Article mis à jour le 28 janvier 2019 à 19:24
Article modifié le 28 janvier suite au retour du Procureur de la République concernant les affaires judiciaires jugées et/ou en cours.
Alors que l’acte X du mouvement des Gilets Jaunes devrait se dérouler pour la 3ème fois consécutive ce samedi dans le centre-ville de Perpignan, nous avons voulu marquer une pause et faire un bilan départemental. Comme bon nombre de combats sociaux, le bras de fer initié le 17 novembre sur les ronds-points n’est pas sans conséquences. Aussi bien pour les militants que pour le territoire.
Interpellations, affaires judiciaires en cours, procédures de chômage partiel, pertes économiques, dégradations d’infrastructures publiques, mais aussi dommages matériels comme ceux subis par Vinci Autouroutes.
Nationalement, des avancées sociales ont été obtenues grâce à la mobilisation des Gilets Jaunes comme évoquées dans nos précédents articles. Notamment, l’abandon de la taxe carbone, le moratoire sur le contrôle technique, la hausse de la prime d’activité, l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraites en deçà de 2000€, la défiscalisation des heures supplémentaires ou le lancement du Grand Débat. Malheureusement compte tenu du manque de porte-paroles ou de structuration du mouvement des Gilets Jaunes, nous n’avons pas pu recueillir leur point de vue sur ces concessions du gouvernement.
♦ Les chiffres de la police
Selon la Direction départementale de la sécurité publique, depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes, on dénombre :
- 29 interpellations dont 28 gardes à vue et 4 personnes écrouées.
- Auxquelles s’ajoutent 47 interpellations (dont 46 gardes à vue) dans le cadre des « mouvements lycéens » en soutien aux Gilets Jaunes. En effet, au mois de novembre, les lycéens avaient pris fait et cause pour les Gilets Jaunes et plusieurs journées de violence avaient eu lieu.
- Lors de l’envahissement du Tribunal de grande instance du 5 janvier, 11 fonctionnaires de police ont été blessés.
- Le directeur nous indiquait également, qu’à ce jour, aucune plainte n’avait été reçue par le commissariat de Perpignan.
♦ Deux tiers des artisans impactés négativement
La Chambre des métiers a lancé, le 19 décembre, sur sa page Facebook une enquête auprès de 14000 entreprises artisanales immatriculées au Répertoire des Métiers. Au 8 janvier 2019, 296 personnes ont répondu et le constat est sans appel : « 62,3 % des entreprises déclarent un impact négatif du mouvement ». Parmi ces artisans impactés, 58,6% considèrent que leur chiffre d’affaires a subi une baisse.
Parmi les répondants, 33,6% déclarent que le mouvement n’a pas eu d’impact sur leur activité. Plus étonnant, 4,1 % indiquent un impact positif sur leur activité. Avec même une hausse de leur chiffre d’affaires estimé à 3,4%.
♦ 573 salariés contraints au chômage partiel
Selon l’Union Pour les Entreprises du département, déclinaison locale du syndicat patronal du Medef, 43 entreprises ont eu recours au dispositif du chômage partiel, soit 573 salariés (chiffres confirmés par la préfecture).
Dans un courrier adressé au Préfet du département et co-signé par une vingtaine d’associations de professionnels ou fédérations de secteurs d’activité du département, il était demandé au représentant de l’Etat de « ramener calme et tempérance tout en préservant le devenir de l’activité économique des entreprises des Pyrénées-Orientales« . Pour aider et soutenir les entreprises impactées par le mouvement, les signataires proposaient « la suppression des charges salariales » afin d’augmenter les rémunérations et ainsi renforcer la consommation.
♦ Des chiffres d’affaires en baisse
La Chambre de commerce et d’industrie départementale a réalisé 2 enquêtes.
- La première, réalisée après les deux premières actions de novembre, faisait apparaître « des chiffres d’affaires en baisse de 34 % pour les entreprises des Pyrénées-Orientales ». 4000 entreprises du département avaient été sollicitées pour cette enquête et 435 réponses avaient servi à réaliser ce premier constat.
- Le 2ème enquête, réalisée entre le 7 et le 10 décembre 2018, sonde 3000 entreprises, et se base sur les réponses de 300 d’entre elles. L’étude de ce dernier questionnaire confirme « des répercussions négatives sur l’activité économique du département ». L’enquête révèle « qu’en moyenne, les professionnels ont estimé à 29% la perte de leur chiffre d’affaires depuis le début de la mobilisation ».
♦ Les dommages subis par Vinci Autoroutes
Malgré nos demandes, le groupe Vinci n’a pu nous répondre concernant les dommages estimés localement. Vinci nous rappelle le chiffre de « plusieurs dizaines de millions d’euros de dégâts causés aux équipements et infrastructures du réseau autoroutier ». Pour la personne en charge localement de la communication, l’heure n’est pas encore au bilan. Elle nous rappelle que « quotidiennement, des salariés assurent la mission de continuité de service, la sécurité sur l’autoroute, et l’assistance aux usagers. D’autres sont mobilisés pour réparer, nettoyer les dégâts causés dès lors qu’il y a des manifestations et actes de vandalisme ».
Nous signalant tout de même de nombreux dégâts sur les infrastructures et les voies, mais aussi sur les échangeurs du département. Avec un départ d’incendie sur le local du personnel au niveau du Péage Sud, ou encore des feux de palette sur la chaussée autoroutière. Ce qui endommage le revêtement et qui entraîne une intervention. Impossible d’indiquer la perte estimée et liée aux nombreuses journées « barrières levées » à l’initiative de certains Gilets Jaunes. La communicante ajoute « qu’il serait intéressant de voir les tonnes de palettes brûlées et autres câbles endommagés que l’on a retirés« .
♦ Un bilan incomplet
Le 22 décembre, un automobiliste a été percuté par un camion lors d’un ralentissement lié au barrage filtrant mis en place par des Gilets Jaunes. Le jeune homme de 36 ans domicilié au Boulou selon L’Indépendant a été mortellement blessé.
Malgré nos sollicitations, nous n’avons pas pu obtenir d’informations détaillées sur le nombre de blessés, si toutefois ces éléments nous parvenaient, nous ne manquerions pas de mettre à jour cet article.
Les éléments apportés par le 28 janvier par le Procureur de la République :
- 11 dossiers concernant 13 prévenus ont été examinés. 11 personnes ont été jugées et 2 renvoyées au mois de février 2019 (1 prévenu en détention provisoire et l’autre sous contrôle judiciaire)
- 10 peines fermes ont été prononcées et une assortie totalement d’un sursis simple.
- En ce qui concerne les peines fermes 5 ont été immédiatement mises à exécution par prononcé de mandats de dépôt ou maintien en détention. Les 5 autres assorties pour partie d’un sursis, 2 d’entre elles sont aménageables
- Les principales qualifications retenues sont les violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, menaces, outrage et rébellion. Il y a eu aussi des poursuites pour des dégradations volontaires, entrave à la circulation, et mise en danger de la vie d’autrui.
- Les peines requises varient en fonction de la gravité des infractions (le code pénal permet d’aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement pour les violences en fonction de la durée d’incapacité et du nombre de circonstances aggravantes cumulées par exemple). Mais aussi des antécédents judiciaires de la personne (la loi fait encourir une peine doublée si la personne est en état de récidive légale notamment).
Pour conclure, il faut noter que ces données ne sont pas exhaustives, car de nombreuses convocations ont été délivrées par Officier de police judiciaire pour les faits les moins graves.
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