Article mis à jour le 3 juillet 2019 à 19:06
Adidas en nouvel équipementier, des grands travaux, des recrutements, François Rivière avait révélé fin avril sa feuille de route pour 2023. Deux mois et une relégation plus tard, l’entraînement reprend pour l’USAP sur le terrain du Parc des Sports de Perpignan. Une nouvelle saison en ProD2 sur de nouvelles bases, mais dans la continuité du travail initié depuis deux ans par le staff. Avec, entre-temps, un aller-retour en Top 14 qui a marqué les esprits et laissé des cicatrices.
♦ Le traumatisme de la saison passée
Mais les plaies cicatrisent et se referment avec le temps. Tom Ecochard et ses équipiers en ont conscience. « On sait tous intérieurement que l’on a quelque chose à se faire pardonner. Et, en même temps, il faut aussi passer à autre chose pour attaquer avec de l’envie. En oubliant un petit peu la saison de l’année dernière. »
Dans le même état d’esprit revanchard, l’arrière Mathieu Acebes se livre. « La saison précédente a été enrichissante dans plein de domaines. Une saison qui n’a pas compté pour rien. Même si les supporters et le public, à juste titre, ont été déçus. Nous sommes les premiers déçus. La saison précédente est toujours présente dans la tête. Deux ans auparavant, on rêvait de remettre le club en Top 14, jouer dans l’élite. […] Il faut se remettre en question et accepter les reproches. Cela fait partie du métier et du sport de haut niveau en général. »
Et l’entraîneur Patrick Arlettaz de conclure sur le sujet. « Elle ne sera jamais derrière et il ne faut pas qu’elle le soit ! Elle nous a déçus, traumatisés, fatigués, éreintés, tous les qualificatifs que vous voulez. Mais nous avons appris plein de choses. Ce sont des leçons, des leçons qui font mal. Mais rien que le fait de dire « on ne veut plus jamais vivre cela … »
♦ Comme un air de rentrée
Une vraie rentrée des classes qui sent un peu le neuf selon Patrick Arlettaz. « Des fois, il y a des tous petits changements qui bouleversent beaucoup ». Évoquant l’arrivée de Mathieu Defontaine (NDLR préparateur physique), de Gérald Bastide (NDLR entraîneur), mais aussi les nombreux repères déjà en place. « Il fallait un peu de neuf après la saison traumatisante que l’on a vécu. Repartir sur de l’efficace pour être le plus compétitif possible quand la saison va démarrer ».
Et certains joueurs étaient impatients de rechausser les crampons. À l’image du capitaine Tom Ecochard avouant : « les deux premières semaines, on prend du plaisir à se reposer. La troisième, on se re-prépare et la quatrième le rugby nous manque déjà ! Quatre semaines de vacances, c’était parfait ».
Les « vacances » de Mathieu Acebes ont été moins agréables. Opéré d’une pubalgie qui l’handicapait depuis plus d’un an, l’arrière a passé un mois en ré-éducation au centre de Cap Breton. Prêt à en découdre, il ressent pourtant une pression plus importante qu’en top 14.
« Car on va être attendus au tournant. On va être l’équipe à abattre et c’est comme cela. Il faut assumer ce ranking et être prêts. Je ne comprendrai pas qu’avec l’ambition du club et l’effectif, nous passions à côté. Ce n’est pas être prétentieux que de dire cela, mais être réaliste. On dit souvent qu’on joue comme on s’entraîne. Donc, si on s’entraîne très fort, et que tout le monde s’implique dans l’intensité, je pense qu’on sera sur la bonne voie. »
♦ Gérald Bastide, un cadre de la FFR sachant cadrer
Christian Lanta ne tarissait pas d’éloges sur ce cadre de la fédération dès l’annonce de son recrutement en décembre 2018. « C’est un retour aux sources pour Gérald, catalan, ancien joueur de l’USAP (finaliste en 1998). Aujourd’hui cadre technique national auprès de la FFR, responsable pendant plusieurs saisons des équipes de France -18 ans et -20 ans, il a été également responsable de la défense au sein du staff de l’équipe de France ». Un profil qui semble adapté pour combler les lacunes pointées du doigt l’an dernier.
Une figure du rugby français qu’a connu Tom Ecochard lors de ses sélections en moins de 19 et moins de 20 ans. « C’est quelqu’un de très exigeant et très rigoureux. Il amène un cadre notamment dans le secteur défensif où il est très pointu. Il ne comblera pas les manques à lui tout seul. C’est à nous aussi de faire le travail, mais il va nous mettre sur le droit chemin ».
Autre renfort dans le staff, Mathieu Defontaine en qualité de préparateur physique, référant au niveau national (rugby, football, cyclisme), Mathieu Defontaine a déjà participé aux tests physiques de l’USAP en tant qu’intervenant extérieur les saisons précédentes. Il est notamment spécialisé dans la performance physique individuelle à partir d’outils spécifiques d’évaluation.
♦ Objectif les phases finales pour la saison 2019/20
Patrick Arlettaz est très clair : « Se qualifier pour monter ! On connaît les aléas des phases finales pour pouvoir monter. C’est comme le loto ! Si vous ne jouez pas, vous ne gagnez jamais. Si on ne se qualifie pas, on n’aura jamais la chance de monter. On veut donc se qualifier à tout prix, et de la meilleure manière. »
Le nouveau manager sportif reste cependant lucide. Prenant pour exemple Bayonne (monté en Top 14 en étant 3ème sans faire sa demi-finale à la maison) et Castres (champion l’année précédente en étant 6ème). « Les phases finales sont les phases finales. Y’a pas de vérité. Par contre, ce qui est certain, c’est que si vous êtes 7ème, vous ne monterez pas ! »
Et de faire sienne la fable de Lafontaine du lièvre et de la tortue. « Il ne faut pas s’énerver non plus. Nevers à fait la course en tête tout le long. Finalement, à la fin, à deux doigts, ils ne se qualifient pas. Bayonne a pris son temps et ils ont tapé tout le monde à la fin. Oyonnax a eu du mal à l’allumage et, avec Brive, ils finissent dans les 2 premiers. »
♦ Les prochaines semaines ?
Patrick Arlettaz revient sur une des erreurs de préparation de la saison précédente et en tire la leçon suivante. « On s’est beaucoup pressé sur plein de choses, car on avait l’impression être en retard sur le jeu par rapport au Top 14. Finalement, c’est pas le jeu qui nous a fait le plus défaut. »
Un enseignement qui a permis de travailler pendant l’inter-saison pour proposer autre chose. « Vous dire si cela sera plus efficace ou pas, on se donne rendez-vous après le premier bloc pour la préparation. Après 3-4 blocs pour la qualité de l’équipe. Et, à la fin, on verra si on a rempli le contrat. »
Au programme pour les prochaines semaines, place au physique. Trois semaines intenses suivies d’un petit break pour éviter de démarrer la saison à 18 joueurs. Une remise en température qui précédera le stage, l’approche collective et enfin les matches amicaux.
♦ Un effectif à la hauteur des ambitions du club ?
C’est ce que pensent très sincèrement l’encadrement et Patrick Arlettaz. « On a un effectif pour atteindre les objectifs fixés, donc on ne peut pas se planquer. Que ce soit au niveau des joueurs que du staff. » Finissant cette première interview de la saison par une pointe d’humour. « Tabasser tout le monde en mettant 50 points à tous les matches comme certains le croient, je ne suis pas persuadé … mais je signe de suite ! »
En tout cas, un effectif prévu pour monter en puissance dans les semaines à venir. Côté infirmerie, Quentin Walker, Alex Brown, Manu Leiataua sont prévus pour ré-intégrer l’effectif à temps.
Et au niveau des recrues, Thibaud Suchier et Quentin Étienne ont été arrêtés suffisamment tôt par leurs anciens clubs, respectivement Béziers et Oyonnax, pour s’entraîner sous les couleurs de l’USAP dès cette semaine. Et tous les clubs ont visiblement « joué le jeu » et facilité les transferts. Car, même s’il n’a pas joué la finale, Piula Faasalele, en provenance de Toulouse, a effectué sa semaine d’entraînement. Tout comme l’ex-ailier de Bordeaux George Tisley, il rejoindra l’effectif après le délai de repos prévu terminé.
Et pour finir, des jeunes joueurs prometteurs issus du centre de formation perpignanais viendront renforcer l’équipe première à la faveur de leur premier contrat professionnel : Kevin Tougne, Pierre Reynaud, Sadek Deghmache, Pierre Lucas, Quentin Walcker.
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