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« Nous les ouvriers », 150 ans d’histoire d’une classe sociale en documentaire

Nous les ouvriers - 150 ans d'histoire d'une classe sociale en documentaire

Article mis à jour le 5 novembre 2023 à 09:38

Un an après Nous les paysans qui avait attiré 5,5 millions de téléspectateurs, Nous les ouvriers de Fabien Beziat et Hugues Nancy est désormais disponible sur la plateforme France•TV. Images d’archives et témoignages construisent ce documentaire qui retrace l’histoire des ouvriers, classe populaire essentielle à la France.

Nous les ouvriers – Le Synopsis

À la force de leurs bras, les ouvriers, femmes et hommes, ont façonné la puissance industrielle de la France. Longtemps, il y eut parmi eux des enfants. Souvent, on a dû faire appel à des immigrés pour venir faire tourner les usines. Tous se sont battus pour inventer les normes sociales françaises. Grâce à des archives exceptionnelles et des témoignages bouleversants, cette grande fresque parcourt un siècle et demi d’histoire pour rendre hommage à ces femmes et à ces hommes trop souvent absents des mémoires et devenus presque invisibles alors que les Français sont pour un quart d’entre eux des ouvriers. Aujourd’hui, ce sont eux qui prennent la parole dans ce film collectif.

Une classe trop souvent oubliée et négligée

Bien qu’ils aient été les premiers à être capturés par une caméra en 1895, les ouvriers sont trop souvent oubliés. Pourtant « nous construisons et fabriquons tout » rappelle la voix off d’Anthony Bajon. Difficile pour tout un chacun d’estimer le nombre exact d’ouvriers en France à l’heure actuelle car leur image a été, peu à peu, effacée de la mémoire collective. Pourtant, ils sont encore 5 millions et sont indispensables pour faire tourner le pays.

Pierre Cornard, des tissages Craye à Roubaix, explique avoir commencé à travailler à 14 ans. Pas de bouchons d’oreille, ni de gants ou de chaussures de protection pour cela. Il se souvient qu’il fallait aller vite car il était payé à la tâche. Depuis toujours, la classe ouvrière compte ses morts. Durant la guerre, 2 millions d’ouvriers ont nourri – malgré eux – la machine de guerre allemande. Ceux qui résistaient ou qui sabotaient les machines étaient fusillés, sans compter les ouvriers morts de fatigue. Aujourd’hui encore, les accidents du travail qui entraînent le décès sont deux fois plus importants chez les ouvriers que chez les cadres.

Photo © 13 Productions

Le documentaire rappelle que les ouvriers ont dû se battre pour obtenir des droits : repos hebdomadaires, droits à la retraite, congés payés, comité d’entreprise ou encore Sécurité Sociale. Après avoir créé la C.G.T. en 1895 dans le but de fédérer les travailleurs, ce n’est qu’en 1906 qu’ils obtiendront un jour de repos par semaine. Après avoir subi « la bataille du charbon », les ouvriers se lancent dans de grosses grèves en 1947 et 1948 – grèves désormais oubliées des mémoires – durant lesquelles ils dénoncent leur précarité et exigeaient des augmentations de salaire. Les ouvriers sont passés de héros à parias.

La fierté de faire partie de cette classe sociale

Les témoignages recueillis pour Nous les ouvriers permettent de se remémorer l’Histoire. Certains ouvriers, désormais à la retraite, sont émus en repensant à leurs années d’usine. Ils mettent tous en avant le collectif et le travail en équipe. Beaucoup expriment leur fierté d’avoir été ouvrier même s’ils regrettent également que leur classe ne soit pas davantage considérée. Ce manque de reconnaissance est présent tout au long du documentaire.

Nous les ouvriers revient également sur les années 1970, période qui marque l’apogée de la classe ouvrière. Mais c’est sans compter la fin des Trente Glorieuses avec pour conséquence des fermetures massives d’usines. Martine Geselle, ouvrière à la filature Leurent à Tourcoing, déclare « j’ai tant pleuré pour y aller, après j’ai tant pleuré parce qu’on n’y allait plus ». Elle qui avait aussi avoué « s’être sentie comme en prison, au bagne » lors de son arrivée à l’usine.

Des travailleurs aux mille visages

Impossible de dresser un portrait de l’ouvrier tant il a évolué au cours des siècles. Visages inhumains au départ, il est important de rappeler que 20% des ouvriers n’étaient que des enfants avant 1892. Il aura fallu attendre cette date pour que l’âge légal soit relevé à 13 ans, âge qui correspond à l’obligation d’obtenir son certificat d’études pour être embauché.

Michel Olme, de l’usine Usinor-Serelle à Longwy est entré à l’usine à 14 ans. Il admet « j’étais encore un enfant ». Maria Bravo, dans le peignage textile Dumortier à Tourcoing raconte avoir quitté l’école à 15 ans pour travailler et aider ses parents.

Les femmes aussi ont tenu une place importante en tant qu’ouvrières. Elles ont travaillé durant la Première Guerre mondiale, au contact des obus et des produits chimiques, pour remplacer leurs maris et leurs frères partis sur le front. Pour dénoncer leurs conditions de travail insoutenables, les Munitionnettes se sont mises en grève en 1917. Associées au Midinettes – les couturières – elles ont lutté pour réclamer la semaine anglaise, c’est-à-dire cinq jours de travail et un week-end de repos. Droit qu’elles ont obtenu en juin de la même année.

Les immigrés aussi ont participé à l’essor de la France, notamment les Polonais qui ont été nombreux à venir s’installer dans le Nord de la France au début des années 1920, notamment pour travailler dans les mines et participer à la reconstruction du pays. Mais en 1934-1935, le gouvernement décide d’expulser des millions de Polonais, car ils ont participé à des grèves. Expulsions qui ont cessé avec l’arrivée du Front Populaire en 1936.

Pourquoi la rédaction vous le conseille ?

Comme l’avait fait Nous les paysans avec le monde agricole, ce documentaire plonge le spectateur en immersion dans le monde ouvrier. Une classe sociale de l’ombre pourtant indispensable. Les images d’archives mêlées aux témoignages des vivants aident à essayer de mieux comprendre comment se déroule le travail derrière les portes de l’usine.

Ils font l’actualité des documentaires…

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Pauline Garnier