Article mis à jour le 9 août 2024 à 14:59
Au-delà de la crise hospitalière mise en évidence par le Covid, les départs en retraites des médecins de famille conjugué au vieillissement de la population sont un casse-tête pour les acteurs publics. Selon la présidente du Conseil Départemental, les Pyrénées-Orientales ne compteraient que 119 médecins généralistes pour 100.000 habitants, et plus de la moitié seraient âgés de plus de 55 ans. Les nouvelles générations de médecins ont changé, et ne rechignent plus à devenir salarié d’une institution. Ainsi, l’État, la Région et le département développent les maisons de santé afin d’attirer les jeunes à la sortie de la faculté de médecine.
Quels sont les secteurs des Pyrénées-Orientales qui comptent le plus de médecins ?
L’ordre des médecins a publié via le magazine Capital, la carte de la densité médicale territoire par territoire. Ainsi on peut constater que Perpignan compte 10,18 médecins pour 10.000 habitants, 7,05 à Céret ou encore 6,45 à Prades. Un chiffre en forte baisse depuis 2010. Ainsi, Perpignan a perdu plus d’un quart de ses effectifs et à Prades, c’est plus de la moitié des médecins qui ont disparu. Du côté de la montagne, Font-Romeu compte 9,48 médecins, un chiffre en baisse de 37% par rapport à 2010.
Sur la côte, Canet-en-Roussillon compte 8,4 médecins pour 10.000 habitants, Saint-Cyprien 11,42 et Banyuls-sur-Mer. Amélie-les-bains affiche la densité médicale la plus forte, avec respectivement, 14,75 et 14,5 médecins pour 10.000 habitants. Un chiffre qui s’explique par la caractéristique thermale de la commune du Haut-Vallespir. Les communes de Ille-sur-Têt, Thuir et Saint-Laurent-de-la-Salanque comptent 9,4 pour la première, 7,87 pour la deuxième et 7,8 pour la troisième.
Le constat est clair, la quasi-totalité des communes a vu son nombre de médecin fondre. Une baisse qui varie entre 25% et 50%.
Témoignage des nouveaux médecins du centre de santé d’Elne
Ouvert depuis avril 2021, le Centre municipal de santé d’Elne a pour objectif de faciliter l’accès aux soins pour tous. Service public médical de proximité, il offre à l’ensemble de la population une médecine de qualité, en matière de soins, de prévention et d’éducation à la santé. Sur un « plateau » de 250 m2, 5 médecins, 2 infirmières et 3 secrétaires accueillent les habitants en consultation, du lundi au samedi matin. « Notre idée est de venir en renfort de la médecine libérale. Le centre municipal de santé nous permet d’avoir une approche plus globale de la personne, car, déchargés de la partie administrative, nous pouvons aussi engager des actions de prévention directement auprès de la population ou dans les écoles, explique Avinash Sondhoo, médecin coordinateur de la structure.
Ce type de structure, collective, est un autre modèle. Beaucoup de jeunes médecins n’ont pas toujours envie d’exercer seul », analyse le médecin coordinateur. « Beaucoup de médecins sont proches de la retraite. Il devient de plus en plus difficile pour les habitants d’avoir des rendez-vous rapidement », explique Sylvie Bouissac, adjointe à la mairie d’Elne, déléguée à la santé et au CCAS et par ailleurs médecin. « On sent bien la pression. Le libéral ne peut pas tout faire et cette pression est au détriment du bien-être des habitants. Nous considérons que ce centre est une réponse concrète au problème de désertification médicale », conclut Nicolas Garcia, Maire d’Elne et 1er vice-président du Département.
Nouvelle maison de santé à Millas
Afin de répondre aux besoins croissants en offre de soin sur le territoire, la Région, l’État via les ARS et le département signent des partenariats via un Groupement d’intérêt Public, afin notamment de permettre le recrutement de médecins. Dans les Pyrénées-Orientales, la première structure à voir le jour dans le cadre de ce nouveau partenariat est la maison de santé de Millas, où s’installera un des 40 premiers médecins recrutés par la Région. Pour la Présidente du département, Hermeline Malherbe, « l’égal accès à la santé est une de nos préoccupations majeures.
La situation sanitaire inédite que nous traversons a renforcé les difficultés d’accès à des soins de qualité et de proximité ». Face au départ en retraite des médecins libéraux, les communes sollicitent les partenaires pour une mutualisation des moyens via la création de Maisons de santé pluridisciplinaire. Parmi les derniers équipements à voir le jour dans le département, deux centres municipaux de santé à Espira-de-l’Agly et Elne, d’une Maison des soins à Tautavel, d’un pôle de santé à Maury et une Maison de santé pluridisciplinaire à Perpignan.
Salariat des praticiens, mise en place de bus ou de navettes pour faciliter l’accès aux soins pour tous, constitution d’une équipe dédiée à la recherche de nouveaux professionnels… sont autant de pistes évoquées pour lutter contre la désertification médicale. Selon le vice-président en charge de la santé auprès de Région, les praticiens intéressés par ce statut sont autant les jeunes médecins qui s’installent, que ceux qui souhaitent continuer à travailler mais sur un temps partiel. « Parmi les premiers médecins que nous avons attirés, il y a également des personnes qui souhaitent venir profiter des avantages de notre région. Les centres de santé sont créés partout où il y a des besoins. Nous avons identifié des secteurs où il n’y avait par exemple plus qu’un seul médecin et qui était parfois au bord du burn-out ».
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