Article mis à jour le 8 juin 2023 à 15:42
À l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie le 17 mai, France Télévisions a diffusé un documentaire inédit (disponible en replay). Réalisé par Aurélia Perreau et avec Vincent Dedienne en voix-off, Homos en France donne la parole à des homosexuels, anonymes ou célèbres.
Homos en France – Le Synopsis
Dix ans après le vote du mariage pour tous, est-il plus simple d’être homosexuel(le) en France ? Les « homos » sont davantage présents dans le champ médiatique mais les actes homophobes ne cessent d’augmenter. Les personnalités de la politique ou de la culture font leur coming-out mais les insultes, les violences physiques et le cyberharcèlement font de plus en plus de victimes. Alors que la société accepte de mieux en mieux l’homosexualité, se découvrir, grandir, s’affirmer homosexuel s’apparente toujours à un cheminement singulier et solitaire. Anonymes et célébrités témoignent et décryptent des grandes étapes de la découverte de soi, la fierté homosexuelle mais aussi de l’homophobie plus ou moins consciente de la culture populaire.
Casser les clichés
Les clichés sur l’homosexualité ont encore la peau dure en France comme ailleurs. Tous les hommes gays qui témoignent dans Homos en France déclarent avoir entendu des remarques sur le fait que les hommes gays avaient une sexualité débridée, qu’il n’y avait pas de notion d’amour dans un couple homosexuel, que l’un des membres du couple faisait la femme et l’autre l’homme… Pour les femmes, c’est plus différent. L’homosexualité interroge et attise la curiosité. Léontin révèle qu’elle a souvent beaucoup de questions indiscrètes, notamment sur comment se passe une relation sexuelle entre deux femmes.
Au-delà de ça, Mfaomé revient sur la notion de virilité. Pour lui, elle est au cœur de l’identité masculine. Il énonce que pour les autres « être homosexuel c’est abandonner sa virilité ». Alors lui qui déclare venir d’un milieu ghetto veut casser ce cliché en faisant du sport et en adoptant des attitudes plus masculines. Gabriel avait également entendu que, le fait d’être gay faisait de lui un homme faible.
D’ailleurs, dans les caricatures, même actuelles, les lesbiennes sont masculines tandis que les hommes gays sont féminisés. Sylvain et Gabriel ont essayé de masquer leur homosexualité en prenant des attitudes et des gestes d’hommes. Ils racontent tous les deux éviter de croiser les jambes ou de « casser leur poignet » en parlant. Si certaines professions comptent plus de gays, comme les coiffeurs, les fleuristes ou les ambassadeurs, c’est aussi pour se « rassurer » et être moins seul.
Se retrouver seul face aux autres
Tous sont unanimes, l’étape du coming-out n’est pas quelque chose de simple. Certains évoquent la peur de décevoir, d’être incompris mais tous craignent surtout le regard des gens. Léontin Lacombe explique qu’elle n’a « jamais entendu parler de l’homosexualité de manière positive ». Jean-Baptiste Marteau a annoncé qu’il aimait les garçons à sa mère lors d’un repas au restaurant. Elle lui a dit qu’elle avait peur pour lui, à cause des années Sida. Mfaomé confie « quand t’es noir, t’as pas à l’annoncer à ta mère, le plus dur a été d’être gay et pas noir ».
Homos en France – Ouissem Belgacem © Bangumi
Ouissem Belgacem avoue avoir rapidement compris qu’être homosexuel était compliqué. Il s’est considéré comme une « anomalie » car il ne se reconnaissait pas dans les modèles homosexuels présents à la télévision ou dans les films. Il a d’abord décidé de le cacher à sa famille, en adoptant diverses techniques, comme avoir deux téléphones ou sortir avec une jolie fille de temps en temps. Arwen aussi a voulu cacher son homosexualité et se persuader qu’elle n’aimait pas les filles mais les garçons.
Quand l’homosexualité était considérée comme une maladie
La première émission télévisée qui aborde l’homosexualité est diffusée en 1973 et s’interroge sur l’aspect médical de l’homosexualité. Diverses études (sur le système pileux, la voix, la musculature…) ont même été menées pour savoir ce qui pouvait caractériser l’homosexualité. L’arrivée du Sida, nommé « cancer gay », au début des années 1980 est pour beaucoup la preuve scientifique que l’homosexualité était dangereuse et contagieuse.
Jusqu’en 1992, l’homosexualité était considérée comme une pathologie psychiatrique. La preuve avec un extrait de la série Dynastie. Si dans la version originale, le personnage déclare « Steven is gay », cette phrase est traduite par « Steven est malade » dans la version française.
Bernard, né dans les années 1950, a connu les thérapies de conversion. Toutes les semaines, il recevait des piqures d’hormones. Lors de ces thérapies, autorisées en France jusqu’en 2022, des médecins ont prescrit des électrochocs sur les mains et les organes génitaux des personnes homosexuelles.
Vivre dans la peur au quotidien
L’homophobie a toujours existé. Les insultes homophobes sont fréquemment utilisées, surtout dans le monde du football, comme le raconte Ouissem Belgacem, un ancien joueur, où les chants « il faut casser ces PD » résonnent dans les stades.
À l’école aussi, les insultes homophobes sont très présentes. Sylvain, Gabriel et Angèle avaient entendu des insultes avant même de se savoir homosexuel. À noter qu’un homosexuel sur deux est harcelé au collège. Arwen et Gabriel ont développé une phobie scolaire. Les adolescents gays font 7 fois plus de tentatives de suicide que les autres adolescents.
Bernard raconte que la gendarmerie avait en sa possession une liste de personnes fichées car gays. Il faudra attendre 1982 pour qu’en France l’homosexualité ne soit plus considérée comme un délit.
Le mariage pour tous, adopté en 2013, a été le « droit symbolique entre les hétéros et les homos » pour Jean-Baptisme Marteau. Mais il admet aussi que c’est ce qui a tout fait ressortir : les agressions, les insultes… Aujourd’hui encore, il déclare « on a toujours cette peur ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes, depuis 2013 les actes homophobes ont augmenté de 73%. Depuis, la hausse s’est poursuivie.
Homos en France – Jean-Baptisme Marteau © Bangumi
C’est sans doute pour cette raison qu’aujourd’hui encore, 1 homosexuel sur 2 cache son orientation sexuelle à ses collègues. Ou qu’un couple homosexuel n’ose pas se tenir la main ou s’embrasser dans la rue. Hugo Bardin alias Paloma raconte qu’un chauffeur de taxi lui a demandé d’arrêter d’embrasser son compagnon. Un acte homophobe et donc strictement interdit.
La question du (faux) choix
Si tous se sont questionné sur leur orientation sexuelle avant de s’assumer, ils sont unanimes pour dire que l’homosexualité n’est pas un choix. Ouissem Belgacem déclare « on ne choisit pas d’être homosexuel car il n’y aucune pour à l’être en France. Personne n’aurait choisi d’être homosexuel. Ce n’est pas un choix ». S’ils avaient eu le choix, tous affirment sans la moindre hésitation, qu’ils auraient choisi d’être hétérosexuels. Jean-Baptiste Marteau conclut « Le seul choix c’est de l’accepter ».
Gabriel a désormais envie de s’assumer. Entouré de personnes queer, il aime raconter à ses amis qu’on le prend souvent pour une fille, car il se maquille et porte des tenues féminines. Il confie « se sentir courageux » quand il met en valeur tous ses côtés féminins.
Pourquoi la rédaction vous le conseille ?
Même si les droits des personnes LGBTQIA+ ont évolué depuis les années 1970, les actes homophobes persistent. Ces différents témoignages, parfois émouvants ou révoltants, permettent de se rendre compte de la difficulté, aujourd’hui encore, d’être homosexuel en France.
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