Article mis à jour le 21 décembre 2022 à 11:58
Le tribunal a rendu sa décision, crèche ou Pessebre, la scène de la nativité devra quitter le patio de l’hôtel de ville de Perpignan sous 24heures. Le tribunal administratif a assorti sa peine d’une astreinte de 100 euros par jour de retard. De son côté, le maire entame un bras de fer, et déclare vouloir conserver sa crèche jusqu’au 2 janvier.
La Ligue des droits de l’homme, à l’origine du référé, accusait la mairie de Perpignan de violer la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État. Du côté de la mairie, Louis Aliot s’est mué en défenseur de la catalanité pour défendre la tradition des Pessebres.
Sur ses réseaux sociaux, Louis Aliot déclare vouloir maintenir sa crèche jusqu’au 2 janvier
Louis Aliot qui s’affiche dans cette affaire en défenseur de la tradition catalane, mais surtout catholique, reçoit le soutien d’élus et d’anciens élus de droite qui souhaitent venir «défendre les traditions».
Des commentaires incitent la mairie à placer une tire-lire à côté de la crèche. «Tout le monde est révolté mais ne fait rien !
La population sera ravie de mettre de l’argent dans une tirelire qui serait placée à côté de la crèche, pour payer l’astreinte. Ce sera une première manifestation pour montrer que nous sommes contre cette décision». Malgré l’exception culturelle mise en avant par le maire lors du dernier conseil municipal, le tribunal a décidé d’appliquer la même sanction qu’à Béziers. Robert Ménard a dû sortir la crèche installée dans sa mairie.
Le Pessebre est bien une tradition oui, mais pas son installation à la mairie
Selon Sophie Mazas, avocate de la Ligue des droits de l’Homme, le tribunal est clair, il n’y a pas de tradition de Pessebres dans les sièges des collectivités territoriales. « Il y a une tradition du Pessebre à la Cathédrale, mais pas à la mairie ! » Sophie Mazas de citer un exemple où cette tradition existe. «Je connais des villages* où le presbytère a été désacralisé, il a été racheté par la mairie qui y a installé le siège de l’hôtel de ville. Imaginons que depuis des siècles, ce presbytère accueille la crèche de la nativité.
Dans ce cas bien particulier, on peut effectivement parler de tradition. Ou alors comme Laurent Wauquiez au siège de la Région Auvergne. Il a fait une crèche de santons de 30 M2 et Joseph, Marie et l’enfant Jésus étaient perdus dans cette mise en scène. Dans ce cas, la nativité n’est pas le centre de la crèche, mais à Perpignan, c’est bien la nativité qui est mise en avant». Alors que la crèche de Béziers avait déjà été amené devant les tribunaux à plusieurs reprises, pour Perpignan, c’est une première.
Selon la mairie d’Amélie-les-bains qui, jusqu’au 8 janvier, donne à voir une exposition de Pessebres catalans à l’Office du tourisme et non à la mairie, « le Pessebre est l’élément le plus caractéristique des Noëls catalans. Si la toute première crèche de l’histoire apparaît au XIIIe siècle, le phénomène ne tarde pas à embraser l’Italie, l’Espagne et le sud de la France mais c’est en Provence et surtout en Catalogne qu’il va trouver une déclinaison vraiment populaire ».
*C’est le cas notamment de la commune de Cauvigny dans l’Oise.