Article mis à jour le 8 septembre 2022 à 15:25
Jean Jouzel, ancien vice-président du GIEC¹ était à Tautavel pour évoquer les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique. À la fin du siècle, l’élévation de la température pourrait atteindre 4 ou 5 degrés. Malgré le succès de la COP21 et l’accord de Paris signé par quasiment tous les pays, les moyens ne sont pas suffisants pour atteindre l’objectif fixé, (+2 degrés de réchauffement). Le Professeur de Lumley a fait visiter au climatologue la Caune de l’Arago dont la période couverte est la même que le co-recipiendaire du prix Nobel avec Al Gore² a étudié sous les glaces polaires.
Jean Jouzel a eu l’amabilité de répondre à quelques questions après la visite de la Caune de l’Arago.
♦ Quelques chiffres
Les relevés sont formels « il s’agit du 14ème mois consécutif de hausse des températures sur la planète », la plus longue période de hausse continue depuis 137 ans et le début des relevés de température en 1880. « Les trois dernières années sont des années records avec un réchauffement très marqué. On est sur un rythme de 1/10 de degrés par an alors que le rythme normal est plutôt de 1/100ème de degré par an ! » précise le spécialiste du climat. Des chiffres révélés par l’agence américaine NOAA³ sont clairs, « il y a vraiment un réchauffement et cela ne s’est pas arrêté en 10 ans ! ».
♦ 4 degrés de plus à la fin du siècle, les conséquences ? Guerres, sécheresses, disparition de la moitié de la faune et la flore…
Le scientifique est catégorique en continuant sur ce rythme là nous prendrons entre 4 et 5 degrés supplémentaires sur le globe. Interrogé sur les conséquences, « vous savez les changements climatiques ont déjà eu des conséquences. Les politologues parlent de la série de sécheresses au moyen-orient de 2007-2010 qui a conduit 1 million de personnes des campagnes syriennes vers Damas. Ils expliquent que c’est un des facteur de la crise actuelle. Avec un réchauffement, la productivité agricole baissera et dans un monde ou il aura plus de bouches à nourrir… ».
Pour la bio-diversité, le tableau est également très alarmant, le 5ème rapport du GIEC, parle de « la moitié des espèces de la faune et de la flore qui serait affectée par le changement climatique, la vitesse de déplacement du climat serait supérieure à leur capacité d’adaptation, en clair le changement climatique serait trop rapide pour qu’elles puissent s’adapter et elles disparaîtraient ». Certains chercheurs parlent déjà d’une sixième extinction, hypothèse, toutefois qui a ce jour ne fait pas consensus parmi la communauté scientifique.
♦ La COP21 ?
La COP21 a été un succès de part l’engagement pris par la quasi totalité des pays du monde, mais « malheureusement ces engagements ne sont pas en phase avec les objectifs. Pour le moment on est plus à 3,5° à long terme. Depuis 20 ans, le protocole de Kyoto n’a pas été mené à son terme, l’accord de Copenhague n’avait aucune ambition, ce n’est pas l’accord de Paris qui est un échec c’est surtout le fait qu’on ne peut pas revenir en arrière. Il est trop tard à chaque fois !«
♦ Toute le monde peut agir ?
« Plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre en France sont du ressort de la décision individuelle quotidienne ». Jean Jouzel rappelle le rôle primordial des collectivités, et de l’État particulièrement au niveau des transports ou de l’amélioration de l’habitat qui, avec l’alimentation, constituent les causes principales d’émission de gaz à effet de serre. Il insiste également sur le rôle du système éducatif « qui doit œuvrer à la sensibilitation, pour s’approprier ce problème et le porter. Ça n’a pas toujours été le cas depuis une vingtaine d’année car le climatoseptiscisme était aussi de mise chez certains enseignants ».
♦ Un prix Nobel de la paix, et après ?
Le prix Nobel reçu par le GIEC et Al Gore en 2007 a « contribué à nous donner une certaine crédibilité. Depuis les 16 dernières conférences sur le climat, on se rend bien compte que c’est bien le rapport du GIEC qui sert de livre de chevet aux négociateurs. La décision de lutter contre le réchauffement est une décision éminemment politique au sens noble du terme ». Nul doute que l’énergie et la pugnacité de Jean Jouzel auront également beaucoup contribué à faire prendre conscience au plus grand nombre que le réchauffement climatique est un sujet primordial.
¹GIEC : Groupement Intergouvernemental d’Experts sur l’Évolution du Climat
²Al Gore, ancien vice président des États-unis d’Amérique sous l’administration Clinton et qui reçu le prix Nobel de la paix avec Jean Jouzel représentant le GIEC. Ils furent primer pour leur investissement dans la lutte contre le dérèglement climatique. Une action mise en image dans le documentaire qui reçu un franc succès « Une vérité qui dérange ».
³NOAA : National Océanic and Atmosféric Administration