Article mis à jour le 21 décembre 2023 à 10:38
Créée le 27 octobre 2021 et composée de 5 membres, la mission d’information relative au tourisme de montagne et aux enjeux du changement climatique est conduite par Marie-Noëlle Battistel (SOC, Isère) et Laurence Gayte (LaRem, Pyrénées-Orientales). Cette mission parlementaire vient d’éditer un rapport sur le tourisme de nos montagnes et les conséquences du dérèglement climatique sur nos stations.
Le ski en tête des activités
Les activités de neige, et notamment le ski, sont un réel moteur économique pour les stations de montagne. Elles assurent des répercussions directes et indirectes sur l’activité de ces territoires. 82% du chiffre d’affaires de la montagne est assuré par l’activité « ski ». La saison d’hiver est essentielle pour faire vivre les loueurs et vendeurs de matériel ou les employés dans l’hôtellerie-restauration.
L’été est une période beaucoup plus calme en montagne. Cette saison ne représente que 5% du chiffre d’affaires annuel des exploitants des remontées mécaniques. Au final, les quatre mois d’hiver génèrent l’essentiel des ressources pour l’année entière. Chaque hiver, 10 milliards d’euros sont déposés en station en France et 120.000 emplois dépendent du domaine skiable.
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Enneigement, ressources en eau, biodiversité… des conséquences multiples
Le changement climatique va avoir des conséquences très importantes sur l’activité des stations de montagne. La durée d’enneigement se réduit d’année en année. Mais cela ne s’arrête pas là. Les risques naturels sont plus importants, les ressources en eau diminuent, la biodiversité est menacée. Par conséquent, les activités humaines en montagne vont se modifier.
Si tous les territoires de montagne sont concernés par les conséquences du réchauffement climatique, ils ne le sont pas tous de la même façon. La situation va dépendre de l’altitude, de l’exposition, des facteurs géologiques… Une analyse au cas par cas de chaque station des effets du changement climatique devra être effectuée. Celle-ci permettra de définir le modèle économique à adopter.
De nouvelles pratiques touristiques à envisager
Les conséquences du changement climatique associées à la conscience écologique font évoluer les attentes du public. Les touristes s’intéressent davantage à des activités plus respectueuses de l’environnement comme l’agrotourisme ou le « slow tourisme ». Il est donc essentiel de diversifier l’offre touristique. La crise sanitaire a également fait changer les choses. Les Français ont ressenti le besoin de renouer avec la nature.
D’après le rapport du GIEC intitulé L’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique, publié en 2019, « Les atouts touristiques, récréatifs et culturels des régions de haute montagne seront affectés négativement par les changements à venir dans la cryosphère ».
Selon le rapport, il faut adapter chaque territoire de montagne au changement climatique et réduire la dépendance économique des stations à la saison d’hiver. En effet, chaque territoire est soumis à des contraintes spécifiques. Toutefois, le ski reste l’activité phare qui permet d’attirer les touristes à la montagne. Une fois sur place, ils peuvent découvrir d’autres activités, comme le ski de randonnée ou la raquette.
En revanche, cette diversification du tourisme de montagne ne doit pas avoir des effets contre-productifs. Pour Marie-Noëlle Battistel et Laurence Gayte, il est primordial d’installer des équipements adaptables, réversibles et évolutifs. Pour elles, le développement doit se faire dans une logique de complémentarité entre les communes de montagne situées à proximité immédiate.
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Focus – Comment convaincre avec cette nouvelle offre touristique ?
En montagne, la fréquentation touristique augmente durant l’hiver, en particulier sur les pistes de ski. Et cela peut créer des conflits d’usage avec les habitants et les acteurs de l’économie locale. Ces conflits ont de lourdes conséquences puisqu’ils peuvent nuire à la qualité de l’expérience vécue par le touriste.
Pour Marie-Noëlle Battistel et Laurence Gayte, il faut développer les outils de gestion de la fréquentation. Les solutions proposées doivent reposer sur l’incitation et la communication. Le contrôle des accès ne doit être utilisé qu’en dernier recours.
Par ailleurs, le développement des pratiques touristiques non encadrées en montagne augmente les risques de conflits d’usage. Des mesures préventives pourraient réduire le nombre d’incidents ou de dégradations involontaires. Pour les députées, une politique de communication sur les bons comportements à adopter doit être développée. La présence des médiateurs doit être renforcée. Ils sont là pour sensibiliser les usagers, sans les contraindre. Enfin, Marie-Noëlle Battistel et Laurence Gayte militent pour encourager les voyages scolaires en montagne. C’est une façon de sensibiliser les plus jeunes à la montagne.
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