Article mis à jour le 17 décembre 2021 à 12:10
Le train des primeurs nouvelle mouture était à quai ce jeudi 21 octobre. Les 12 wagons repeints en blanc attendaient leur chargement de mandarines et de citrons à destination du marché de Rungis. Vendredi 22 octobre, c’est le premier Ministre, Jean Castex en personne qui sifflera le départ du train des primeurs. Ils sont nombreux à se féliciter de ce redémarrage, au premier rang desquels la CGT. Mais les plus cyniques évoquent déjà une « victoire amère ». Voire « un train de campagne » plutôt qu’une réelle volonté de réduire l’empreinte carbone des primeurs destinés au marché de Rungis.
♦ La CGT ne boude pas son plaisir
Ce jeudi, sur le quai de la gare, et face aux wagons repeints d’un blanc immaculé, les odeurs de paella se mêlaient au parfum de la victoire. Julien Barthélemy, (CGT66) ne boudait pas son plaisir.
Le représentant local de la CGT rappelait qu’à l’origine de la mobilisation, les cheminots du fret ont joué un rôle de lanceur d’alerte. Alors, oui, chacun se félicite de la formidable mobilisation de tous. Une mobilisation qui a permis le retour du train des primeurs. Pour Laurent Brun, le fret, a subi une vraie casse sociale depuis les 20 dernières années.
Alors, oui, le secrétaire général de la CGT-cheminots, lui aussi, se félicite de cette grande victoire.
Philippe Martinez, secrétaire général CGT, se disait également enthousiaste par ce redémarrage, mais se montrait vigilant quant à sa pérennité. Philippe Martinez réclamait également un grand plan d’investissement dans le ferroviaire. La vigilance reste de mise, car avec seulement 12 wagons vont rouler ce 22 octobre ; soit l’équivalent de 18 camions. Le compte n’y est pas pour assurer la pérennité de la ligne au-delà du contrat signé. Pour rappel, lors de son arrêt en 2019, le train des primeurs comptait 25 wagons.
♦ Les producteurs locaux restent à quai
Ce vendredi 22 octobre, le train des premiers va s’ébranler sur les rails du quai de Saint-Charles sous l’œil des officiels et de la presse. Ce train devrait faire la rotation entre Perpignan et le marché Rungis 5 fois par semaine. Départ à 16 h 30 pour une arrivée à 3 h 15 sur la plateforme du Val-de-Marne. Un train qui transportera de Perpignan à Rungis, de mi-octobre à mi-juillet, des fruits et des légumes importés par le marché international Saint-Charles.
Les producteurs locaux ne prendront pas place à bord. Pourquoi ? Parce qu’à ce jour, un seul opérateur a contractualisé son activité avec la SNCF. Une situation qui a irrité la fédération des transporteurs routiers. Et qui l’a fait savoir via un communiqué. « Ce train ne laisse pour l’instant pas de possibilités d’utilisation pour plusieurs opérateurs, et se met en place sans aucune concertation avec les transporteurs intéressés et acteurs du développement durable ».
Pour Hermeline Malherbe, présidente du Conseil Départemental, ce « demi-train est un coup de pub qui s’arrête au moment même où nos producteurs en ont besoin ». Pour Jean-Luc Gibelin, élu en charge des transports à la Région, des questions se posent sur le fait que la production locale ne soit pas du voyage. « Nous allons continuer à faire pression pour que la production du département et plus largement de la région puisse prendre ce train ».
♦ Transport combiné ou train des primeurs ? Les deux mon capitaine
Pour les non-spécialistes de la question, le transport combiné consiste à prendre un container pour le poser sur un train qui pourra le porter, lui et beaucoup d’autres, d’un point A à un point B. Cette méthode suppose que les biens transportés arrivent déjà à bord d’un container, réfrigéré ou non. L’avantage du combiné ? Pas besoin de logistique, de déchargement de camion ou de chargement à bord d’un train.
Une solution moins coûteuse en moyens humains et complètement adaptée à la grande distribution nous précise Laurent Brun. « Les trains qui transportent les containers ne peuvent pas rouler à la vitesse d’un train traditionnel. Ils n’arrivent pas à temps au marché Rungis. Par contre, cela n’est pas un problème pour les alimenter les entrepôts de la grande distribution« . Alors que le marché de Rungis alimente des restaurateurs et les grossistes en produits frais, hors grande surface.
Pour Hermeline Malherbe ou Jean-Luc Gibelin, il ne faut pas opposer le transport combiné et le train des primeurs. Pour les élus, si seulement 25% des camions qui transportent des fruits et légumes de Perpignan vers la Région Parisienne ou le Nord prenaient le train, cela permettrait de pérenniser la liaison ferroviaire. Autant en combiné que sur le train des primeurs.
♦ Retour sur l’arrêt du train des primeurs
Depuis l’abandon de l’avant-dernière rotation quotidienne, le syndicat n’a cessé d’alerter les acteurs du dossier sur la fin annoncée de cette ligne ferroviaire. Depuis 2019, et l’arrêt complet du train, 2 ministres des transports ont hérité du dossier. En septembre 2019, Stéphane Derlincourt, l’un des directeurs de Fret SNCF, avait dû faire face à la colère des cheminots. À l’époque point de subvention envisagée. Et plusieurs problématiques évoquées. Des wagons frigorifiques en bout de course, trop cher à réparer, et une absence de rentabilité. Le train des primeurs défrayait régulièrement la chronique. Durant des mois le train des primeurs montrait la distorsion entre les actes et les discours du gouvernement porté par Édouard Philippe. Point d’orgue de cette affaire ? Le voyage à vide en 2019 du Perpignan-Rungis ; censé justifier la volonté de la précédente Ministre des transports Élisabeth Borne.
Lors de la nomination de l’ancien maire de Prades à Matignon, le discours semblait plus volontariste. En juillet 2020, Jean Castex se disait « profondément meurtri » par « une situation peu compréhensible par nos concitoyens. Avec tous ces camions sur les routes, on choisit de fermer un mode de transport écologique… ». En décembre 2020, l’État lançait un appel à projet spécifique pour l’axe Perpignan-Rungis a fait l’objet d’un appel à projets spécifique en décembre 2020«. Et en septembre 2021, un grand plan de relance d’investissement dans le ferroviaire.
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