Article mis à jour le 28 janvier 2024 à 09:13
L’association Beau Bruit et le média participatif Résonances – Le Conflent à nos oreilles présentent jusqu’à samedi soir à Prades une exposition sonore et visuelle autour de Gibraltar, anciens bâtiments industriels laissés en friche à proximité de la grande zone commerciale de la commune.
Le fruit d’un travail de plusieurs mois réalisé entre autres par des collégiens et des lycéens, mais aussi par des bénévoles de l’association qui ont recueilli la parole de riverains du site.
« C’est un lieu devant lequel on passe, emblématique de Prades, une trace du passé industriel de la commune » évoque Étienne Noiseau réalisateur sonore et fondateur de l’association Beau Bruit.
Gibraltar. Un nom qui évoque l’ailleurs, un imposant rocher anglais habité de macaques de Barbarie sur les terres brûlantes du sud de l’Espagne, un célèbre détroit. Ce n’est pourtant pas de ce Gibraltar-là dont il est question dans cette exposition, mais bien de celui de Prades. Cette ancienne usine métallurgique visible entre le canal et la zone commerciale pradéenne, qui tire son nom de l’imposante falaise toute proche, qui évoque le fameux rocher.
« Un mystère entoure cet endroit, ça a donné envie de s’y intéresser » poursuit Étienne. Quand il a appris que la mairie avait le projet de construire une route pour faciliter l’accès au plan d’eau, il a sauté sur l’occasion. « On s’est dit que c’était le bon moment pour documenter ce lieu, avant de possibles changements. » L’exposition visible jusqu’à samedi soir salle Gelcen brosse donc l’histoire du site, s’intéressant à son présent (ceux qui vivent autour, ceux qui y travaillent) mais aussi à son possible futur.
D’abord il y a l’image, avec les photos réalisées par quatorze élèves de 4ème du collège Gustave Violet de Prades.
Ils ont été accompagnés par le photographe Rizak Bradaïa, habitué à capter avec son objectif les espaces industriels et dont l’œuvre est empreinte de géométrie. « On a travaillé au reflex sur trois journées, avec plusieurs allers-retours entre le site et la salle de classe. »
Puis il y a le son, avec ce documentaire réalisé par une classe de 1ère option histoire de l’art du lycée Charles Renouvier de Prades, guidée par Étienne. Les élèves ont fait un travail de recherche pour imaginer ce que pourrait concrètement devenir cette friche, témoin du passé métallurgique de la commune. Ils dressent ainsi un portrait architectural de la zone, avant de se projeter dans un Gibraltar réhabilité et rénové, inspirés par ce qui s’est déjà fait ailleurs et la transformation d’autres sites industriels en lieu d’exposition artistique (comme les Abattoirs de Toulouse). Le résultat est étonnant de précision.
Dans une deuxième station d’écoute, les visiteurs peuvent entendre cinq podcasts réalisés cette fois par des bénévoles du média participatif associé à Beau Bruit, Résonances – Le Conflent à nos oreilles. On y retrouve les témoignages de riverains de Gibraltar, certains inquiets de ce projet de nouvelle route, mais aussi d’artisans qui travaillent sur la zone.
Et puis pour matérialiser toutes ces paroles et ces images, il y a les cartes et les plans établis par l’architecte Mélanie Fistarol, qui a aussi organisé plusieurs balades urbaines sur le site : « C’est bien d’avoir une photographie de ce lieu. Ça a permis de le faire découvrir. Certaines personnes m’ont dit qu’elles n’étaient jamais passées par là. »
En plus d’être une présentation de diverses productions artistiques et documentaires mettant en lumière une zone industrielle désaffectée chargée d’histoire, cette exposition donne à entendre plusieurs voix.
« Une mosaïque de points de vue qui se font écho entre eux, qui entrent en résonance » selon Étienne Noiseau. Toutes ces voix et ces images dressent ainsi en creux le portrait d’un collectif éclectique, celui des habitants de Prades, jeunes, moins jeunes, travailleurs, retraités, passionnés de radio, de cartes ou de photo. La possibilité leur est ainsi donnée de soigner le lien qui les unit à leur ville en (re)découvrant cette zone de Gibraltar, en se plongeant dans son histoire, en rêvant à ce qu’elle pourrait être.
Parmi les visiteurs en ce jour de vernissage, une élue de la mairie de Prades, ravie de cette initiative, mais un peu circonspecte par rapport aux rêves de certains : « les idées c’est super, mais ce qui manque c’est l’argent pour les réaliser ». Qui sait, peut-être que cette exposition aura suscité la vocation de quelques uns à se mobiliser pour réhabiliter cette zone désormais mieux connue de Gibraltar.
Le Voyage à Gibraltar – Exposition visuelle et sonore
Salle Gelcen, rue de la Basse à Prades
Jeudi-vendredi 17h-20h. samedi 10h-13h, 17h-20h. Entrée libre