Article mis à jour le 2 août 2024 à 14:46
Ce 24 août se tenait à la préfecture un énième comité sécheresse. Plusieurs dizaines de manifestants, pour la plupart paysans des Pyrénées-Orientales, dénonçaient l’exclusion de leur syndicat d’un comité chargé de gérer la ressource en eau alors que le territoire vit une sécheresse historique. Selon Luc, maraîcher, Marie-Line ou Virginie éleveuses, «les agriculteurs ont un besoin urgent de solutions alternatives et de sortir des forages à tout va.»
Sous le soleil de plomb, ils étaient peu nombreux devant les grilles claquemurées de la préfecture de Perpignan. Mais malgré leur faible nombre, ces paysans ont donné de la voix et fait sonner les cloches sous les fenêtres où se tenait le comité sécheresse chargé de gérer les besoins en eau selon les usages. Yohann Marcon, secrétaire générale de la préfecture, à la tête de ce comité est venu à la rencontre des manifestants pour réfuter tout arbitrage entre les syndicats agricoles et proposer un rendez-vous aux agriculteurs excédés par les restrictions d’eau.
«Luc nourrit 50 familles et il est en concurrence directe avec la vigne»
Luc Davy est maraîcher à Estagel, il a vu ses droits d’arrosage réduits de moitié depuis la mi-août. «Depuis le début de la saison, je pouvais arroser quatre nuits, désormais nous n’avons de l’eau que deux nuits par semaine. Via l’Amap* de la plaine de l’Agly, je fournis les légumes pour une cinquantaine de familles, et sans eau, il n’y a pas de légumes.»
Selon Valentin Lépineux animateur de la Confédération paysanne 66, agriculteur de cornichons et éleveur de porcs à Néfiach, le point de vue du syndicat qui revendique une soixantaine d’adhérents dans les Pyrénées-Orientales est totalement ignoré par la Chambre d’agriculture. Le communiqué de presse diffusé à l’issue de la manifestation exige que l’ensemble des syndicats soient représentés lors des assises de l’eau, aux comités sécheresses et aux programmes de gouvernance de l’eau. «L’eau est un bien commun, préservons-la, partageons-la.»
Les éleveurs dénoncent un moindre accès à l’eau
Du côté de l’élevage, Romain Garreau est éleveur de porc à Estagel et référent porc auprès de la Confédération Paysanne 66. «Aujourd’hui, je suis autonome en eau car j’ai un forage, mais tout le matin, j’ai peur quand j’ouvre le robinet que l’eau ne coule plus.» Romain élève ses bêtes sur la plaine de l’Agly, territoire classé en alerte maximum sécheresse depuis le 28 avril. «Dans le cas où mon forage s’assèche, j’avais demandé à avoir accès aux potences agricoles, mais on m’a répondu que cette eau était réservée au traitement de la vigne. En cas de tarissement de mon forage, il y a un risque de perte du cheptel. Et je n’ai pas l’impression que cela inquiète les gestionnaires autour de nous. S’il n’y a pas d’eau, il n’y aura pas de bêtes.»
Selon les chiffres de 2017 diffusés par la Chambre d’agriculture, la vigne est la première filière agricole du département avec 2.350 vignerons pour 4.100 exploitations. Les Pyrénées-Orientales comptent 700 arboriculteurs, et 400 maraîchers. La troisième filière agricole, l’élevage, compte 350 exploitations professionnelles. La Confédération Paysanne 66 réclame «la priorité pour l’agriculture vivrière et non exportatrice.»
*Amap, association pour le maintien de l’agriculture paysanne.
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