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Biodiversité | Comment le Parc Naturel Marin étudie le coralligène au large de Collioure ?

France, Collioure, 2021-05-07. A team of divers near Collioure. Placement of several devices with innovative technologies (hyperspectral camera, trackfish) and recovery of data on the marine ecosystem studied. Photograph by Arnaud Le Vu / Hans Lucas. France, Collioure, 2021-05-07. Une equipe de plongeurs au large de Collioure. Placement de plusieurs appareils aux technologies innovantes (camera hyperspectrale, trackfish) et recuperation de donnees sur l'ecosysteme marin etudie. Photographie de Arnaud Le Vu / Hans Lucas.

Article mis à jour le 12 avril 2024 à 15:12

Ce vendredi matin, une équipe de plongeurs est attendue au large de Collioure. Au programme, placement de plusieurs appareils aux technologies innovantes et récupération de données sur l’écosystème étudié. L’idée est de tester des méthodes de caractérisation du milieu.

Caméra hyperspectrale et scan 3D des fonds marins.

Parmi les plongeurs, Vincent Mahamadaly ingénieur passionné de plongée et de photographie. L’idée avec ce prototype de photographie sous-marine est de reconstituer le fond sous-marin en très haute définition et en 3 dimensions. « L’appareil photo fonctionne comme le cerveau. Par exemple, si vous fermez l’œil gauche, le cerveau va reconstituer ce qu’il ne voit pas ». Vincent nous précise que cette technologie n’est pas nouvelle. Mais grâce à la puissance de calcul toujours plus élevée des ordinateurs, il est désormais possible de reconstituer les fonds marins en 3D afin de les étudier avec une très grande précision hors de l’eau.

« Imaginez-vous, chaque pixel de l’image représente moins d’1 millimètre sur le terrain ! ». Les chercheurs peuvent ainsi à loisir, étudier les anfractuosités des roches, mieux connaître l’habitat et l’écosystème afin de mieux le préserver. La caméra hyperspectrale est un appareil qui capte et analyse le milieu avec une grande précision. Elle peut ainsi définir l’espèce ; et même diagnostiquer les événements et maladies qui pourraient atteindre le milieu.

Ce vendredi matin, l’équipage était également chargé de récupérer le trackfish déposé au fond de l’eau une semaine plus tôt.

Cet appareil, qui fonctionne grâce au deep learning (ou apprentissage automatique), permet d’identifier et de comptabiliser les espèces qui passent dans son champ de vision. Ainsi plongé dans l’eau, l’appareil est sans aucune influence sur le milieu ; contrairement aux plongeurs qui font des bulles ou des mouvements qui ne peuvent observer le milieu dans leur état naturel.

« Actuellement cet appareil a identifié 53 espèces de la région avec un taux de réussite de 87%. Et l’avantage, c’est que quand il croit se tromper d’espèce, il le dit. Avant, on plongeait pour obtenir ces informations ; mais nous ne pouvons rester en moyenne plus de 40 minutes sous l’eau. De plus, on fait des bulles, et certains poissons se cachent. Nous ne pouvons donc pas tout compter. Alors que là, le trackfish est resté une semaine, sans faire de bruit ni de mouvement. Les poissons ont donc vécu leur vie autour de lui ». 

Mission : Étude et préservation du milieu marin du Golfe du Lion

Pierre Bourlard est notre guide pour cette sortie en mer. Il est agent de terrain au Parc Naturel du Golfe du Lion. « Je fais partie de l’équipe de Bruno Ferrari. Nous assurons la technique sur et sous l’eau. Et c’est l’équipe d’ingénieurs qui nous dit sur quoi nous devons travailler ».

Parmi les missions des agents du parc, faire « la police de l’environnement ». Pierre de citer par exemple le passage de Wally, cette baleine qui a effectué un très long périple en Méditerranée en passant par le Parc Marin. « Lors de son passage, nous avons réalisé un prélèvement sur la surface de sa peau ; mais nous l’avons surtout accompagné et veillé à ce que des curieux ne l’approchent pas de trop près. ». Pierre d’insister : « tous les ans en début de saison, nous faisons des sorties pour sensibiliser les usagers de la mer » (plaisanciers, pêcheurs, jet-ski, baigneurs…).

Quant aux mammifères marins et aux cétacés, Pierre Bourlard précise que plus de 20 espèces fréquentent le Parc qui s’étend de Leucate à Cerbère. « Tous les mois, nous faisons une sortie spécifique de suivi des cétacés et oiseaux. Nous notons tout ce qui se passe, cela nous permet de voir l’évolution ». Pas de dauphins lors de notre sortie, mais Pierre précise que cela arrive très régulièrement. « Vendredi dernier, il y en avait 30 au large de Banyuls-sur-Mer ». L’occasion pour les équipes de prendre des photos et de les identifier grâce à la physionomie de leur nageoire caudale.

L’étude de 3 des 5 écosystèmes remarquables

Après l’herbier de posidonie, ce vendredi, c’est le coralligène au large de Collioure que les équipes du Parc ont choisi d’étudier. Cette première année d’observation servira de repère pour suivre l’évolution de ce milieu remarquable.

Le coralligène est un fond dur constitué par association d’algues calcaires qui vont – en fixant le calcium présent dans l’eau de mer – former des blocs appelés “bio-constructions”. Ces blocs rocheux sont colonisés par une multitude d’animaux qui va les percer, les creuser et donner naissance ainsi à un milieu de vie particulièrement accueillant pour bon nombre de petits organismes. Olivier, plongeur assidu est particulièrement friand de ces espaces riches en formes de vie, précise-t-il sur son site. Ce plongeur passionné, décrit ce milieu comme « une sorte de corail non vivante ». 

Selon Pierre Bourlard, ce coralligène sert d’habitat à nombre d’espèces dont les gorgones. C’est aussi sur ce site que l’été – à la tombée de la nuit – on mesure, « le chant » du corb à l’aide d’hydrophones (microphones destinés à être utilisé sous l’eau). Cette caractéristique lui vaut parfois le surnom de « poisson tambour ». Cette espèce est sous le coup d’un moratoire car menacée d’extinction. Le travail du parc sur le corb, consiste entre autres à du comptage.

Parmi les cinq habitats remarquables existants, les équipes du parc étudient, les herbiers, le coralligène, et les roches infralittorales.

Les 10 ans du Parc Naturel Marin du Golfe du Lion

Créé en 2011, le Parc est une aire marine protégée de grande taille. Son périmètre est de 4.010 km ; quasiment équivalent à la taille du département des Pyrénées-Orientales. Le parc comprend 12 communes littorales sur plus de 100 kilomètres de côte. Sa limite est, au large, est fixée à 35 milles nautiques ; soit environ 60 km, où les profondeurs atteignent 1 200 m.

Le Parc a pour ambition de répondre à trois objectifs fondamentaux :
– la connaissance du milieu marin,
– la protection de ce milieu et des espèces qu’il abrite,
– la contribution au développement durable des activités maritimes.

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Maïté Torres