Article mis à jour le 15 février 2022 à 15:39
Natif de Gérone, le réalisateur Isaki Lacuesta sonde à travers son film « Un año, una noche » (un an, une nuit) les séquelles psychologiques d’un couple de survivants de l’attentat du Bataclan à Paris. Présenté ce lundi 14 février en compétition officielle à la Berlinale, le film commence quelques minutes après l’intrusion des terroristes au concert du groupe Eagles of Death Metal la nuit du 13 novembre 2015. Le long-métrage suit l’évolution des protagonistes au cours d’une année ; tout en revenant avec des flashbacks sur les moments vécus à l’intérieur de la salle. Un film dans lequel, selon Isaki Lacuesta, « nous pouvons tous nous reconnaître dans les protagonistes qui tentent de récupérer et de retrouver leur vitalité ».
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♦ Le racisme, le sentiment de haine ou le déni des faits
Autant de sentiments que le réalisateur de Gérone tente de transmettre au spectateur à partir de témoignages de survivants ; notamment ceux d’un Espagnol, Ramón Gonzalez, présent ce tragique soir dans le public avec sa compagne Céline, et auteur du livre Paz, amor y death metal en 2018. Et c’est précisément le couple de Ramón González qui est incarné sur grand écran par Nahuel Pérez Biscayart (révélé dans 120 battements par minute) et Noémie Merlant (Portrait de la jeune fille en feu).
En interview, le réalisateur de Gérone confie l’intention première du film : le sentiment que ce que tout le monde sait sur les attentats ne correspond pas toujours à la réalité de ceux qui les ont subis. « Nous n’avions jamais entendu parler des détails et des expériences de cette nuit et de l’année suivante ». En ce sens, le cinéaste juge « admirable » le besoin qu’éprouvent les deux protagonistes de retrouver « l’intensité vitale ». « Ils avaient besoin de réapprendre à aimer, chanter, baiser et écrire et ils ne voulaient pas abandonner », ajoute-t-il.
Cependant, contrairement au livre, le film adopte les deux points de vue ; celui de Céline et celui de Ramon. Deux manières différentes « d’aborder l’expérience de l’attentat ». « Il décide de changer de vie, même si selon les normes sociales, il a eu une vie réussie. Et elle décide de ne le dire à personne afin de ne pas être traitée comme une survivante. Elle comprend que tout changement dans sa vie est une victoire pour les terroristes. » souligne le réalisateur espagnol.
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♦ La peur de ses propres sentiments
Le réalisateur de « Un año, una noche » admet qu’il ne voulait éviter aucun des sentiments des protagonistes des événements. Isaki Lacuesta souhaitait par exemple dépeindre la peur ressentie par certains survivants à l’idée d’avoir des pensées racistes. « Ils parlaient de ce sentiment, celui de penser que soi-même on n’est pas raciste ; mais que, après une telle attaque, on ait eu des sentiments racistes. C’est une peur terrible de réaliser qu’il y a quelque chose à l’intérieur de vous qui fait que vous n’êtes pas la personne que vous voulez être ».
Par conséquent, l’équipe du film a eu recours à des entretiens avec des professionnels et des spécialistes pour aborder la question afin de la porter sur grand écran de manière « délicate ».
Isaki Lacuesta a voulu apporter au public un film « plein de lumière » ; alternant les moments de douleur avec ceux de « couleur ». « Nous voulions explorer toute la montagne russe des émotions », conclut-il, tout en reconnaissant que le film marque un changement dans sa filmographie.
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