Créée par Vincent Coen et Guillaume Vandenberghe, la série documentaire Dessiner pour résister met en lumière les femmes dessinatrices à travers le monde. Diffusé le 6 mars sur ARTE et disponible en replay, le premier épisode de cette série est consacré à Amany Al-Ali, la première femme dessinatrice d’Iblib en Syrie. Photos © SWR Clindoeilfilms.
Dessiner pour résister – Syrie – La dessinatrice Amany Al-Ali – Le Synopsis
Dans une ville rebelle au régime de Bachar el-Assad, une jeune dessinatrice syrienne tente d’imposer son art de la caricature politique. Un pari risqué dans un monde d’hommes en guerre.
Idlib, une ville assiégée
Amany Al-Ali vit à Idlib, une ville en Syrie, la dernière qui n’a pas été conquise par les troupes de Bachar el-Assad. La jeune femme dessine parmi les ruines et sous le son des sirènes annonçant des bombardements. La dessinatrice déplore « nous sommes seuls et oubliés de tous ». C’est en dessin qu’elle explique son quotidien dans une ville assiégée. Ses œuvres montrent comment il faut vivre dans un ville frappée par les bombes. Amany Al-Ali essaye d’imposer son art de la caricature politique mais se dit être touchée par les commentaires négatifs sur les réseaux sociaux et confie recevoir des menaces de mort.
Le dessin comme exutoire et comme transmission
Amany Al-Ali est presque tout le temps vue avec un crayon à la main. Le dessin est pour elle un exutoire mais aussi une façon de dénoncer ce qui ne va pas. Le combat d’Amany Al-Ali n’est pas seulement mené contre le pouvoir politique, il dénonce également le poids du patriarcat qui empêche les femmes d’être heureuses. Elle déclare « Le pire qui puisse m’arriver est qu’ils me tuent. Même s’ils le font, ils ne se débarrasseront pas de moi. Une centaine d’Amany se lèveront et prendront le relai ».
La trentenaire a en effet a cœur de transmettre. Elle dessine très souvent avec sa nièce Bisan qui vit avec elle car sa maison a été détruite par les bombes, mais forme aussi des adolescentes à l’art de la caricature. Amany Al-Ali leur explique qu’il faut « exprimer son ressenti à travers un dessin en tant que femme, fille, mère ». Elle enseigne aux autres à dessiner ce qu’elles ressentent.
Son combat est régulièrement pointé du doigt, y compris par des proches dont son frère. La dessinatrice raconte « J’ai demandé à quelqu’un de m’apporter des feuilles de papier. Il m’a demandé : “Pourquoi as-tu besoin de ces feuilles ? Tu pourrais attendre que la situation du pays s’améliore. Les gens meurent et n’ont rien à manger, tandis que toi, tu ne penses qu’à tes feuilles et au dessin.” »
L’espoir d’un changement
S’il y a bien une chose qui habite Amany Al-Ali, c’est le changement. Face caméra elle déclare « je pense que les femmes effaceront les ténèbres dans lesquelles nous vivons ». Elle rappelle que la caricature est un milieu très masculin et pense même être la seule femme de la région à dessiner. Mais elle garde espoir « c’est la prochaine génération qui apportera le changement ».
Lorsqu’elle dessine avec sa nièce, Amany Al-Ali lui donne des conseils et échange avec elle. Leurs discussions ont souvent le même sujet : la guerre. Leurs dessins en sont la preuve, Bisan du haut de ses 10 ans reproduit des avions de chasse et des ruines.
Amany Al-Ali s’interroge : faut-il partir pour avoir plus de liberté ? Elle pense quitter Idlib pour venir vivre en France et y trouver la paix. Mais elle se demande aussi : qui sont les plus courageux ? Ceux qui sont restés sous les bombes ou ceux qui ont pris le risque de mourir en mer ? Finalement, la dessinatrice a décidé de rester en Syrie auprès des siens, et surtout de sa nièce dont elle est très proche.
Pourquoi la rédaction vous le conseille ?
Ce premier épisode de Dessiner pour résister est très intéressant mais aussi bien construit. De nombreuses œuvres d’Amany Al-Ali sont montrées à l’écran et commentées par la dessinatrice. Des séquences animées rythment le documentaire et illustrent les propos de la jeune femme.
Dans l’actualité des documentaires… (spécial Journée des droits des femmes)
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