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Intelligence artificielle : Quel impact sur le monde de l’information ?

Intelligence artificielle : Quel impact sur le monde de l'information ?

Article mis à jour le 12 avril 2024 à 15:02

L’arrivée de Sora à la mi-février, dernière intelligence artificielle générative d’OpenAI (qui produit ChatGPT), a fait l’effet d’une bombe. Le Net a été envahi de ces courtes vidéos bluffantes entièrement générées grâce à des prompts. Si la fascination prévaut, impossible d’occulter les risques grandissant en matière de désinformation. Autant de fake news contre lesquelles l’éducation aux médias peut aider à se prémunir.

Un chiot tout mignon qui s’ébroue dans la neige, une vue aérienne de falaises sur lesquelles se fracassent l’écume blanche des vagues agitées ou encore ce panorama de Lagos au Nigeria, entre marchés et gratte-ciel imposants. Les vidéos sont réalistes, précises et auraient pu être tournées au drone ou au smartphone… Il s’agit en fait d’images créées de toutes pièces par Sora, la dernière née du géant de l’intelligence artificielle OpenAI, qui a aussi ChatGPT et Dall-e.

Le secteur du cinéma impacté par l’arrivée d’une nouvelle intelligence artificielle

Pour l’instant, Sora n’est utilisable que par une poignée de personnes mais sa présentation a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. L’arrivée d’une IA capable de générer des films aussi réalistes à partir d’une simple demande écrite (ce qu’on appelle un prompt) soulève excitation et inquiétudes fondées. Son arrivée prochaine entre les mains de tous pourrait en tout cas bouleverser la manière de réaliser des vidéos, voire même impacter le secteur du cinéma, qui pourrait y trouver un moyen de réaliser des séquences à moindres coûts.

Comment ça marche ? Pas question ici de prétendre vous expliquer de façon exhaustive le fonctionnement de cette nouvelle IA, mais plutôt de vous en donner un aperçu concret. Comme toute IA générative, Sora s’enrichit en données (ici des milliers et milliers d’heures de vidéos) qu’elle emmagasine, qu’elle « apprend », ou plutôt qu’elle prédit de mieux en mieux au fur et à mesure de ses analyses.

Lorsqu’un prompt lui est adressé, Sora se sert de toutes les images qu’elle a scrutées pour proposer le rendu le plus fidèle à la demande de l’utilisateur (ce qui pose bien entendu d’importantes questions de droits d’auteur). Et ce qui a beaucoup impressionné avec cette nouvelle IA, c’est le réalisme des rendus, tant sur l’image que le mouvement. Sora est capable d’apprendre les lois de la physique pour anticiper les enchainements des séquences vidéo qu’on lui demande de générer. Voilà pour le mode d’emploi ! Alors que les articles fleurissent sur l’impact que pourrait avoir Sora sur l’industrie du cinéma ou de la réalisation, quid de l’information ?

L’intelligence artificielle, une opportunité pour le journalisme ?

Le monde du journalisme n’a pas attendu Sora pour mêler intelligences artificielles génératives et fabrications de l’information. En septembre 2023, la très sérieuse London School of Economics a publié une étude sur les liens entre journalisme et IA génératives. Près de 73% des organes de presse interrogés pensent que ChatGPT ou d’autres IA offrent des opportunités aux journalistes. 60% des professionnels ont cependant exprimé des inquiétudes quant aux enjeux éthiques et de transparence qu’implique l’utilisation d’une IA générative dans les salles de rédaction.

Le sujet fait donc débat au sein de la profession. Certains ont décidé de faire de l’intelligence artificielle un argument de vente. C’est le cas de la start-up américaine Channel 1 AI qui a inauguré son premier JT présenté par des avatars d’intelligences artificielles il y a quelques mois. L’entreprise assure en revanche que les reportages réalisés sont eux bien réels. Voilà qui entretient encore un peu plus la confusion des genres.

Entre réalité et fiction : Comment repérer le vrai du faux ?

Qu’en est-il du côté de ceux qui manipulent l’information ? L’arrivée de Sora replace la question des deep fake au centre des discussions. À l’origine, un deep fake est une fausse vidéo qui superpose l’image d’une personne (souvent une personnalité publique connue) avec les propos d’un autre individu. Les deep fake existent déjà depuis plusieurs années, mais l’amélioration des IA génératives permet maintenant d’en produire de plus en plus réalistes. Récemment, c’est la chanteuse Taylor Swift qui en a fait les frais. La tête de la star américaine s’est retrouvée dans une fausse vidéo pornographique qui a fait le tour de la toile.

Et il n’y a pas que les films. Certaines images générées par une IA ont été détournées pour servir de fake news et là encore, enflammer la toile. On pense en particulier au travail d’un photographe qui avait créé avec une IA une série de photos mettant en scène des personnes âgées manifestant contre l’âge de départ à la retraite et étant victime des forces de l’ordre. Les IA génératives sèment donc un peu plus le trouble entre les faits et les fantasmes, entre la réalité et la fiction. Alors comment repérer le vrai du faux, l’artificiel du réel ?

Développer son esprit critique, un atout pour limiter le risque de désinformation

Aucune législation n’exige encore de marquer les contenus générés avec l’intelligence artificielle. Il n’existe pas non plus encore de technique infaillible pour savoir si un contenu provient ou non d’une IA, même si les géants du secteur promettent de travailler dessus et que quelques plateformes ont émergé. Alors en attendant, comment ne pas se faire avoir ? Face à une photo réaliste et crédible, mais qui sème le doute, on peut d’abord tenter d’utiliser les outils de recherche par image inversée, comme Tineye. S’il ne nous aide pas à savoir si l’IA y est pour quelque chose dans cette image, il nous aidera à retrouver le site où elle est apparue la première fois.

Observez bien la photo, dans les moindres détails. Les images générées avec l’IA présentent souvent des défauts visibles, parfois au niveau des mains par exemple, ou des contours des personnes. Ensuite, les bons vieux réflexes d’esprit critique restent imparables. Avoir une consommation active et méthodique de l’information peut nous aider à ne pas nous laisser submerger. D’abord identifier la source qui partage le contenu. Est-ce un média sérieux, un influenceur, une marque, une entreprise privée ? Qui dit source, dit identification de l’objectif : me vendre quelque chose (un produit, mais aussi un certain point de vue), dénigrer quelqu’un, ou bien m’informer.

Sur les réseaux sociaux, rester en alerte sur les contenus qui suscitent de fortes émotions en nous (colère, dégoût, tristesse), et prendre du recul avant d’agir (partager ou commenter). On pourra aussi aller vérifier ce qui est dit auprès d’autres utilisateurs ou sites d’information grâce à une recherche. Garder de la méthode dans notre approche de l’information est important face aux IA, d’autant plus que ces dernières présentent des biais importants. Elles sont à l’image des données qui les font grandir et donc présentent une certaine vision du monde.

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Alice Fabre