Article mis à jour le 24 octobre 2023 à 17:13
Le dimanche 29 octobre, la mini-série Blur is better de la réalisatrice Meryl Estragnat sera diffusée dans le cadre de la première édition du festival Hütopi.
Dans un monde où les pixels se multiplient par millions, la vidéaste a souhaité prendre le contre-pied avec un travail sur le flou. La série Blur is Better compile cinq capsules de 30 secondes, format devenu la norme à la faveur d’Instagram et autre TikTok. Échange avec Meryl Estragnat, metteuse en scène du Pays catalan et au-delà. Photo extraite du Mood 4 Blur is Better : Love Yourself II © Meryl Estragnat.
Pourquoi mettre en scène ces cinq moods* ?
«Je me suis lancé un challenge, celui d’essayer de faire ressentir une émotion en très peu de temps. J’ai voulu m’en tenir au standard du temps de cerveau disponible imposé par les plateformes. En 30 secondes, j’ai tenté d’installer un univers duquel on est éjecté très rapidement, ce qui crée une grande frustration. Certes en 30 secondes, il est possible de ressentir une émotion, mais cela reste de la nourriture pour Instagram. Cela ne laisse pas assez de temps pour expliciter quelles sont les valeurs d’une entité.»
Meryl Estragnat a aussi réalisé une vidéo intitulée «le supplément d’âme». «Dès que j’ai eu mes premiers clients, je leur ai dit que je voulais mettre de l’art dans leur film. Et même s’ils voulaient quelque chose de très standardisé, ils ont fini par accepter ma vision artistique. Et aujourd’hui, on me donne carte blanche sur ces projets.»
Cette fois en bien plus de 30 secondes, le document met en image le supplément d’âme des artisans, ceux qui ont choisi de mettre du sens dans ce qu’ils produisent. Les moods de Méryl ont été tournés en grande partie à Canet, Millas ou dans les montagnes franco-espagnoles. Méryl avait également réalisé la vidéo de la commune de Fourques destinée à recruter un médecin.
Plusieurs projets de longs-métrages pour Méryl Estragnat
Au-delà des courts métrages, Meryl Estragnat se lance dans le long métrage. Sélectionné au dernier festival Valence scénario, «C’est pas nous les diables» devrait être réalisé dans les Pyrénées-Orientales. Le long-métrage en cours de signature aura pour décors les montagnes des Albères et les routes de La Jonquera. Sans oublier le troisième pan de la carrière de Méryl, «en ce moment, je travaille aussi sur un court métrage totalement artistique. Un film qui sera diffusé dans les festivals ou les galeries et qui questionne sur les plaintes des femmes victimes de violence de genre classées sans suite.»
Les trois journées d’une réalisatrice
Malgré un secteur ultra-concurrentiel, Méryl Estragnat a la chance de pouvoir vivre de son métier artistique. Elle est l’une des associées d’une société de production qui travaille entre autres sur des films promotionnels pour les institutionnels, mairies et autres chambres de commerce.
«Cela s’appelle les trois journées. J’ai beaucoup de chance parce que je travaille très bien dans ma boîte de production. Quand je finis ma journée de travail, commence ma seconde journée, où je peux me consacrer à l’écriture de mes scénarios comme «C’est pas nous les diables» . Et là, je peux y passer beaucoup de temps, mais ce n’est pas grave car pour ce genre d’exercice, il y a besoin de temps pour prendre du recul. Et enfin, de temps en temps, je m’offre le luxe de prendre quelques jours pour quelques projets personnels. Je suis un peu comme un sportif, je crois que quand je filme mon cerveau produit l’hormone qui me rend heureuse ; alors je n’ai pas l’impression de travailler.»
*Mood est le mot anglais pour humeur.
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