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Documentaire | L’École est finie, ou les coulisses du désenchantement

L'école est finie © Keren Production

Diffusé le 10 juin sur Public Sénat, L’École est finie lance un cri d’alerte sur le mal-être des enseignants de primaire. Julie Chauvin donne la parole à 5 professeurs des écoles, dont certains qui ont décidé de changer de métier.

Photo ci-dessus documentaire L’école est finie © Keren Production

L’École est finie – Le Synopsis

Lucie a démissionné du métier qu’elle rêvait d’exercer, Manon tient bon, mais ne sait pas jusqu’à quand, Laurence part à la retraite avec soulagement. Anthony et Émilie quittent l’Éducation Nationale pour poursuivre ailleurs leur mission auprès des enfants. Ils sont tous professeurs des écoles et racontent la passion de leur métier, de l’enthousiasme des débuts jusqu’à la crise finale et à la difficile reconstruction. Une traversée pudique et poignante d’une vocation désenchantée…

L’enseignant et ses multiples casquettes

Laurence, professeure des écoles depuis 39 ans à Paris confie : « un enseignant c’est un enseignant, mais c’est aussi un petit peu un assistant social, un petit peu un éducateur, un petit peu un psychologue… ». Un sentiment partagé par Anthony, qui a été professeur des écoles pendant 9 ans, « on est un petit peu tout ». Il explique que son métier ne se limite plus à enseigner mais aussi à éduquer et à apprendre aux élèves à devenir des citoyens. Tous sont unanimes : ils n’ont pas été formés pour aider des élèves en difficulté sociale, trouver des solutions à des comportements inadaptés, gérer une classe de 30 élèves suite à l’absence d’un collègue, réagir face à des menaces… 

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Un sentiment d’impuissance

Manon, professeure des écoles depuis 12 ans en Seine-Saint-Denis raconte ses débuts difficiles dans une école de Saint-Denis classée en REP+. « Ma mission était de sauver tous mes élèves ». Elle qui avait une « vision Bisounours et pâquerettes » de l’école s’est retrouvée face à des élèves qui n’allaient pas bien. Elle consacrait tout son temps libre à l’école et en a même arrêté ses loisirs, car elle n’avait plus le temps et la force.

Laurence confie aimer son métier. Elle déclare avoir éprouvé « le sentiment d’avoir accédé à un métier valorisé et valorisant », puis ajoute « ce qui était le cas à l’époque ». Elle déplore les changements récents et explique que « les changements qui se font actuellement sont structurels », ce qui pose des problèmes pour les élèves en difficulté. Elle est donc soulagée d’être en retraite pour ne pas avoir à gérer tout cela.

Lucie témoigne : « Je me sentais démunie, je pleurais, j’étais mal ». Elle a demandé des solutions auprès de l’administration. Elle n’a jamais obtenu de réponse.

Pour Émilie, « L’école c’est le creuset du dépistage et de l’alerte sur les enfants qui subissent des violences intra-familiales, c’est le premier regard social sur l’enfant et il faut endosser toutes ces responsabilités ». Les enseignants peuvent faire des signalements, mais ils aboutissent rarement ou tardivement.

« On a l’impression de ne jamais faire assez bien », admet Anthony qui dénonce également le côté administratif « la lourdeur administrative ne permet pas de protéger les élèves ». Il ne pouvait pas faire ce qu’il souhaitait pour protéger ses élèves.

Suite à l’accident de l’un de ses élèves en dehors de l’école, Manon explique : « je me sentais responsable et coupable du fait que l’Éducation Nationale, dont je fais partie, ne leur propose rien ». C’est elle qui a dû gérer la situation, sans aucune aide. Pourtant, elle en a demandé, en vain.

Faire face à l’abandon

Tous les professeurs des écoles de ce documentaire ont eu le sentiment d’être abandonnés par l’Éducation Nationale. À commencer par Lucie qui avait toujours envie d’enseigner après son burn-out mais dont les demandes (changer d’établissement et de niveau) n’ont pas été accordées. Elle déclare : « on demande toujours plus aux enseignants mais sans mettre de moyens à notre disposition pour les mettre en place ». Anthony sourit en rappelant que l’Éducation Nationale, qui est le premier employeur de France, n’a pas de service des Ressources Humaines.

Les professeurs de L’École est finie ont souvent appelé à l’aide l’Éducation Nationale pour dire qu’ils allaient mal ou qu’ils étaient face à un problème, mais cela n’a jamais été pris au sérieux ou est resté sans réponse.

Lucie, qui a changé de vie, et travaille désormais dans un atelier, estime avoir ENFIN la reconnaissance qu’elle mérite. Elle aime toujours le métier d’enseignante et pense qu’elle serait toujours face à une classe si elle avait eu « le coup de boost » dont elle avait besoin.

Photo documentaire L’École est finie © Keren Production

Suite à un arrêt maladie de 6 mois, Manon a demandé à changer d’école mais à rester dans le département de la Seine-Saint-Denis pour ne pas abandonner ses élèves. Elle est toujours passionnée par son métier, mais essaye de ne pas trop s’impliquer quand un élève lui parle de ses problèmes.

« J’ai changé pour faire ce que j’ai toujours rêvé de faire », déclare Anthony. Il est devenu enseignant spécialisé psychopédagogue en dehors de l’Éducation Nationale. « J’ai un gros regret : si je le faisais dans l’Éducation Nationale c’était pour l’offrir à tout le monde et gratuitement. J’ai démissionné du plus beau métier du monde », poursuit-il avant de conclure : « je ne réponds pas aux vrais besoins des vraies personnes qui n’ont pas accès aux ressources pour se faire accompagner ».

Émilie, qui a fait un burn-out, revient sur l’omerta sur les suicides et les burn-out dans l’Éducation Nationale. Il est souvent demandé de ne pas en parler ou de ne pas évoquer le mal-être de certains collègues. En larmes, elle déclare : « je ne veux plus appartenir à ce système qui banalise et qui fait croire que ça va bien alors qu’en fait on est en train de bousiller des humains qui s’occupent d’autres humains ».

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Tandis que les vacances scolaires vont bientôt débuter, il est important de rappeler que les professeurs jouent un rôle essentiel dans la vie des enfants. Plusieurs enseignants rappellent qu’ils sont, au même titre que les soignants, considérés comme des piliers de la société. Il faut donc leur apporter toute la reconnaissance qu’ils méritent.

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Pauline Garnier