Article mis à jour le 6 juin 2023 à 09:46
Notre journaliste Alice Fabre chronique depuis plusieurs mois la résidence de journaliste qu’elle effectue auprès de huit classes au sein de l’école Pasteur-Lamartine de Perpignan avec sa collègue Barbara Gorrand, avec qui elle a fondé l’association Mediaclic. Cette semaine, c’est le moment tant attendu !
Les élèves partent en classe verte ou en semaine d’activités scolaires, et doivent réaliser des cartes postales sonores pour leur famille. Deux groupes se sont rendus aux Parcs animaliers des Angles et à celui de Casteil pour la journée. Et les choses ne se sont pas exactement passées comme prévu…
Avec Barbara, on avait tout le déroulé en tête. Les parcs allaient grouiller de visiteurs, de soigneurs, de personnes que les enfants pourraient interviewer. Les animaux seraient bruyants, et on allait récupérer plein de super sons d’ambiances. Et puis on avait préparé des textes à compléter pour que ça soit plus simple sur place et que les élèves n’aient plus qu’à lire le lancement (quelques phrases de présentations de leur carte postale) au micro.
C’était sans compter plusieurs facteurs qui sont venus nous rappeler qu’enfants ou pas, la réalité du terrain est toujours différente, et qu’un bon journaliste sait s’adapter
D’abord, la météo. On sait que ce mardi 23 mai a été une journée ensoleillée et chaude à Perpignan, et bien tant mieux pour vous ! Aux Angles et à Casteil, c’était le mois de mars : 10 degrés, et une pluie battante (super pour la sécheresse, moins bon pour le matériel). Aussi ai-je gardé les enregistreurs dans mon sac à dos, car entre la boue, le froid, l’humidité, je craignais un accident. En particulier au moment du pique-nique. Alors que j’avais distribué les quatre enregistreurs à différents petits groupes pour qu’ils enregistrent du son, voilà qu’il se met à grêler. À GRÊLER ! Vite on replie tout et on s’abrite sous les arbres, tant pis pour le son du paquet de chips qui s’ouvre, on s’en occupera plus tard. Je me maudis d’avoir oublié mon large parapluie. Autant vous dire que je n’ai même pas essayé de sortir les textes à lire.
Puis les animaux. On avait dit aux gamins qu’avec un peu de chance, ils pourraient enregistrer certains de leurs cris… Mais de chance nous n’en aurons pas vraiment eu, puisque le seul animal ayant poussé un cri strident, la marmotte, l’a fait alors que l’enregistreur était éteint. Nassim a eu beau tendre son petit bras pendant de longues minutes ensuite avec le matériel, à l’affût du moindre bruit, il n’a pas eu plus de chances. Je lui ai expliqué que c’était le genre de frustration qu’on connaissait bien en radio, par exemple quand la personne qu’on vient d’interviewer nous dit une super phrase au moment où on a tout rangé.
Et surtout les interviews ! Dans le parc, personne à qui poser des questions… alors on s’est adapté
Les élèves s’interviewent entre eux, et devant chaque enclos, sangliers, loups, isards, daims, bisons, ours… ils se relaient pour me décrire au micro – en vrais petits reporters qu’ils sont – où ils se trouvent et ce qu’ils voient. Les journalistes peuvent être soulagés, la relève est assurée! Et puis, on a quand même eu quelques gens chouettes au micro: à Casteil, Barbara est allée chercher le personnel du parc pour qu’ils échangent avec les enfants, et le résultat est génial. Et aux Angles, heureusement qu’Alex l’animalier (merci à lui) a pu consacrer quelques minutes à la fin de la visite à trois de nos petits journalistes, très curieux et aux questions très pertinentes. Il a même imité le cri du lynx, donc on a fini par l’avoir ce bruit d’animal.
Les élèves se sont bien adaptés à toutes ces contraintes. Même s’ils étaient fascinés par les animaux, nombreux sont ceux à être venus me voir spontanément pour «enregistrer le bruit des oiseaux », « le bruit des pas », «interviewer la maîtresse sur ce qu’elle a mangé au pique-nique» (spoiler, c’était pas très bon…), ou me proposer d’autres idées. De nos séances avec eux, il reste quelque chose, et ça me rassure beaucoup. Et puis marcher sous la pluie, en fait, c’était pas si mal. Ça m’a remis les idées en place, car ça ne m’était pas arrivé depuis bien trop longtemps. Aux enfants, ça nous a donné l’occasion de leur répéter que ça fait partie de la vie, que c’est même anormal qu’on ne connaisse pas plus ce temps. L’occasion de leur faire travailler la patience, le fait de prendre sur soi, que toute difficulté finit par passer.
De retour au centre de vacances au Puigmal tenu par un Isidore consciencieux, il flottait comme un air de colonie de vacances, entre le chocolat chaud (bienvenu !), les jeux bruyants et les gamins hilares. Ça m’a donné envie de faire un vrai documentaire radio sur les classes vertes tiens, toute cette ambiance. En attendant, la semaine s’annonce prometteuse en termes de cartes postales sonores, entre la boum de jeudi soir, la journée accrobranche et la randonnée aux Bouillouses. J’ai passé le bébé à Christelle, la maîtresse de Ce2-Cm1, j’ai hâte d’entendre le résultat.