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Attaque d’un fourgon dans l’Eure, colère, émotion et « prison morte » à Perpignan

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Article mis à jour le 15 mai 2024 à 16:06

Ce mercredi 15 mai 2024, l’émotion était palpable chez les surveillants du centre pénitentiaire massés devant la prison de Perpignan. Suite à l’évasion sanglante d’un détenu dans l’Eure, l’ensemble des établissements de détention en France est mobilisé. Opération « prison morte » et regroupement pour exprimer le soutien aux familles et aux agents blessés, mais aussi pour dire la colère face à ce qu’ils qualifient d’un « lâche assassinat ».

Prison morte à Perpignan, émotion et recueillement 

Dès le soir même de l’attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure, l’appel à mobilisation était lancé pour le lendemain. « En ce jour tristement noir pour notre profession, nous faisons face à une tragédie. (…) Nos pensées vont avant tout aux familles et aux proches de nos deux collègues lâchement assassinés dans l’exercice de leurs fonctions. » La veille, le 14 mai, aux alentours de 11h10, un fourgon pénitentiaire était attaqué alors qu’il ramenait dans son établissement un détenu après qu’il ait été entendu par un juge d’instruction. Dans les images de vidéo surveillance qui ont fuité, la scène montre l’équipage pénitentiaire bloqué par une voiture bélier à la sortie du péage de l’autoroute A154. Et quatre ou cinq hommes vêtus de noir attaquer à l’arme lourde le fourgon et son escorte, y extraire le détenu avant de prendre la fuite.

Une opération qui n’a guère duré plus de deux minutes et où les agents pénitentiaires n’ont eu aucune chance. Armés seulement d’armes de poing, ils ne faisaient pas le poids face à l’arsenal déployé pour libérer ce détenu surnommé « La Mouche » et toujours en fuite. Ce matin, devant la prison de Perpignan, l’émotion était palpable, les gorges nouées et les pensées toutes dirigées vers « les collègues blessés » et les proches des deux agents décédés.

La voix était lourde d’émotion pour Gérard Taillefer, secrétaire général Force ouvrière pénitentiaire à Perpignan. « On est tous concernés, ça nous touche, aujourd’hui on est là en soutien. » Parmi les marques du soutien des surveillants de Perpignan le début d’une opération « prison morte ». Selon le syndicaliste, les agents n’assureront que les repas, les soins, les libérations prévues et les permissions. Ce mercredi 15 mai, les parloirs, les ateliers, l’école, mais aussi le sport sont annulés. Devant l’établissement de Perpignan, plusieurs familles, non prévenues, espéraient malgré tout les visites au parloir.

Frédéric Jenot représentant régional Force Ouvrière confiait que sur l’Occitanie, l’ensemble des établissements pénitentiaires suivaient le mouvement ce 15 mai. « Aujourd’hui le mot d’ordre, c’est le soutien aux collègues et aux familles. » Vers 11h, une minute de silence sera observée.

Les agents pénitentiaires de Perpignan en colère

Pour les agents rencontrés ce 15 mai à Perpignan, au-delà de l’émotion, la colère est bien présente, chacun s’imagine à la place des collègues pris dans un guet-apens et qui ont perdu la vie. Tous les jours, les agents pénitentiaires gèrent des escortes de détenus. Quand il s’agit du transfert vers un établissement de soin, la mission est confiée aux agents classiques. En revanche, s’il y a une décision de justice, le Prej, pour Pôle de Rattachement d’Extractions Judiciaires, entre en action. À Perpignan, ils sont neuf agents détachés du Prej de Béziers.

Membre du syndicat Ufap, Cyril Jacquet se souvient de cet équipage du Prej de Béziers attaqué à Tarrascon. « Déjà à l’époque les assaillants avaient des armes lourdes, mais heureusement il n’y avait pas eu de blessé », souffle Cyril Jacquet.

Cyril Jacquet a vu les images de l’attaque et tenté de décrypter l’opération quasi militaire mise en place dans l’Eure. L’agent déplore de ne jamais travailler dans la sérénité et encore plus après le drame. Depuis 2017, l’administration pénitentiaire a la mission des escortes judiciaires, jusque-là dévolues à la police ou la gendarmerie. Une mission, mais sans les effectifs suffisants déployés, déplore le syndicaliste. « Ça fait dix ans que nous demandons d’avoir des véhicules sécurisés et banalisés. Parce qu’aujourd’hui nous sommes des cibles. » Mais aussi une mise en commun des informations sur les détenus transportés afin de dimensionner le dispositif au profil de l’individu.

Au-delà des équipements, des moyens humains, et des formations, le personnel pénitentiaire se questionnent aussi sur ces déplacements de détenus. En effet, selon l’ensemble des syndicats présents devant la prison de Perpignan, les échanges par visio conférences avec les magistrats ne sont pas assez utilisés. Mais aussi le déplacement des magistrats dans les établissements, plutôt que celui des détenus vers les tribunaux. « On est plus en sécurité à l’intérieur de nos murs qu’à l’extérieur. Il faut donc plus utiliser la visio, ou sinon le magistrat se déplace », insiste Pierre Grousset, Ufap justice à Perpignan. Les instances nationales sont reçues ce 15 mai au ministère de la Justice.

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Maïté Torres