Article mis à jour le 29 mars 2021 à 17:20
Pierre d’angle de cet entretien, Jérôme Capdevielle a mis l’accent sur « la capacité des Français à aider, à être solidaires et à se serrer les coudes dans ces moments de crise » ; tout en ayant le regard tourné vers le futur. Pour l’après-crise, le syndicat revendique notamment une revalorisation salariale des dits « petits métiers »…. Interview.
♦ Comment se déroule le dialogue social au niveau des Pyrénées-Orientales ?
Dans le contexte actuel, une instance de dialogue social départemental fait cruellement défaut. Les salariés dépourvus d’instances représentatives du personnel n’ont pas de possibilités pour faire remonter leurs problématiques. Bien souvent issus de Très Petites Entreprises, ces salariés ont le droit d’être défendus et soutenus. Nous porterons dans ce département cette revendication. Les structures interprofessionnelles que sont les Unions Départementales doivent pouvoir représenter au plus près ces salariés qui ne sont pas des salariés de seconde zone.
♦ « Globalement, ça se passe bien, les employeurs ont eu une très bonne réaction »
Il y a quelques endroits où la mise en œuvre des mesures de protections a été compliquée. Mais dans l’ensemble, il y a eu une bonne prise de conscience de ces mesures de protection des salariés. Nous sommes dans un contexte très anxiogène ; à la fois sur le volet sanitaire mais aussi sur le volet économique et social. Nos équipes ont été sur le pont pour adapter l’outil de travail, mettre en protection les salariés, tout en ayant l’exigence de préserver l’activité.
Pour ce que l’on appelle « les petits métiers », ces boulots mal payés, mal considérés, ils font aujourd’hui preuve d’héroïsme. Ils montrent l’exemple et ils ont le sens de leur mission.
Ce sont des gens qui ont une utilité indéniable dans la société. Ils prennent aujourd’hui la lumière, parce que sont les seuls qui continuent à faire le taf sur le terrain. Nous souhaitons qu’il y ait une réelle reconnaissance salariale pour ces milliers de caissiers, livreurs, aides ménagères ou éboueurs qui continuent à faire leur travail. Leur sort doit être revalorisé, parce qu’ils sont indispensables à la société. Ce qui se passe aujourd’hui doit nous servir de leçon.
♦ La France était-elle préparée ?
Je ne veux pas polémiquer dans la période, et je n’ai pas envie de polémiquer. Aujourd’hui, nous nous attachons à assurer pour maintenir tout cela à flot, et essayer de limiter la casse ; on réglera les comptes après. Il faudra faire un bilan de comment se sont passées les choses, les choses positives comme les moins positives. Mais concrètement sur le volet santé, je pense qu’il y aura un avant et un après.
Je pense aux soignants, au personnel de santé. Ils s’arrachent pour obtenir des masques, pour obtenir du matériel de protection qu’ils finissent par obtenir. Et nous-même travaillons pour obtenir des compléments de dotation. Tout le monde est sur le pont pour rattraper ce malheureux retard. La France n’était pas préparée ! Mais pourquoi ? Ce n’est pas faute d’avoir averti sur les dangers de l’austérité et la réduction des moyens alloués. On se rend compte aujourd’hui que les choix faits vont finir par coûter des vies.
♦ « De l’importance de préserver notre modèle social »
Je voudrais vraiment insister sur un élément. Aujourd’hui, au regard de la crise sanitaire, il y a quelque chose de positif. Malgré le fait que ce soit anxiogène pour la santé des uns et des autres, malgré les difficultés liées à l’austérité, nous avons, grâce à la résistance des syndicats, réussi à préserver un certain nombre de choses dans ce pays.
- La gestion paritaire qui permet encore de préserver les salariés d’un certain nombre d’aléas ; avec notamment le placement en chômage partiel,
- Mais aussi la gestion paritaire de l’assurance maladie. Qui permet aujourd’hui aux salariés de bénéficier d’arrêts de travail pour garder des enfants de moins de 16 ans.
Ce sont les salariés et les employeurs qui gèrent de manière paritaire ces organismes sociaux, l’assurance maladie, le pôle emploi… Tous ces dispositifs sont des amortisseurs sociaux. Cela a souvent été décrié, parce que considéré comme hasbeen ! Alors que non, c’est d’une grande modernité ! Notre pacte républicain social répond à cette crise sanitaire inédite. Contrairement à d’autres pays qui ont fait d’autres choix ; je pense notamment aux États-Unis…
♦ Moment choisi de l’interview de Jérôme Capdevielle
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