Article mis à jour le 21 août 2023 à 18:49
Ce 21 août, Carles Puigdemont, Pere Aragonès, Quim Torra, José Montilla et Jordi Pujol se sont rendus à Saint-Michel de Cuixà dans le cadre des 50 ans de la disparition du musicien et fondateur du festival éponyme Pablo Casals. Photo Gemma Tubert & Aleix Freixas / ACN.
Carles Puigdemont en France malgré la levée de son immunité parlementaire
L’ancien président de la Generalitat, Carles Puigdemont, était ce lundi 21 août en Catalogne du Nord. C’est la première fois depuis que le tribunal de l’union européenne a levé son immunité parlementaire que celui qui est poursuivi par l’État espagnol pour sédition assiste en personne à un événement en Catalogne du Nord. Alors qu’en théorie, il risquerait une arrestation, le juge de la Cour suprême espagnole Pablo Llarena a décidé d’attendre que l’appel de la décision du Luxembourg soit jugé, avant de délivrer de nouveaux mandats d’arrêts internationaux.
Une photographie historique réunissant cinq présidents de la Generalitat
Cette réunion inédite de cinq présidents de la Generalitat a attiré plus d’une soixantaine de médias. Et des milliers de participants ont assisté à l’événement organisé dans le cadre de l’Université catalane d’été. Lors de leurs prises de parole à la tribune, Carles Puigdemont, Pere Aragonès, Quim Torra, José Montilla et Jordi Pujol ont tous revendiqué la figure de Pau Casals. En guise d’introduction, le professeur d’histoire de la musique à l’Université de Barcelone, Jaume Carbonell a passé en revue la figure de Casals.
Selon Jordi Pujol, «un pays sans langue, sans histoire et sans mémoire se désintègre»
Jordi Pujol a rappelé l’importance de défendre «la langue comme clé essentielle de l’identité» et assuré que le catalan se trouve dans une «situation critique.» Celui qui fut président de l’assemblée régionale catalane durant plus de 23 ans a déclaré qu’une société sans langue, culture et mémoire «se désintègre» purement et simplement.
Dans le cadre des négociations menées actuellement entre Carles Puigdemont et le premier ministre espagnol Pedro Sanchez, Jordi Pujol a tenu à rappeler l’«énorme défi» actuel. «Nous avons aussi l’obligation de maintenir notre identité tout en restant ouvert sur le monde et tous ceux qui vivent en Catalogne ». Durant ses mandats à la tête de la Generalitat, Jordi Pujol fut l’un de ceux qui à le plus œuvré pour le catalan et notamment à l’école.
Quand le violoncelliste Pau Casals devient prétexte à défense de la Catalogne
Président de la Generalitat de 2006 à 2010, l’ancien président José Montilla a également fait l’éloge de la figure de Casals, «l’un des noms les plus universels de la culture catalane.» Montilla a également évoqué le moment crucial que vit actuellement la Catalogne. «J’espère que ceux qui croient qu’il n’y a qu’une seule façon de comprendre l’Espagne admettront que la diversité est une richesse à protéger. (…) Une nation ne peut se construire en refusant leurs droits à une partie de ses citoyens sous le prétexte qu’ils perçoivent l’identité nationale différemment.»
Malgré les huées et les appels à l’indépendance prononcés par une partie du public, José Montilla espère qu’ensemble, ils seront «capables de résoudre les problèmes non pas par la confrontation mais par le dialogue et le consensus.»
Pour Quim Torra, il s’agit d’une question de liberté «indivisible» . Selon le président de la Generalitat de 2018 à 2020, «soit vous êtes libres, soit vous ne l’êtes pas.» Il a également regretté que Pau Casals, pourtant cité pour recevoir le Prix Nobel de la Paix, n’ait pas reçu cet honneur en 1958.
Pour Pere Aragonès, président en fonction depuis 2020, le conflit en Catalogne n’est pas «causé par la répression, mais parce que la Catalogne ne peut décider librement» de son avenir.
Les déclarations de Carles Puigdemont scrutées de l’autre côté des Pyrénées
Dans le cadre des négociations pour son maintien à la tête du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez négocie âprement avec les indépendantistes en général et Carles Puigdemont en particulier. Il a récemment obtenu une mesure symbolique en échange du vote des indépendantistes à la candidature de la présidente de l’Assemblée espagnole. Ainsi lors de son premier discours, Francina Armengol annonçait que le catalan, le basque et le galicien, qui ont déjà le statut de langues officielles en Espagne, pourront désormais être utilisés au Congrès. Lire notre article sur le sujet.
L’ancien président Carles Puigdemont a défendu le «devoir de rechercher des solutions pour le pays, pour la langue et pour son peuple», balayant d’un revers de main les accusations d’ambitions personnelles. À propos de Pau Casals, Puigdemont a déclaré : «Aucun des actes de Pau Casals n’avait d’arrière-pensée pour lui-même. Nous avons le devoir de continuer à faire de même.».
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