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Pyrénées-Orientales : inquiétude pour l’économie de la montagne

Pyrénées-Orientales : inquiétude pour l'économie de la montagne

Article mis à jour le 21 décembre 2023 à 10:32

C’est lors d’une soirée organisée dans le tout nouveau Campus Mailly par le Club de l’Eco de l’Indépendant que se sont réunis les principaux acteurs de la montagne catalane. Entre recherche d’un nouveau modèle économique, manque de marque commune et besoins incessants d’investissements, les acteurs de la montagne étaient venus dialoguer autour de l’économie des cimes des Pyrénées Orientales.

La France dans le top 3 des destinations mondiales du ski

La France a vendu sur la saison 2016-2017, 51,1 millions de journées skieurs, en recul de 1,5%. L’Autriche, elle, augmente de 4% ses ventes se hissant à la deuxième place derrière les Etats Unis et leurs 54,7 millions de journées vendues. Grâce notamment à la neige de culture selon Jérôme Meunier directeur de la station Les Angles.

Les Pyrénées ont comptabilisé 4,571 millions de journées sur la même période, dont 24% dans le département des Pyrénées Orientales. Le massif pyrénéen a compté en 2016, pas moins de 5,9 millions de nuitées liées à la montagne. En moyenne les séjours durent 5 jours et se font en majorité en février et mars. Le département des Pyrénées Orientales est la 2ème destination préférée des Pyrénées (39%) derrière les Hautes Pyrénées. L’étude SOFRES Suivi de la Demande Touristique de 2017, indique que la majorité de la clientèle qui fréquente les Pyrénées réside dans le Sud-Ouest, Ouest et Sud-Méditerranéen.

En 2016, le chiffre d’affaire des remontées mécaniques des Pyrénées était de 103 millions d’euros, en baisse de 4,3% par rapport à la moyenne des 4 saisons précédentes. Selon l’estimation qui veut que pour 1 € dépensé en remontée 6 € sont injectés dans l’économie, ce sont pas moins de 721 millions d’euros générés par l’activité touristique de montagne dans les territoires des Pyrénées.

20% des 6 millions d’habitants d’Occitanie vivent en territoire de montagne

Aurélie Maillols, vice présidente en charge de la montagne et de la ruralité au sein de la région Occitanie Pyrénées Méditerranée a rappelé quelques chiffres concernant la place de la montagne dans la grande région. Elle est également revenue sur le tout nouveau Parlement de la Montagne, dont l’objectif est de devenir « un lieu d’échanges et de propositions, pour que les politiques régionales soient adaptés aux besoins de chacun » rappelait Carole Delga.

  • 55% de la superficie régionale
  • 20% de la population soit 1,13 Millions d’habitants
  • 47% des communes, soit 2153 au total,
  • 12 départements sur 13 (tous sauf le Gers) sont concernés et 3 sont intégralement situés en montagne (Aveyron, Lot et Lozère)

Le Maire des Angles, Michel Poudade de rajouter qu’au niveau départemental, l’économie de la montagne représentait 1 000 emplois directs et 5 000 indirects dont les 2/3 sont situés dans les stations.

Une marque commune pour sortir de l’image un peu réductrice de station familiale

Monsieur Planes, propriétaire de l’Hotel Planes à Saillagouse depuis 123 ans : « Les communes sont un peu divisées. La force pour nous, serait de fédérer tout le monde et de vendre une destination. Une marque comme le fait la Région avec « Sud de France » mais les guerres de clochers sont vivaces ». Michel Poudade de rebondir : « aujourd’hui se sont des guerres d’intérêts, les guerres de clochers s’estompent. Mais il est certain qu’il faut mutualiser en prenant l’exemple de l’Andorre » qui a su commercialiser l’ensemble de ses stations sous une même marque ».

Le maire des Angles qui est aussi président de l’association Les Neiges Catalanes qui propose un forfait unique pour 7 stations, rappelle que le principe de l’association ne permet pas d’aller au-delà de la mutualisation du forfait. Pour faire un site internet qui regroupe l’ensemble des stations et des activités comme celui de « Nouvelles Pyrénées », il faudrait faire évoluer la structure de l’association. C’est le représentant de la Caisse des Dépôts et Consignations présent lors de ce débat qui a rappelé la praticité de ce site où le client peut en quelques clics acheter son séjour tout compris.

Coupe du monde de Free Style 2017 © Office du tourisme de Font Romeu

Pierre Dechonne, Pyrénées Méditerranée Développement insistait quant à lui sur la place de l’image sur les stations du département. « Il faut se défaire de cette image de station familiale pour attirer une nouvelle clientèle ». Pierre Dechone organise Perpignan Urban Ski, ce samedi 16 décembre, faisant ainsi descendre la montagne au cœur de la ville de Perpignan. Ce spécialiste de l’événementiel a tenu à rappeler que cette année  encore, Font Romeu accueillait une étape de la coupe du monde de Free Style du 19 au 23 décembre. Les meilleurs athlètes mondiaux se défieront sur le snowpark. Des événements de cette envergure sont d’excellents moyens de rajeunir l’image des stations catalanes, grâce entre autres aux concurrents qui sont des stars sur les réseaux sociaux, précisait Pierre Dechone.

Aurélie Maillols d’emboîter le pas sur ce sujet : « Il faut changer cette image de la montagne et montrer ce côté fun. Même si on sait accueillir les familles, il ne faut pas se limiter à ce segment de clientèle ». Elle prenait l’exemple du soutien de la région aux saisons culturelles « car il faut pouvoir occuper les visiteurs après leur journée de ski et voir une pièce de théâtre à la montagne est un plus pour la clientèle »

Investissement trop lourds pour les communes trop endettées

Sur l’ensemble des Pyrénées se sont pas moins de 30,309 millions d’euros qui ont été investis en équipement, dont le plus fort ratio (53%) est affecté aux remontées mécaniques. le Maire des Angles insiste sur l’investissement porté, jusque là, quasi exclusivement par les communes qui sont désormais très endettées. Il prend l’exemple des Angles (540 habitants) qui cumule un encours de 30 millions d’euros, les établissements financiers « nous disent que nous avons largement dépassé les ratios acceptables ! ».

D’autant que pour chaque saison, ce sont environ 700.000 euros d’investissements nouveaux qui sont nécessaires rajoute en substance Michel Poudade. D’où la nécessité de trouver de nouveaux partenariats y compris dans les acteurs privés. Mais aussi l’importance de travailler sur de nouveaux modèles économiques pour faire vivre la montagne sur les 4 saisons rappelle la vice-présidente de la région déléguée à la montagne.

Les stations des Pyrénées Orientales qui ferment – Un espoir pour Puyvalador

Après la station du Puigmal fermée depuis 5 ans, c’est celle de Puyvalador qui n’a pas pu ouvrir pour la saison 2017/2018. Roderick Egal, président de l’association qui a lancé le financement participatif « Sauvons Puyvalador », espère néanmoins une ouverture pour les vacances de février 2018 grâce au succès du financement participatif en cours. « Le syndrome d’une saison morte rendrait plus difficile un redémarrage. Si vous disparaissez une saison complète, c’est très difficile de revenir. Si, après le Puigmal, Puyvalador tombe qui sera le prochain ? Mais c’est surtout quelle perspective s’offre pour ces territoires de moyenne montagne ? ». La station du Puigmal a est fermée par l’arrêté préfectoral du 1er juillet 2013 mettant « fin aux compétences du syndicat du Puigmal ». Un arrêté qui constatait l’impossibilité pour la station de poursuivre son exploitation. En cause, une dette trop importante liée au remplacement d’un télésiège, investissement conséquent qui aurait dû se rentabiliser avec les saisons, malheureusement les deux saisons qui ont suivi n’ont pas eu un enneigement suffisant. La station pourrait réouvrir grâce à l’implication de plusieurs acteurs économiques.

Pour Puyvalador, une poignée de passionnés a choisi de lancer un financement participatif pour sauver la nation du Capcir. « Une station à dimension humaine, qui offre les plus beaux panoramas et champs de neige de la région (1700-2400 m). Confrontée comme bien d’autres aux mutations du tourisme et du climat, victime d’un modèle économique précaire, la station est aujourd’hui menacée de fermeture. Nous avons décidé non seulement de la sauver, mais aussi d’inventer la montagne du futur, celle que nous voulons pouvoir aimer et partager. Avec un projet de territoire global, participatif, durable et innovant » précise l’équipe dont Roderick Egal fait partie. Objectif : « Créer pour 2018 la première station coopérative d’Europe, résolument 4 saisons, une ambition portée par une  Société  Coopérative d’Intérêt  Collectif, la  SCIC du Ginèvre : pour fédérer tous les acteurs autour d’une même vision, à impact social maximal et impact environnemental minimal » 

Manque d’hébergement à la montagne ?

Lors de la retransmission en direct du débat sur les réseaux sociaux, un spectateur est intervenu faisant remarquer le manque d’hôtels sur Font Romeu et questionnant sur la future déviation de la RN116. Monsieur Planes, propriétaire de l’Hotel Planes qui compte 20 salariés à l’année, 27 en saison de préciser :

« Effectivement, il n’y avait que 5 établissements sur la commune, « contre 25 il y 20 ans ! Pourquoi, parce que l’hôtellerie n’est pas rentable, car la saison d’hiver très courte ne permet pas de payer les charges sur le reste de l’année. Là, il y a un grand coup à mettre de la part de nos institutions si elles veulent conserver de l’accueil en hôtellerie. Car les hôtels sont vieillots, pour certains. Ils n’ont pas pu faire les investissements et quand vous avez des hôtels à la vente, personne n’en veut car il faut investir autant en rénovation que le prix de l’achat !

« La RN116, un gros problème pour moi »

Monsieur Planes de l’établissement Planes faisait le récit d’un cas concret sur la saison passée : « Un bus de 53 personnes qui devait skier pendant 2 jours, que j’avais deux jours en pension, la préfecture a fermé, la route à partir de Olette aux plus de 3 tonnes, le bus est resté en bas. Alors que ce sont des bus équipés et quand ils vont dans les Alpes, on les laisse monter et là non, route fermée. Résultat le bus a fait demi-tour et ils sont allés dormir à la Jonqueres ». Insistant sur les infrastructures routières sous-dimensionnées « Il y a 25 ans, quand on faisait Perpignan – Saillagouse, on mettait 1h45, aujourd’hui, on met 1h30. Contrairement à l’autre côté de la frontière, Barcelone – Saillagouse, il y 25 ans, il fallait 4h30, aujourd’hui ce sont seulement 2 heures. On a cet apport de clientèle qui est à 2 heures de route, qui met autant de temps que de venir de Perpignan. Heureusement qu’ils sont là, car  sans eux, la Maison Planes n’existerait plus ».

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Maïté Torres