont considérablement aggravé, le maintien à domicile reste le premier choix des seniors. Au delà de 85 ans la perte d’autonomie s’accentuant, il devient cependant nécessaire d’intégrer une structure. Plus de 1000 places ont été ouvertes dans ces structures sur les 10 dernières années, ce sont désormais les personnels soignants qui manquent pour une prise en charge correcte au sein des EHPAD. Revoir notre article sur la situation actuelle des EHPAD dans les Pyrénées-Orientales.
*La perte d’autonomie est mesurée par le « score VQS », qui synthétise les diverses difficultés rencontrées par les personnes âgées, à partir des questions de l’enquête VQS portant sur leurs capacités fonctionnelles (« La personne a-t-elle des difficultés pour voir, même avec ses lunettes ou lentilles de contact si elle en porte ? »), leurs difficultés quotidiennes (« A-t-elle des difficultés pour sortir de son logement ? ») et leur état de santé général (« La personne a-t-elle une maladie ou un problème de santé qui soit chronique ou de caractère durable ? »). Un senior déclarant de fortes difficultés pour de nombreuses activités aura un score VQS élevé et sera considéré en situation de perte d’autonomie. L’enquête VQS ne permet pas d’estimer la dépendance selon la grille AGGIR (Autonomie, gérontologie, groupes iso-ressources), utilisée pour accorder l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), ni selon d’autres grilles, comme celles de Katz ou de Colvez, mais elle permet de l’approcher.
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