Article mis à jour le 6 mars 2025 à 09:23
Ce mercredi après-midi, nous avons suivi Mickaël, soigneur de l’aquarium d’Oniria à Canet-en-Roussillon. Requins, raies, poulpes, ou reptiles, chaque jour ou presque, plusieurs milliers d’animaux doivent être nourris. Dans la desserte du soigneur, mix de crevettes, calmars, haricots verts et courgettes sont au menu.
Après l’éveil des consciences en matière de connaissance du milieu aquatique, cet article est le deuxième de notre série : « Dans les coulisses de l’aquarium Oniria ».
Nourrissage des requins à Oniria, entre pédagogie et animation
Devant les épaisses vitres du bassin des requins, les familles se pressent pour assister au nourrissage de la dizaine de squales évoluant dans les 840 000 litres d’eau qui leur sont dédiés. Dans la salle, face au public, Mikaël, soigneur, commente les différentes étapes ; et en coulisse Marc, plongeur dépose délicatement les calmars, et autres maquereaux à la surface de l’eau. Loin de l’image renvoyée par les films à sensations, sous la surface, Pamela, Fantomette ou Diablesse évoluent paisiblement et se saisissent de leur repas en toute quiétude.
La procédure est particulièrement codifiée, pour chaque séance de nourrissage, un secrétaire de séance indique qui a mangé quoi. Ainsi ce mercredi de février, Féroce a mangé 17 morceaux de poisson, dont du maquereau, de la raie, ou du congre. Quant à Diablesse, l’autre requin taureau, elle a ingurgité 15 pièces, dont de la seiche, du merlu et du poulpe.
Diablesse et Féroce sont les deux derniers requins arrivés à Oniria en 2023. À l’époque, Diablesse, la femelle mesurait 1,6 mètre, et Féroce, le mâle, plus de deux mètres. Ils ne mangent que le mercredi, le samedi et le dimanche, nous confie le conservateur Patrick Masanet.
Le « clapping » de la raie pastenague d’Oniria
Dans l’un des aquariums, d’Oniria, une raie semble agitée. Patrick Masanet nous confie qu’elle est l’un des individus les plus âgés du site. La raie pastenague vient de fêter ses 40 printemps ! L’animal d’une belle taille réalise des va-et-vient entre la surface et le sol recouvert de sable. En remontant à la surface, elle tape bruyamment avec ses nageoires. « Avec ses clappings, elle nous rappelle qu’elle est bien là et qu’elle a faim », précise Patrick Masanet.
À l’arrière du bassin des raies, le directeur scientifique nous détaille la filtration de l’eau. Cette eau qui semble cristalline pour le public doit subir plusieurs filtrations afin de conserver ses propriétés nécessaires à la vie des poissons et autres espèces. Une première filtration mécanique, via de grandes cuves de sable, permet de capter les déchets organiques (algues ou restes alimentaires).
Ensuite, place à la filtration biologique des polluants, de type azote, dangereux pour les poissons. Pour ce faire, l’eau transite par de grandes colonnes où vivent des bactéries qui se nourrissent de ces matières. Après ces deux opérations, l’eau subit une stérilisation par UV et une régulation thermique permettant de baisser ou d’augmenter la température de l’eau selon les besoins des animaux.
Quant à l’eau, elle est captée au large de Canet-en-Roussillon grâce à un système de drains, long de 265 mètres et enfoui profondément sous le sable.
Plusieurs jours de diète pour les poissons
Vers midi, Mickaël a déjà préparé l’ensemble des mets pour les animaux d’Oniria. Haricots verts, rondelles de courgettes, éperlans, moules, calmars en dés ou en lamelles, crevettes avec ou sans carapace, krill… Il y en a pour tous les goûts et surtout pour toutes les tailles de bouche. Pour le soigneur, « le plus gros risque est d’ordre diététique. » Ils auraient tendance à prendre du poids, d’où une vigilance toute particulière au rythme et au type d’alimentation. Les mercredis et les dimanches, le menu est particulièrement maigre. En effet, selon le soigneur, l’équipe cherche à stimuler le rythme naturel des animaux. « Dans la nature, il y a un combat pour la survie, y compris pour les herbivores. Dans l’aquarium, la nourriture tombe du ciel, ils ont tendance à trop manger. »
Il y a même des jours de régime, où les poissons ne mangent pas du tout. « Les truites par exemple peuvent vite devenir obèses. Parce que chaque fois qu’elles ont l’occasion de manger, elles se goinfrent. On est obligés de les restreindre. »
Mickaël a un bac + 5, mais c’est surtout son observation attentive des animaux qui l’aide au quotidien. « La base de notre métier, c’est l’observation, à la fois au moment du nourrissage, mais aussi du comportement général du poisson. En arrivant devant l’aquarium, il y a des signes. » Pour celui qui est aussi aquariologiste, et plongeur, l’interaction la plus forte se fait avec les poissons ballons ou les porcs-épics. « Ils pourraient même venir manger dans la main ! »
Au-delà du nourrissage, Mickaël est aussi impliqué dans la reproduction et notamment dans celle des méduses. « Tout ce que j’ai appris sur les aquariums, je l’ai appris par l’expérience et j’en apprends encore chaque jour, notamment en ce qui concerne la reproduction. »
Quand le poulpe se cache aux yeux des prédateurs
Au détour d’une allée, une famille semble attirée par les circonvolutions derrière la vitre d’un aquarium. Patrick Masanet s’approche et constate que « le poulpe est impatient, même énervé parce qu’il attend sa nourriture. D’habitude, il se met dans un espace qui ressemble à une petite grotte, et le soir, il met des cailloux devant pour former un bouclier », précise Patrick Masanet aux visiteurs.
Le conservateur d’Oniria nous confie le parcours de celui qui attend fébrilement son repas. « Il vient du port de Canet, et en septembre il faisait la taille d’une mandarine. » En ce mois de février, l’octopode mesure déjà près de 80 cm, autant dire qu’il a bien profité du régime Oniria. En septembre prochain, il fera environ douze kilos, s’enthousiasme Patrick Masanet et sera relâché au large.
« Chaque année, en septembre, nous récupérons un poulpe dans le port, puis on l’élève, on lui fait faire des exercices, et après une année on le relâche. Quand il repartira dans la nature, il saura faire des choses que ses copains n’ont pas apprises. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne saura pas attraper un crabe. »
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