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Les faux Terrus d’Elne au cœur de Grands reportages sur TF1

Lanceur d'alerte, faux Terrus d'Elne et reportage sur de TF1

Article mis à jour le 19 mars 2024 à 08:54

Ce 16 mars, TF1 diffusait un reportage sur le trafic d’œuvres d’art. Un 52 minutes, dont 18 consacrées aux faux Terrus révélés par l’historien de l’art Éric Forcada. À cette époque la mairie d’Elne entendait ouvrir son musée en hommage au peintre catalan Étienne Terrus. Or, 70% des œuvres signées par l’auteur de la fin du XIX se sont révélées fausses.

« Depuis quelques années, j’ai eu plus de faux entre les mains que de vrais »

Si le peintre considéré comme l’un des précurseurs du fauvisme a été la proie des faussaires, depuis la révélation de l’affaire des faux Terrus, Éric Forcada a été sollicité par de nombreux collectionneurs. «Mucha, Terrus, Bausil, les gens aiment les artistes du pays». Mais alors que réaliser un faux de Picasso ou Dali est presque impossible, les peintres avec une côte plus accessible sont aussi plus facilement copiés. « Pour un Terrus à 1.500 euros, on ne va pas financer une expertise à 5.000 euros », insiste l’historien de l’art. Selon Éric Forcada, le trafic de ces peintres pourrait atteindre 1,2 à 1,4 million d’euros de faux vendus.

Face à l’ampleur du nombre de contrefaçons, il a fallu lancer l’enquête et se replacer dans les pas de Terrus, aller voir les motifs, étudier l’histoire des paysages qu’il a représentés pour démontrer de manière claire la supercherie. Sur le terrain, Éric Forcada cherche des indices, photo d’une toile du peintre face au paysage qu’il est censé avoir représenté, l’expert montre le clocher de l’église de Collioure, et la digue du port construite dans la baie. Or, ce port et donc sa digue n’ont été construits qu’en 1968, et Terrus est mort en 1922.

«Il est donc impossible qu’on retrouve sur une œuvre de Terrus la digue du port de Collioure. C’est un petit trait sur une toile, mais il est extrêmement important car il disqualifie immédiatement la pièce», insiste l’expert. Selon Éric Forcada, l’ampleur de l’escroquerie dépasse tout ce qu’il imaginait et pourrait déstabiliser le monde des collectionneurs locaux.

Les équipes de TF1 ont filmé deux collectionneurs, qui ont sollicité Éric Forcada, pour vérifier s’ils possédaient un vrai ou une pâle copie. À l’œil nu, ou après un passage au scanner, ce collectionneur voit son tableau disséqué. Et l’intuition de l’expert semble se confirmer, son second Terrus est certainement un faux.

Le maire d’Elne et Éric Forcada espèrent l’ouverture prochaine du procès des faux Terrus 

Depuis la révélation de la vaste escroquerie, l’expert a reçu de nombreuses menaces. «On m’a dit qu’on s’attaquerait à mon travail, à ma famille… On veut vraiment me faire taire.» Avec un procès, Éric espère que les tensions s’apaiseront. Il sera alors plus aisé de parler à nouveau d’Étienne Terrus pour ses œuvres et non pas pour ses faux. Mais pour le moment, l’heure est encore aux mises en examen.

Un reportage qui met aussi en lumière le trafic de l’art

« Objets d’arts, à la poursuite des trafiquants ». Pillages, vols, contrefaçons… Le trafic de biens culturels serait devenu le 3e marché parallèle le plus rentable au monde après celui des stupéfiants et des armes. Un marché estimé à 7 milliards de dollars par an et qui prend chaque année, un peu plus d’ampleur. Pour les Forces de l’ordre, les archéologues et les historiens, traquer les contrebandiers de l’art est devenu une priorité afin de ne pas perdre la trace de notre Histoire. Pendant plusieurs mois une équipe de « Grands Reportages » a suivi des femmes et des hommes qui consacrent leur vie à la recherche d’objets d’art et font tout pour mettre fin aux trafics.

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Maïté Torres