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Entre terre et mer : L’empreinte indélébile d’Aristide Maillol à Banyuls-sur-Mer

Musée, statues en centre-ville, circuit retraçant les lieux mythiques de sa vie ; les évocations d’Aristide Maillol ne manquent pas à Banyuls-sur-Mer. Mais qui est donc ce sculpteur à la renommée mondiale et pourquoi son héritage est-il si important ?

Oubliez Auguste Rodin ou Alberto Giacometti, Aristide Maillol est le sculpteur phare des Pyrénées-Orientales. Son histoire est intimement liée à celle de Banyuls-sur-Mer, ville balnéaire de la côte Vermeille où est né l’artiste. Les évocations à son œuvre sont légion ; et la commune expose au regard de tous, pas moins de sept œuvres du sculpteur. Certaines font partie de ses plus emblématiques. L’œuvre intitulée « Monument aux morts pacifiste »est visible derrière la Mairie; la « Jeune fille allongée », le long des Allées Maillol et l’« Île de France sans bras » sur l’esplanade.

« Les trois nymphes de la prairie », dernière œuvre à avoir pris place à Banyuls, se trouve sur la place du Puig-del-Mas. Ce bronze mettant en scène trois femmes dansant la sardane fut inauguré en juin 2023. Sculptée nue, cette œuvre est représentative du travail de l’artiste autour du corps de la femme. « Elle représente l’allégorie de l’unification et de la réunion. Et Maillol aimait sculpter pour des œuvres en front de mer et là, toutes ces œuvres mises devant la mer, c’est magnifique », s’exclamait Olivier Capell, l’adjoint au maire en charge de la Culture, lors de l’inauguration de l’œuvre.

La ville a également organisé un circuit autour de « la maison rose », lieu de vie de Maillol. Cette initiative, nommée « Dans les pas d’Aristide Maillol », invite le visiteur à plonger dans les lieux qui ont marqué la vie de l’artiste à travers 15 étapes au cœur du quartier du Cap d’Osna.

Un musée au milieu des vignes et des oliviers

Aristide Maillol réalisait la plupart de ses œuvres dans son atelier, nommé la « métairie », situé au cœur des vignes de Banyuls. Ce lieu, devenu musée est ouvert au public. En 1964, vingt ans après sa mort, selon ses propres souhaits, la dépouille de l’artiste y fut déplacée. Il repose à présent sous son emblématique sculpture « La Méditerranée » réalisée en 1905. Dina Vierny fut la modèle de Maillol. Durant toute sa vie, cette dernière lutta pour préserver la maison de l’artiste transformée en musée. Aujourd’hui la fondation qui gère le lieu rend hommage à Dina Vierny en portant son nom.

Le lieu d’exposition est aussi l’occasion de montrer au grand public des œuvres plus intimes du sculpteur emblématique. Au-delà des bronzes et autres sculptures ; les tableaux, dessins, et tapisseries rappellent la palette artistique d’Aristide Maillol. Ces œuvres marquent la transition de l’artiste vers d’autres formes de créations (dessin, tapisserie…).

Aristide Maillol, un homme admiré et controversé

Bien que fortement attaché et lié à la ville de Banyuls, c’est en montant à Paris et aux Beaux-Arts que Maillol lance sa carrière. Sa rencontre avec Auguste Rodin et d’Harry Kessler lui permettra de financer une partie de ses projets. Dès 1905, Maillol devient, avec son œuvre « Méditerranée » présentée au Salon d’Automne de Paris, une figure emblématique de l’art français. Cette soudaine notoriété conduira les collectionneurs à commander de nombreuses œuvres auprès de l’artiste en vogue.

Derrière ce succès, les liens de Maillol avec Arno Breker surnommé « le sculpteur du Reich » et sa participation à l’exposition parisienne sous l’occupation, suscitent de nombreuses critiques. L’accueil d’une dizaine de soldats allemands à l’atelier de Banyuls-sur-Mer fut également fort décrié par ses contemporains. Lors d’une exposition de l’artiste au musée d’Orsay, les responsables ont qualifié de « regrettable » cet épisode de sa vie qui a « entaché durablement sa réputation ». Une partie de sa vie, souvent occultée, lorsque la carrière de l’artiste est évoquée. Maillol décrivait lui-même ses œuvres comme apolitiques. Et justifie sa relation avec les Allemands comme un moyen de défendre sa modèle Dina, résistante engagée. Cette dernière aidait notamment dans l’organisation des passages clandestins vers l’Espagne.

Retour aux sources d’Aristide Maillol et rencontre avec Dina Vierny

Dès 1939, Maillol retrouve sa terre natale et sa passion de jeunesse : la peinture et le dessin. L’artiste n’a jamais totalement oublié Banyuls-sur-mer et ses vignes en terrasse. En 1895, il y a fait ouvrir un atelier de tapisserie et revenait s’y ressourcer chaque hiver. C’est aussi à la fin du 19e siècle qu’il rencontre Dina Vierny. Il semble avoir trouvé, à ce moment-là, la personne qu’il décrivait 30 ans plus tôt, en 1907 :« Quand j’aurai trouvé le modèle qui me va tout à fait, je resterai dessus quatre ou cinq ans, à faire une statue. C’est comme ça qu’on fait de belles choses, c’est comme ça qu’ont fait les Grecs. »

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Florian Salvat