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Ferme ingénieuse à Perpignan : Toute une mécanique au service d’une production vertueuse

Sur les hauteurs de Perpignan, Yannick Cazal a installé « La Cazaly » en 2023. Cet ancien assureur a décidé de revenir à la terre. Et sur 5 000 m2, il pratique désormais maraîchage, élevage de poules et arboriculture. L’essentiel pour ce Perpignanais originaire de la Réunion : mettre en place un cercle vertueux entre ces trois pratiques agricoles. Reportage à « La Cazaly ».

Cet article a été écrit dans par Alexis Robert, accompagnés par La ligue de l’enseignement 66. « Perpignan Stories » est un projet initié par Made In Perpignan en septembre 2025. Depuis, neuf jeunes ont découvert les rouages du journalisme dans notre rédaction. Ils et elles ont réalisé le reportage de leur choix, à l’écrit et en vidéo.

Grâce au soutien de Journalismfund Europe, Made in Perpignan met en avant les histoires qui inspirent ces jeunes souvent éloignés de l’information et peu représentés dans les médias.

En cette journée d’hiver, le vent balaie le plateau sur les hauteurs de Perpignan. Une météo qui n’empêche pas la cinquantaine de poules de Yannick de gratter le sol à la recherche de nourriture. Elles sont dehors depuis la levée du jour grâce à un système solaire ingénieux. « Elles ont le loisir de sortir, de rentrer grâce à des trappes semi-automatiques qui s’ouvrent à 7h du matin quand le soleil se lève et qui se referment à 19h quand il fait nuit pour éviter que les prédateurs puissent rentrer dans le poulailler », explique Yannick. L’agriculteur tente de monter toute une mécanique vertueuse sur l’ensemble de son exploitation.

Un cercle vertueux aux 50 poules pondeuses 

Il n’est pas peu fier de nous présenter son poulailler et les avancées technologiques qui favorisent le bien-être des poules. Yannick présente le projet pilote. « Mes poulaillers, c’est de la récupération de terrasses, de planchers de terrasses réformées. Ca coûte normalement aux alentours de 20 000 euros, moi, il m’a coûté 6 000 euros maximum. Ça fait plaisir de se dire que ça, ça aurait dû partir à la poubelle et que j’en ai fait un poulailler hyper fonctionnel avec, au niveau du bien-être animal, des normes au top. »

Un point crucial pour Yannick, ses poules sont libres de leur mouvement. Yannick récupère les œufs à l’extérieur des poulaillers. « Je gagne du temps, de l’efficacité et les laisse tranquille. Les poules sont moins stressées », explique-t-il alors même qu’il récupère un œuf. « Il vient d’être pondu. Il est tout chaud ! » L’agriculteur promet aussi une belle retraite à ses poules. « Une fois réformées, elles iront dans les zones de maraîchage. Elles gratteront la terre et nettoieront la zone. On va s’entraider les uns les autres. »

« Une ligne d’arbres, deux lignes de maraîchages » : tout un écosystème au service des cultures

Des poules mobilisées sur 5 000 mètres carrés de maraîchage. Yannick applique le système de l’agroforesterie « une ligne d’arbres, deux lignes de maraîchages ».  Avant d’être La Cazaly, le terrain de Yannick était recouvert de vignes. Une culture que le maraîcher a dû arracher, débarrasser de ces pics et fils de fer et assainir après l’usage de pesticides. Lui a fait le choix de l’agriculture biologique. « J’utilise du compost et des déchets verts. » Il se repose aussi sur l’ensemble de la biodiversité qui l’entoure. En plus des poules, Yannick s’appuie sur les « auxiliaires ». Acariens qui luttent contre les ravageurs, pollinisateurs au printemps, vers de terre qui fertilisent les sols. Pour les accueillir, il est en train de construire une haie toute autour de la zone de maraîchage.

« C’est de l’or pour nous. Ce sont des haies brises vents, brises vues, et nourricières. L’eau qui s’écoule va aussi s’arrêter à leur niveau et être récupérée. »

Après trois ans de sécheresse dans les Pyrénées-Orientales, la moindre goutte d’eau est à économiser pour le maraîcher. « Récupérer l’eau de pluie, la canaliser, la garder là où on veut qu’elle soit. » Pour cela, Yannick arrose son sol minutieusement, « goutte à goutte ». Il a aussi étudié la terre qui permettra au mieux de retenir l’eau. « Mon paillage c’est le compost, explique-t-il. Il permet à l’eau de rentrer dans le sol qui reste humide sur trois centimètres. »

Une véritable « ingénierie » qui pourrait devenir autonome

Au fil de ses expérimentations, Yannick tente de recréer un écosystème complet. « Une ingénierie. La permaculture et le biomimétisme demandent beaucoup de travail en amont, mais une fois que c’est en place on a plus rien à faire », remarque-t-il. L’agriculteur construit aussi une « interdépendance énergétique. » Un groupe électrogène en cas de souci, des panneaux solaires, de l’eau potable, tout est sur place pour fonctionner de manière autonome.

Mais même s’il espère voir la charge de travail réduire au fil des récoltes, Yannick construit déjà d’autres projets. Il veut développer l’aspect pédagogique de sa ferme. « Cette année, pour le plantage des haies, on travaille avec Enfants et Paysages. On fait venir une classe d’école pour nous aider. De quoi rapprocher un peu plus la « Cazaly » de son nom, inspiré de la « Case », la maison en réunionnais.

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