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Sur le départ, Pierre Viard raconte ses six années dans la robe du président du tribunal de Perpignan

Interview exclusive du futur-ex président du tribunal de Perpignan : En 2025, Pierre Viard est nommé à Toulouse

Président du tribunal de Perpignan depuis janvier 2019, Pierre Viard est officiellement nommé président du tribunal judiciaire de Toulouse. Interview exclusive.

C’est désormais officiel, le décret de nomination est paru le 16 décembre 2024. Déjà dans les cartons en partance pour l’une des onze juridictions les plus importantes de France, celui qui a passé plus de six ans à la tête de la juridiction nous reçoit dans son bureau. Bilan, moyens humains, et matériels, spécificités du territoire des Pyrénées-Orientales, accessibilité de la Justice pour les citoyens, Pierre Viard a répondu à toutes nos questions.

Quel bilan pour Pierre Viard à Perpignan ?

Depuis son arrivée à la tête de la juridiction, le tribunal n’a jamais tant ouvert ses portes au grand public. Et le succès des Nocturnes du palais démontre que le public était demandeur pour comprendre le fonctionnement de leur justice.

« Mon idée était de faire en sorte que les habitants du département appréhendent mieux leurs droits. Et la question des violences faites aux femmes est aussi liée. Pour libérer leur parole, il fallait faire passer le message que le droit est là. Avec le parquet, nous accompagnons les victimes de violences intrafamiliales, et en parallèle nous avons essayé de développer la connaissance de chacun de ses droits. C’est pour cela que j’ai voulu la montée en puissance du Conseil départemental d’accès au droit des Pyrénées-Orientales (CDAD). Et que j’ai œuvré pour que les Points justice soient accolés aux maisons France Service déployées par la préfecture. » Dans les Pyrénées-Orientales, on dénombre 33 maisons France service, ces lieux qui regroupent l’ensemble des services publics accessibles aux citoyens.

RENTREE SOLENNELLE SEPTEMBRE 2023 Pierre Viard

« Enfin, je suis aussi très fier d’avoir obtenu la réouverture du Point d’accès au droit du centre pénitentiaire de Perpignan [un Point justice dédié au système carcéral, accessible à tous, détenus ou non, ndlr]. Il était fermé depuis de très nombreuses années. Je pense qu’il est important de permettre à tous de connaître ses droits. Et de pouvoir les exercer dans les meilleures conditions possibles. Mais bien évidemment tout cela ne se fait pas en claquant des doigts, il a fallu fédérer tous les acteurs du droit. »

Pyrénées-Orientales : Un territoire aux défis multiples pour la justice

Pour Pierre Viard, le territoire se singularise par son côté « écartelé ». « Vous avez d’un côté, un département de province très éloigné de Paris ; et de l’autre il subit le flux important de l’autoroute A9, et les problématiques liées aux deux frontières. » Le président de comparer la démographie du département avec des territoires similaires, mais avec une délinquance et un nombre d’affaires qui le situe au niveau des juridictions plus importantes ; telles que celles de la Haute-Garonne ou des Bouches-du-Rhône.

« Ce décalage entre l’aspect plaque tournante de tous les trafics et une démographie moyenne est assez marquant. Et au final est très difficile à absorber en termes de gestion de dossiers. »

Ressources humaines, difficultés, budget, où en est la justice à Perpignan ?

Obtenus après de longs mois voire des années de vaches maigres, le tribunal de Perpignan s’est enfin vu doter de moyens humains supplémentaires en 2023. Et l’arrivée de ces « sucres rapides » comme les a qualifiés l’ancien ministre de la Justice, Mr Dupond-Moretti en 2020, a aidé dans le traitement des dossiers.

« À Perpignan, nous sommes sous-dotés en magistrats. Malgré le plan de remise à niveau prévu par le ministère, on est très loin du compte. Il nous faudrait une chambre entière de plus au pénal, idem au civil », déplore le magistrat du siège. En clair, a minima, il manque six juges à Perpignan et autant de greffiers.

Pierre Viard - Président du Tribunal de Perpignan

Malgré les difficultés, les effectifs supplémentaires ont vraiment permis au niveau de la justice des mineurs, une meilleure prise en charge. « Ce n’est pas simplement de dire, les juges veulent gérer moins de dossiers. Non ! C’est surtout que quand on a trop de dossiers, on travaille de manière dégradée. Et il est impossible de prendre le temps pour mettre en place des partenariats qui font la différence pour les familles. »

Au-delà des juges en moins, le futur président de Toulouse précise également qu’il manque de magistrats en capacité de remplacer les effectifs indisponibles. Sans oublier la surenchère législative qui complexifie les procédures et rallonge encore le traitement des affaires. Malgré la promesse des ministres qui en appellent à une simplification, selon Pierre Viard, « le législateur n’a toujours pas compris qu’il fallait stabiliser les choses.

C’est bien beau de nous affecter X magistrats supplémentaires. Mais j’ai identifié au moins deux ou trois réformes et des tâches supplémentaires qui vont avec. Au final, nos nouveaux collègues seront affectés à ces nouvelles missions. Et ne pourront pas améliorer immédiatement le service rendu au justiciable. En clair, ces effectifs ne nous permettront pas de faire mieux, mais juste de rester au même niveau qu’aujourd’hui ! »

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