Article mis à jour le 23 février 2023 à 07:15
Cécile Hernandez a plus d’une corde à son arc. Championne paralympique de snowboardcross aux derniers Jeux olympiques de Pékin en 2022, mais aussi compétitrice de handisurf, l’athlète se bat pour que notre regard sur le handicap change. Elle lance une collection de vêtements et d’objets avec un nouveau logo, plus inclusif. Échanges avec la sportive de haut niveau. Photo de Une © Instagram Cécile Hernandez.
Le symbole laisse une certaine liberté d’interprétation.
Un personnage non genré, debout mais dont on peut comprendre qu’il vacille, en raison des légers tremblements du dessin. Lorsqu’il est fait mention de handicap, sur les places de stationnement où sur les portes des toilettes des restaurants, c’est ce logo que Cécile Hernandez souhaiterait apercevoir.
C’est d’ailleurs elle qui l’a imaginé. La sportive de haut niveau le voulait plus inclusif que le sempiternel fauteuil roulant. Les handicaps, en effet, ne se voient pas toujours. À commencer par le sien : « Je suis atteinte de sclérose en plaques depuis vingt ans. Aujourd’hui je marche et la plupart du temps au fil de la journée mon handicap ne se voit pas. »
Notre société validiste – c’est-à-dire pensée pour des personnes valides – qui contraint celles atteintes de handicap à devoir sans cesse s’adapter et à subir des discriminations, a fait du fauteuil roulant le totem de l’invalidité, effaçant dans nos esprits la pluralité des situations de vie.
« La stigmatisation de ce fauteuil roulant tout le monde en souffre : l’été dernier, je me suis fait agresser par une femme parce que j’étais garée sur une place handi alors que j’avais le droit. Moi, je suis debout et je marche mal, il y a des gens qui ont des handicaps sensoriels, d’autres des handicaps psychiques et psychologiques invalidant. Ce logo c’est pour montrer que tu peux être debout mais fragile, il peut englober plein de choses ».
Infographie et photo © Facebook Cécile Hernandez – Athlète parasnowboard
En plus de ce pictogramme, Cécile Hernandez a aussi déposé la marque Handi1visible.
La championne a lancé une série de produits floqués du logo à des prix allant de 12 à 40 €. Les vêtements sont imprimés à Perpignan par une entreprise locale, et la logistique passe aussi par une plateforme basée dans le département. La jeune femme a déjà reçu de nombreuses commandes, et espère que son initiative permettra de créer du lien entre les gens.
« Sur Linkedin quelqu’un a posté sa propre photo avec un vêtement de la marque ; le fond de l’image montrait qu’il était à la Défense à Paris, une personne a commenté qu’elle aussi était là-bas et proposait de se voir… c’est vraiment créer cette identité forte qui est représentative du handicap. » Avec le souhait aussi d’inclure les personnes valides.
«J’ai été très étonnée, y a des personnes valides et handi qui ont passé commande. Le 1 de Handi1visible, c’est vraiment la singularité, chacun fait sa propre démarche. »
Une partie des bénéfices des ventes sera reversée chaque trimestre à des actions, événements ou projets qui luttent contre le handicap invisible dans tous les domaines de la vie, du sport à l’art en passant par le monde du travail. Pour la première, et parce qu’elle est directement touchée, Cécile Hernandez a choisi de soutenir la lutte contre la sclérose en plaques.
Au quotidien, à propos du regard porté sur le handicap, la sportive constate que les choses bougent petit à petit. « Je vois qu’il y a des progrès d’inclusion. Il y a cette peur du gendarme car c’est puni par la loi de ne pas être inclusif mais aussi l’aspect humain. On ne doit pas répondre qu’à une obligation légale, ce sont aussi des personnes qui doivent faire partie du paysage. C’est ne pas avoir peur du handicap, c’est aussi savoir que ça peut nous arriver. » En parallèle de sa carrière d’athlète, Cécile Hernandez continue d’intervenir dans les entreprises et les organisations pour rendre visible tous les maux invisibles pour faire évoluer les mentalités.