Article mis à jour le 9 juin 2022 à 18:39
Comment accéder aux verts pâturages des Bulloses quand on est une vache de l’enclave catalane de Llívia ? Car les bovins aussi ont leurs histoires de passe sanitaire, mais eux pour la Rhinotrachéite Infectieuse Bovine (IBR). Une polémique est née au printemps dernier, lorsque les autorités françaises ont prévenu que seules les vaches présentant un résultat IBR négatif et vaccinées pourraient traverser le territoire français lors de la transhumance.
♦ Llívia, un îlot vétérinaire catalan sous réglementation française
Située à l’intérieur du département français des Pyrénées-Orientales, plus exactement en Cerdane à 100 km environ à l’ouest de Perpignan, Llívia veut désormais devenir un « îlot de santé » où les troupeaux obéissent aux mêmes règles qu’en France. Les animaux feront l’objet d’analyses et de contrôles supplémentaires pour s’assurer qu’ils puissent continuer à accéder aux pâturages des Bulloses (Bouillouses en Français).
Grâce à cette initiative, les éleveurs tentent de résoudre les difficultés rencontrées l’année dernière lors de la transhumance de leurs bovidés vers les Bulloses. Car bien que cette forêt soit la propriété de la commune, elle est située sur le territoire administré par l’État français et, par conséquent, est régie par sa réglementation. Face à cette situation, les agriculteurs locaux ont décidé de mettre en place un plan de prévention et de contrôle ; et ce avec le soutien de La Generalitat pour la réalisation des analyses et autres tests vétérinaires.
Ils deviendront les premiers en Catalogne et dans toute l’Espagne à adopter ces normes sanitaires, reconnues et appliquées depuis des années dans divers pays tels que La France.
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♦ Des troupeaux très touchés qui nécessiteront de nombreux abattages
Le programme est conçu pour éradiquer la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) et le virus de la diarrhée virale bovine (BVD). Les cinq producteurs de la municipalité de Cerdagne devront faire face aux coûts de la mesure ; coûts qui iront du « simple achat » de vaccins pour les animaux ayant un résultat négatif ; à l’abattage des bovins infectés. Sur ce dernier point, Venanci Agustí, agriculteur à Llívia, a tenu à rappeler que les données des échantillons récemment analysés concluaient à un taux d’affection qui dépasse les 50% ; et que, dans certaines exploitations, il a atteint jusqu’à 70%.
« Des virus qui n’affectent pas la consommation humaine » selon Venanci Agustí. Dans le cas de l’IBR, la maladie est détectée par une prise de sang ; mais, pour le BVD, un échantillon du cartilage doit être prélevé au moment de la naissance de l’animal.
Concernant l’abattage du bétail infecté, l’éleveur souligne l’impact économique et « émotionnel ». Car, dans certains cas, il s’agit de troupeaux « historiques » où a été réalisée une sélection naturelle des spécimens les « plus doux, génétiquement mieux adaptés à la montagne. »
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♦ La polémique est née au printemps 2021
Les autorités françaises imposent désormais que les vaches aient un résultat IBR négatif et soient vaccinées pour pouvoir traverser le territoire français pour la transhumance. L’argument avancé au printemps par l’administration française fut l’application de la réglementation européenne qui empêche tout déplacement de bétail positif à cette infection, même préalablement vacciné. Suite aux plaintes des agriculteurs, qui n’avaient pas été alertés à l’avance, une exception a été faite pour un an considérant que le lieu d’arrivée était un terrain appartenant à la municipalité de Llívia ; sous condition que tous les spécimens soient vaccinés.
La mairie de Llívia, qui a agi en tant que médiateur dans le conflit, s’est dite satisfaite de l’accord conclu et a promis de trouver une solution pour les agriculteurs extérieurs à la ville et qui ont loué des terres ou profitent des pâturages de la municipalité, surtout pendant l’automne.
Le maire, Elies Nova, a souligné l’existence de quelques cas seulement et que la commune inciterait ces producteurs à suivre le même schéma sanitaire pour ainsi « préserver l’effort » réalisé par les agriculteurs ayant bénéficié du plan volontaire de prévention et de contrôle.