Article mis à jour le 11 juillet 2023 à 09:18
Depuis 2012, l’association le Fil à métisser crée du lien dans les quartiers de Saint-Jacques et Nouveau Logis de Perpignan. Il y a plusieurs jours, une publication sur les réseaux sociaux faisait l’écho d’une baisse des soutiens de ses principaux financeurs, l’État, mais aussi la mairie de Perpignan.
Après une question sur le sujet au dernier conseil municipal et la réponse de l’adjointe municipale en charge du contrat local santé, l’association crie aux «propos mensongers» et alerte sur un risque de fin imminente pour cause de baisse drastique des subventions.
Fin des actions de médiation santé et scolaire dans les quartiers Saint-Jacques et Nouveau Logis de Perpignan
Même si tous s’accordent à dire l’importance du travail de l’association, selon Marion Hullo coordinatrice du Fil à métisser, les subventions de l’État et de la mairie de Perpignan auraient baissé de 40%. En attendant la position de la communauté urbaine sur une enveloppe du plan pauvreté, les mesures tombent au Fil à métisser.
«Dès le mois de juin, nous arrêtons deux actions. On ne renouvelle pas les contrats de cinq salariés sur neuf, et si en septembre, nous n’avons pas plus d’éléments, on ferme.» Le groupe de parole autour de la scolarisation des enfants gitans et le réseau de santé Xarxa 66 sont les deux actions qui ne seront pas reconduites à la rentrée.
En lieu et place du réseau Xarxa 66, mairie de Perpignan, agence régionale de santé et préfecture misent désormais sur le centre social El Tingat, situé au cœur du quartier Saint-Jacques. Et alors que le réseau mis en place en 2014 prônait le «aller-vers», c’est désormais les patients qui se déplaceront vers le Tingat pour y consulter les professionnels de santé selon des créneaux définis. Quant à la médiation scolaire, Christine Rouzaud-Danis, élue en charge du dossier lançait lors du dernier conseil municipal un laconique «j’ai préféré avoir une autre orientation avec une exigence méthodologique.»
Quel bilan pour le Fil à métisser depuis 2012 ?
Lors du conseil municipal du 29 juin dernier, l’élue chargée du contrat social local répondait à Bruno Nougayrede, élu d’opposition : «Je n’ai pas vu le retour sur investissement de l’argent public. (…) Où est passé l’argent ? (…) Vis-à-vis de la population, nous devons être totalement transparents.» Des propos qui ont fait bondir le conseil d’administration qui répond via un communiqué de presse et une vidéo en ligne.
Le Fil à métisser rappelle le contexte et les résultats obtenus tant en matière de santé que d’éducation. «Quartiers classés parmi les plus pauvres de France – quand ils ne sont pas carrément les premiers ! –, Saint Jacques et la cité du Nouveau Logis cumulent toutes les difficultés. Malgré tout notre investissement et nos très nombreux partenariats dans les domaines de la santé, de l’éducation, du social, c’est vrai : nous ne sommes effectivement pas en capacité de régler toutes les problématiques de notre société… Mais une première question vient à l’esprit : quelle serait la situation si nous n’étions pas là ?»
Quant aux accusations de manque de transparence et du nombre de personnes suivies, l’association renvoie vers son rapport d’activité disponible sur son site internet.
Quid du soutien de l’État à l’association le Fil à métisser ?
Du côté de l’État, les services de la préfecture nous confirment que le Fil à métisser est régulièrement soutenu par l’État et ses partenaires dans le cadre de la politique de la ville. «Il s’agit d’une association importante qui a bénéficié d’un soutien exceptionnel de l’État de 210.500 euros sur la période de 2014 à 2023. Par ailleurs, l’association a bénéficié de crédits exceptionnels dans le cadre du dispositif France relance et du plan de lutte contre la pauvreté en 2021 et 2022.»
En 2023, l’État a décidé de poursuivre cet accompagnement financier mais ne dispose pas de crédits exceptionnels. Le Fil à métisser bénéficiera de 17.000 € au titre du contrat de ville ainsi que de 7.000 € au titre de la cité éducative. Par ailleurs, en 2023, certaines actions n’ont pas été retenues car elles renvoient à des dispositifs de droit commun. La préfecture de citer l’exemple de l’action de médiation santé, non retenue en raison de l’existence du centre municipal de santé qui remplit cette mission.
Selon la préfecture, les actions retenues correspondent aux missions éducatives de l’association, temps d’accueil et d’écoute psychologique de proximité à destination des enfants, adolescents et adultes des quartiers Saint-Jacques et Nouveau Logis.
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