Article mis à jour le 28 novembre 2023 à 19:25
Quand nous l’avons rencontrée pour savoir comment entretenir son jardin sans eau, la paysagiste Marine Cressy nous a rappelé l’importance pour nos sociétés de rester connecté au vivant, même en temps de sécheresse. Une éducation à la nature qui commence dès le plus jeune âge.
C’est ce qu’elle propose avec ses ateliers de jardinage à plusieurs classes au sein de trois écoles élémentaires de Perpignan. Vendredi 26 mai, elle avait rendez-vous au Parc Saint-Vicens avec 26 élèves de CP de l’école Romain Rolland. Reportage.
« Est-ce que vous vous souvenez les enfants pourquoi certains arbres du parc ont comme des yeux sur leurs troncs ?»
Les six paires d’yeux, bien vifs eux, affichent un air interrogatif… plusieurs réponses fusent, jusqu’à la bonne : « il y a des branches qui tombent ». Marine hoche la tête «oui, et ces marques, ce sont les cicatrices de l’arbre. »
Le temps est au beau fixe en ce vendredi de mai au parc Saint-Vicens de Perpignan. L’air sent bon l’été, et le thermomètre avoisine les 27 degrés. Depuis plusieurs minutes, 26 élèves de CP de l’école Romain-Rolland, répartis en plusieurs groupes, s’adonnent à divers ateliers. Marine mène celui sur le repérage des feuilles des arbres. Elle distribue à chacun des élèves une carte avec une feuille dessinée par ses soins, qu’ils doivent ensuite retrouver autour d’eux… sans l’arracher bien sûr. Les six apprentis jardiniers arpentent les quelques mètres carrés à la recherche de feuilles de troène, peuplier tremble, laurier sauce, orme ou cornouiller…
Le lieu de la séance n’a pas été choisi au hasard, le parc recèle d’une grande diversité de végétaux. Au sein du petit groupe l’excitation est vive, et la joie communicative. En effet, ces élèves s’adonnent au jardin depuis plusieurs mois dans leur école. Alors cette sortie au parc arrive un peu comme la cerise sur le gâteau. Une des enfants confie que ce qu’elle préfère, ce sont les fleurs, et qu’elle adore planter des graines dans la terre.
Après la recherche des feuilles, Marine invite chaque enfant à se mettre dans la peau d’une plante grimpante.
Elle pose un mètre ruban que les enfants doivent à tour de rôle dérouler à la verticale, le plus haut possible. Chacun adopte différentes stratégies, plus ou moins efficaces. C’est en procédant lentement et délicatement que le mètre atteint son plus haut niveau… un peu comme une plante en somme. Le petit Ryan en est à 1m60 de hauteur. À côté de lui Rabha sa mère venue accompagner la classe, le félicite. Sourire aux lèvres, elle ne voit que du positif à ces ateliers jardins « Mon fils avait très hâte de venir, ça fait une semaine qu’il me parle de cette journée ! ». Ryan observe maintenant différentes sortes de grimpantes, qui s’accrochent grâce à différentes techniques.
Un peu plus loin, dans la prairie, des enfants scrutent les hautes herbes, armés de petites passoires. Ils ont pour mission de trouver et d’observer divers insectes. Marine en a attrapé quelques-uns avant le début de la séance : une abeille, un téléphore fauve ou encore un gendarme (ou pyrrhocore) qui tournent à présent dans un bocal transparent, et seront relâchés à la fin de la journée.
« L’objectif c’est de leur faire apprivoiser ces petites bêtes, les observer, remarquer de quelles couleurs elles sont, explique l’animatrice. » En résumé, développer leur curiosité, et désamorcer le premier réflexe de beaucoup à la vue de ces bestioles (à savoir hurler, voire écraser).
Quand elle se rend dans les écoles, Marine propose de faire découvrir toutes les étapes du jardinage aux enfants : faire des boutures, préparer des semis, mais aussi broyer les déchets pour en faire du compost. Un apprentissage dont le corps enseignant peut aussi tirer profit. Actuellement trois écoles de Perpignan bénéficient de ces ateliers jardin : Romain Rolland, Fénelon et Dagneaux. Des écoles qui ont aussi dû réfléchir à des systèmes de récupération d’eau pour sauver leur jardin de la sécheresse actuelle.