À l’approche des grands passages estivaux, le préfet des Pyrénées-Orientales Thierry Bonnier accordé, via un arrêté, une reconnaissance temporaire à des aires d’accueil dans les intercommunalités de Sud Roussillon, Perpignan Méditerranée Métropole et Albères-Côte Vermeille-Illibéris.
Objectif : encadrer les flux de caravanes attendus entre fin mai et août 2025, en conformité avec le schéma départemental d’accueil 2021-2026. Cette mesure s’accompagne d’un dispositif renforcé de médiation financé par l’État, la Caisse d’Allocations Familiales, le Conseil départemental et les trois intercommunalités concernées.
Des aires temporaires pour faire face à l’afflux des caravanes dans les Pyrénées-Orientales
Face à l’augmentation continue du nombre de caravanes – 2065 comptabilisées durant l’été 2024 contre 1376 l’année précédente– les autorités préfectorales ont opté pour une solution transitoire. Trois intercommunalités bénéficient d’un agrément provisoire valable six mois. PMMCU (Perpignan Méditerranée Métropole Communauté Urbaine) mettra à disposition trois aires pour un total de 300 caravanes, tandis que Sud Roussillon et la communauté de communes Albères-Côte Vermeille-Illibéris accueilleront chacune jusqu’à 200 caravanes. Ces terrains respectent les normes légales en termes d’aménagement (accès à l’eau, à l’électricité, collecte des déchets). Leur ouverture vise à répondre aux obligations imposées par la loi Besson de 2000 et à prévenir les installations sauvages, sources fréquentes de tensions avec les élus locaux et les habitants.
Une médiation départementale « renforcée » et « pérennisée »
En parallèle, le dispositif de médiation expérimenté en 2024 est reconduit. L’association Solidarité Pyrénées continue de porter le poste de médiateur départemental, financé à hauteur de 35 000 euros par l’État et le Département, 14 000 euros par la CAF, et 5 500 euros par chaque intercommunalité concernée. Ce médiateur doit faciliter les échanges entre les groupes itinérants et les collectivités, dans un contexte où les occupations illégales sont souvent mal vécues et parfois sources de dégradations.
Le préfet Thierry Bonnier insiste sur l’importance de cette coordination : « C’est une étape temporaire, collective et concrète, en faveur du respect accru des dispositions de la loi Besson du 5 juillet 2000 dans notre département. Cet agrément provisoire et les efforts faits par l’État (mobilisation de financements), le Conseil départemental et les EPCI, chargés de cette compétence, pour identifier et aménager des terrains donneront cet été au département des outils pour que les grands passages estivaux puissent se passer dans de meilleures conditions que les années précédentes. Par la médiation, la gestion des emplacements et des arrivées/départs, il nous faudra collectivement veiller à ce que la saison estivale 2025 se déroule au mieux, afin de capitaliser sur les avancées permises par le Schéma départemental d’accueil actuellement en vigueur et les efforts de l’ensemble des acteurs de l’accueil des gens du voyage dans notre département ».
La communauté urbaine de Perpignan sous pression, entre obligations et contentieux
L’intercommunalité de Perpignan Méditerranée, souvent critiquée pour son non-respect du schéma départemental d’accueil, figure néanmoins parmi les bénéficiaires de cet agrément provisoire. Un revirement notable, alors que depuis plusieurs années, les tensions se cristallisent sur la gestion des aires – notamment celle de Cabestany, régulièrement pointée pour son insalubrité ou ses dégradations. Les critiques des élus locaux, parfois virulentes, avaient jusque-là freiné les investissements dans de nouvelles aires ou la rénovation des anciennes. En 2021, des débats houleux au conseil communautaire témoignaient de la difficulté à faire émerger un consensus. L’agrément obtenu aujourd’hui pourrait constituer une première avancée vers une meilleure conformité aux obligations légales.
Une réponse partielle à une problématique structurelle
Si cette mesure permet un accueil légal et temporairement encadré des grands passages, elle ne résout pas la question de fond : l’insuffisance structurelle des aires permanentes. Le schéma départemental en vigueur jusqu’en 2026 peine à être appliqué dans certaines communes, empêchant l’État d’intervenir rapidement en cas d’occupation illicite. Sans respect de ce schéma, les collectivités ne peuvent obtenir de recours simplifié pour les expulsions, allongeant les délais et accentuant les crispations locales.
- Municipales 2026 : « Perpignan autrement » désignera sa tête de liste au « jugement majoritaire » - 17 juin 2025
- Revue de presse du 15 juin, ils ont parlé de Perpignan et des Pyrénées-Orientales - 15 juin 2025
- À Perpignan, le numérique représente 3,2 % de l’activité économique, soit 4 100 emplois - 14 juin 2025