Article mis à jour le 14 février 2022 à 15:54
Parmi les 20 policiers municipaux qui font les nuits à Perpignan, 18 ont fait le choix de faire grève pour se faire entendre par Louis Aliot. Jusqu’au dernier moment, ils ont attendu un geste de la direction, ou du maire. « Il aurait pu venir nous voir pour parler avec nous ». Au lieu de cela, Louis Aliot a, dans l’après-midi, convoqué une conférence de presse visiblement agacé par cette grève qu’il qualifie de « coup politique » à quelques encablures de la Présidentielle.
♦ La prime de la discorde
Les policiers grévistes n’en démordent pas, une prime de 300€ leur a été promise à plusieurs reprises pour attirer les volontaires et constituer la brigade de nuit. « La mairie avait d’abord fait un appel à volontaires sans préciser les conditions, mais personne n’avait répondu à l’appel » et c‘est seulement quand ils ont précisé les conditions et notamment cette prime que les agents se sont fait connaître nous confie un des « nuiteux ».
Questionné sur cette prime, le maire rétorque : « C’est quoi la preuve ? Quelle est cette promesse ? Où a été faite cette promesse ? Y a-t-il un écrit où je dis, « Je vous promets de »? Ils ont déjà des conditions de travail choisies sur la base du volontariat, il n’y a pas de mensonge. Après, si on peut faire mieux demain, on le fera. Mais nous devons tenir compte de la situation des finances ».
Pour rappel, c’est grâce à une forte volonté politique que les brigades de nuit ont été mises en place en novembre 2020. Les brigades de nuit (de 20h30 à 6h30) se composent de 2 équipes de 10 agents de terrain. Et 2 équipes d’agents affectés au poste de contrôle pour recevoir les appels et surveiller les écrans de contrôle des plus de 250 caméras de vidéo protection de Perpignan. Les policiers municipaux en grève nous confient.
« Pour la création de la brigade de nuit, on nous a demandé de nous porter volontaires, sans, dans un premier temps nous indiquer les modalités. Puis on nous a dit à l’oral et par mail, que l’on percevrait une prime de 300€ net mensuel par rapport au travail en journée. Ce qui nous semblait logique par rapport au travail qu’on allait fournir et aux profils auxquels on allait être confrontés. Sauf que dès le premier salaire, la prime s’élevait à 140€ et non à 300€ ».
♦ Quand le conseil Municipal fait monter la moutarde au nez des « nuiteux » de Perpignan
Les agents avaient déposé un préavis de grève pour le 23 janvier. Une grève qui s’est finalement soldée par un simple débrayage. Ce jeudi 10 février à minuit, les agents nous confiaient s’être sentis « humiliés » par les propos tenus lors du conseil municipal du 3 février dernier. François Dussobat, élu aux ressources humaines, de qualifier ainsi le mouvement du 23 janvier : « Ce qui est arrivé, ce n’est rien, il n’y a pas eu de grévistes. Il n’y a pas eu de grève ».
Louis Aliot d’enchaîner, il n’y a pas eu de grève et aujourd’hui le service est assuré. L’adjoint aux ressources humaines revient sur la prime de 300€ qui aurait été promise « par qui, quand, comment ?. Je suis en train de faire une enquête, car cet élément est apparu dans la presse, mais nulle part ailleurs. J’ai demandé que l’on me donne un moment ou quelqu’un aurait pu dire cela et la seule chose que l’on m’a montrée c’est un fil WhatsApp interne à la police ».
Cet échange entre Louis Aliot, François Dussobat et Chantal Bruzi ancienne élue à la sécurité sous le mandat de Jean-Marc Pujol a ulcéré les agents qui ont déposé un nouveau préavis de grève, cette fois reconductible. « Une action sera menée en date du vendredi 11 février !! Avec la mise en place d’une réelle grève des agents de nuit de la Police Municipale. IL S’AGIT DE LA SEULE FAÇON DE SE FAIRE ENTENDRE !! »« .
♦ Une campagne d’affichage entachée par la grève des nuiteux
Depuis quelques jours, les panneaux d’affichage de la ville regorgent du slogan « Votre sécurité, Notre priorité ». Une campagne de communication qui décline les actions menées depuis le début du mandat, ouverture de 5 nouveaux postes de polices dans les quartiers, mise en place du dispositif voisins vigilants, l’augmentation des effectifs ou du nombre de caméras de vidéosurveillance et surtout une police municipale disponible 7j/7 et 24h/24.
Mais les agents de nuits se désolent. « Je ne sais pas s’ils accepteraient de travailler la nuit pour un salaire de 1900€ ». Cet autre agent de rappeler que le travail de nuit chamboule les vies de toute la famille et que cela mérite une revalorisation par rapport à celui de jour. En plus des agents sur le terrain, les agents de nuit au poste de contrôle, eux ne perçoivent que 0,97 centime de plus par heure de nuit travaillée.
« La seule différence par rapport à quand on travaillait de jour, c’est la hausse du nombre d’appels et le ton des gens qui appellent. Avec tout le battage médiatique sur la sécurité, les gens pensent qu’on doit être devant chez eux dans la minute. Et quand on a déjà 5 interventions avant, parfois ils s’énervent ». Á ce jour, les agents grévistes semblent déterminés à poursuivre le mouvement malgré le comité technique décidé pour le 24 février. « Pour le moment, on n’est pas dans le dialogue. Avant qu’on en arrive là, il y avait du dialogue effectivement.
Par exemple, en septembre dernier, quand il y a eu la remise de médailles et des félicitations, lors du repas qui a suivi, où le maire était présent, le directeur nous a bien dit qu’il ne fallait pas nous inquiéter et qu’ils réfléchissaient à savoir comment nous verser le reste de la prime de 300€. Alors oui certes, il n’y a pas d’écrits, mais ça a été dit et maintenu pendant un an (…). Depuis le début, on nous dit de patienter, de ne pas nous inquiéter, mais on ne voit rien venir. Alors on en a marre ».
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