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Témoignage : Pauline, un an après sa première rentrée scolaire comme professeure des écoles

Fin août 2023, Pauline avait accepté de répondre à nos questions. Elle avait alors confié ses doutes et ses interrogations à quelques jours de sa rentrée en tant que professeure des écoles. Aujourd’hui, mi-juillet, la trentenaire a de nouveau pris le temps de se livrer sur sa première année scolaire.

Made in Perpignan – Comment s’est passée cette année scolaire ? 

Pauline – Comme elle a commencé, c’était excitant, épanouissant et stressant ! J’ai énormément évolué en cours d’année, j’ai adapté mon emploi du temps par rapport à la progression des élèves et leurs besoins. Je ne suis pas encore experte mais je note une vraie différence entre le début d’année et maintenant. En septembre, j’étais perdue et maintenant j’ai acquis de l’expérience et j’ai progressé.

MiP – Avez-vous rencontré des problèmes au cours de l’année?

Pauline – J’ai été arrêtée un mois et je n’ai été remplacée que quatre jours et demi sur cette période… J’étais sidérée. J’espère que plus de professeurs seront recrutés pour qu’on ne laisse pas des classes aussi longtemps sans personne. J’avoue que j’ai vite déchanté. J’avais passé beaucoup de temps à préparer des choses pour mon remplaçant mais quand j’ai vu qu’il n’y avait personne, j’ai arrêté.

J’ai rencontré un autre souci durant l’année : j’ai perdu mon ATSEM (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles) en cours de route. Elle n’a pas beaucoup été remplacée : 12 jours depuis début décembre. Sa présence ou son absence change toute l’organisation de la classe. On a dû mettre plein de choses entre parenthèses à cause de cela, dont les activités artistiques, car je ne pouvais pas être partout à la fois. Je sais que la mairie a fait de son mieux pour régler ce problème car on a eu beaucoup d’échanges avec eux.

MiP – Avez-vous eu l’accompagnement que vous attendiez ?

Pauline – J’ai eu de la chance, ma tutrice est extraordinaire. Elle a beaucoup de travail mais elle a su se montrer disponible. Elle m’a rendu visite quatre fois, et m’a donné des conseils, des pistes de réflexion… Toutes ses visites ont été très formatrices. Elle m’a apporté un ensemble de petites choses sur comment rendre mes élèves encore plus autonomes, comment les faire participer davantage lors des ateliers, comment me recentrer et ne pas trop m’éparpiller…

J’ai eu énormément de chance car j’étais en contact avec d’autres PES (professeur des écoles stagiaire) qui n’ont pas du tout eu le même soutien de la part de leurs équipes. Moi, ça s’est extrêmement bien passé. J’ai beaucoup échangé avec l’équipe et j’ai toujours eu le soutien que je cherchais. Les échanges ont été plus formateurs que les deux années à la fac. Heureusement que mes collègues étaient là pour m’aider, c’est essentiel, surtout quand on débute.

MiP – Avez-vous dû renoncer à des projets ?

Pauline – Comme c’est la première année, j’ai eu envie de faire plein de choses à la fois et je me suis souvent éparpillée. Il y a des choses que j’ai dû arrêter de faire en cours d’année parce que je n’arrivais pas à suivre les programmes. Je voulais donner toutes les cartes nécessaires à mes élèves pour qu’ils puissent entrer sereinement au CP. J’ai dû retirer certains projets et me concentrer sur le langage. On a fait des ateliers philo jusqu’en décembre. Par contre, je me suis rendue compte qu’il n’était pas possible de faire cours dehors pour des raisons de sécurité.

MiP – Le seuil des 21 élèves annoncés a-t-il été respecté ?

Pauline – Oui. De janvier à début juillet j’ai eu 19 élèves, ce qui est parfait. J’avais des groupes basés sur leurs besoins, je pouvais faire des groupes de trois, et vraiment me consacrer à ceux qui rencontraient des difficultés. Mais j’étais là pendant la bonne année, puisque ma classe ferme l’année prochaine et que mes collègues vont commencer l’année avec 26 élèves. C’est désolant. Ça risque encore d’augmenter. J’ose espérer qu’il y aura une réouverture prochainement. On ne peut pas progresser de la même façon à 28 qu’à 19.

MiP – Comment va se passer l’année prochaine pour vous ?

Pauline – Comme je suis enceinte de mon deuxième enfant, j’aurais un congé maternité, puis parental, mais si tout va bien, je serai en classe jusqu’à mi-décembre. J’ai fait 45 vœux car il n’y avait pas grand chose qui s’offrait à moi. J’ai mis des postes qui me semblent inaccessibles* puis des postes de remplaçante. Je suis contente de mon choix. J’ai été prise pour être remplaçante rattachée à l’école élémentaire Pont-Neuf de Perpignan. J’ai essayé de me convaincre qu’être remplaçante c’était chouette mais je pense que c’est difficile. On ne sait jamais dans quelle classe on va être envoyée. Il faut connaître un peu les programmes de chaque niveau. Je vais être appelée à 8h20 pour être sur une école à 8h35… Je vais faire de mon mieux mais je ne suis pas magicienne…

MiP – Vos souhaits se sont-ils réalisés ?

Pauline – J’ai vu une différence entre le moment où les élèves sont arrivés en septembre et celui où ils sont partis. Ils ont vraiment pris confiance en eux, ils ont fait des progrès incroyables. J’ai pu prendre le temps de m’adapter aux besoins des élèves et faire des ateliers différents avec des objectifs adaptés à chacun. J’ai essayé, peut-être que j’ai réussi, à prendre en compte la diversité de ma classe. Vraiment, j’ai fait de mon mieux. Je me suis remise en question toute l’année.

MiP – Votre souhait pour les prochaines années ?

Pauline – J’aimerais beaucoup avoir ma classe à moi. Je sais qu’une classe de maternelle à Perpignan, c’est très demandé. Si je pouvais avoir une classe de Grande Section à moi un jour, ça serait vraiment l’idéal. En tant que remplaçante, je vais découvrir d’autres niveaux, d’autres écoles, d’autres équipes où je suis certaine d’avoir envie de travailler. Je préfèrerais faire des remplacements courts.

MiP – Souhaiteriez-vous devenir tutrice ?

Pauline – J’y avais pensé, j’aime beaucoup donner des conseils, être à l’écoute. Pourquoi pas. Je ne ferme pas de portes mais c’est à voir si d’ici 5-6 ans j’estime être capable d’obtenir la certification nécessaire.

MiP – Un mot à adresser à vos futurs collègues qui feront leur première rentrée en septembre ?

Pauline – Le premier conseil, c’est la communication. Il faut toujours échanger avec l’équipe pédagogique de l’école. Je sais que ça peut être difficile mais il faut échanger, c’est comme ça que j’ai le plus appris. Il faut se tenir informé, faire des recherches, emprunter des manuels. Tester ! Moi, je ne regrette pas d’avoir essayé des choses. Communiquer, tester, se faire plaisir, être à l’écoute des élèves et des parents, il faut être proche d’eux.

* L’obtention des postes est régie selon un nombre de points.

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Pauline Garnier